De vastes horizons s’ouvrent aux industriels tunisiens pour redynamiser le secteur industriel national et prendre leur part à l’industrialisation des autres pays africains qui viennent de placer l’industrialisation de l’Afrique au centre de leurs préoccupations à l’occasion de la tenue, du 20 au 25 novembre, à Niamey la capitale du Niger, du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine sur l’industrialisation et la diversification économique parallèlement à la Session extraordinaire de l’Union africaine sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Le thème général des travaux était, en effet « Industrialiser l’Afrique : un engagement renouvelé pour une industrialisation et une diversification économique inclusive et durable ».
Malgré les nombreux aléas et chocs auxquels la Tunisie avait été exposée durant la période 2011/2021, elle a su préserver et accroître ses acquis industriels, se plaçant en quatrième position sur le continent africain en matière d’indice d’industrialisation, selon un rapport établi, en marge des deux sommets africains signalés, par la Banque africaine de développement sur l’évolution de l’industrialisation de l’Afrique au cours de la période indiquée et couvrant 52 pays africains.
Comme il se doit, la première place est revenue à l’Afrique du Sud, suivie en deuxième position par le Maroc, tandis que la troisième place est allée à l’Egypte.
Pour la BAD, en effet, la création de valeur ajoutée par le biais de l’industrie manufacturière est plus importante que la taille de l’économie.
A cet égard, le rapport de la Banque africaine de développement estime, justement, que les pays les plus performants ne sont pas nécessairement ceux dont l’économie est la plus importante, mais ceux qui génèrent la plus forte valeur ajoutée manufacturière par habitant, avec une proportion importante de produits manufacturés destinés à l’exportation.
Atouts tunisiens
Or, la Tunisie répond à ce critère et vient de lancer une stratégie industrielle à l’orée 2030 tendant à assurer les conditions pour le développement de secteurs à haute valeur ajoutée comme l’automobile dans le cadre d’une économie moderne tournée vers le savoir.
La part du secteur manufacturier dans le PIB atteint plus de 20%, en Tunisie, dont 20% sont générés par les industries agroalimentaires.
En matière de revalorisation industrielle, une charte a été signée par les secteurs public et privé dans le domaine de l’automobile et doit permettre la création de 60 mille emplois d’ici 2027.
Cette charte va porter la valeur totale des exportations tunisiennes de 7 à 14 milliards de dinars. Elle vise également d’améliorer la compétitivité de l’industrie des composants et pièces automobiles en Tunisie et d’attirer plus d’investisseurs dans les secteurs des véhicules électriques et des voitures intelligentes.
A titre indicatif, En Tunisie, le secteur des composants automobiles compte plus de 280 entreprises industrielles, dont 140 à participation étrangères et 65% totalement exportatrices, représentant près de 90000 emplois.
Dans le même esprit, les rapports de la Banque Centrale de Tunisie ont confirmé une bonne progression du secteur manufacturier tunisien en 2021. Un rapport publié en mars 2022 a constaté un redressement de l’activité économique légèrement supérieur aux projections initiales, soit 3,1% (contre 2,9% attendu) pour toute l’année 2021 contre -8,7% une année auparavant, ajoutant que cette évolution porte la marque de la reprise de l’activité des services marchands et de la bonne performance des secteurs manufacturier et non manufacturier.
Par contre, plusieurs rapports de presse récents ont signalé un recul du secteur manufacturier en Europe (la Zone euro notamment), ainsi qu’au Maroc.
Politiques proactives
Mais, le plus important reste, sans doute, le grand intérêt prêté par le gouvernement tunisien actuel à la promotion de la coopération et du partenariat économiques avec les pays africains.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) dont la Tunisie est membre depuis 2020, est une opportunité de premier ordre pour traduire dans les faits ce vœu, pourvu que le secteur privé tunisien mette la main dans la pâte et sache s’étendre en Afrique.
Justement, la part de l’Afrique dans l’industrie manufacturière mondiale a diminué pour atteindre le niveau actuel de moins de 2 %.
A ce propos, la BAD recommande la mise en place de politiques industrielles plus proactives afin d’inverser la tendance, mais de telles politiques nécessitent des connaissances approfondies et une compréhension détaillée des contraintes et des opportunités auxquelles chaque pays est confronté.
Ainsi, la Banque africaine de développement a annoncé son intention d’ « investir dans le seul secteur pharmaceutique au moins 3 milliards de dollars d’ici 2030 ».
S.B.H