AccueilLa UNEJ + 47 : Deux querelles par procuration, et une bataille oubliée

J + 47 : Deux querelles par procuration, et une bataille oubliée

La campagne de vaccination a débuté, depuis samedi dernier, contre le Covid-19. Pas encore contre le « syndrome d’hubris », qui est la maladie du pouvoir, qui frappe les dirigeants de la Cité. Ce lundi 15 mars 2021, la Tunisie entamera donc son 47ème jour d’un gouvernement atrophié, avec un chef de gouvernement qui bouge dans tous les sens pour donner l’illusion de travailler, et un chef de l’Etat qui se « Abboutise », épouse chaque jour un peu plus les thèses de l’ancien CPR et s’enferme dans le déni du remaniement.

–        Un Non, et deux « j’y suis j’y reste »

C’est dans cette atmosphère lourde de menaces économiques, financières et politiques, qui secoue le pays dans un silence assourdissant de populisme et de guerres larvées, que se déroulait toujours la guerre pour le pouvoir, entre les trois têtes de l’Exécutif, que sont l’ARP de Rached Ghannouchi, la présidence de la République de Kais Saïed et la présidence du gouvernement. Et au « Non » du locataire de Carthage, s’opposent les « j’y suis j’y reste » du titulaire du « Perchoir » d’un côté, et celui de La Kasbah de l’autre, en faisant tous la sourde oreille aux appels  à la  négociation.

Les trois ne semblent pas en démordre dans leur querelle. D’abord, celle de Rached avec Kais, deux égos politiques surdimensionnés, par piques et répliques via les médias. Saïed par ses allocutions vidéo, devant tous et n’importe qui, et Ghannouchi par journaux étrangers interposés. Saïed avait d’abord utilisé son ancien poulain Hichem Mechichi (il était son conseiller juridique au Palais) en guise de « Trojan-horse », pour essayer de virusser et déstabiliser l’ennemi qui a survécu à une première motion de censure et devrait en essuyer une autre.

Non moins vicelard, Ghannouchi avait d’abord fait usage du peuple des islamistes tunisiens pour faire démonstration de force. Intervint ensuite l’épisode d’Abir Moussi avec sa bataille contre la secte des « Frères musulmans » et son projet de changement du modèle sociétal tunisien, implantée en Tunisie à travers l’association des Oulémas islamistes de l’apatride Youssef Karadhaoui. « Il représente l’Islam de la violence, du Djihad et du sang, que nous ne connaissons pas et reconnaissons pas. En Tunisie, nous avons un ministère de la religion et un Mufti, et nous n’avons besoin de nul autre pour nous apprendre notre religion », disait samedi dernier Fadhel Abdelkefi. Il confirme ainsi, si besoin est, qu’on peut ne pas être un fan d’Abir Moussi, et être comme une large frange de la société civile tunisienne, contre le fascisme religieux d’Ennahdha et ses projets d’islamisation rampante. Et le vieux fourbe des islamistes d’y introduire alors son propre « Trojan-horse » en la personne du député Makhlouf. Au passage, Ghannouchi écornait cependant le chef de gouvernement-ministre de l’Intérieur qu’il soutenait dans sa guerre contre Saïed.

–        La bataille perdue … de vue !

L’image, faite de chefs atteints du syndrome d’hubris aigu, de chevaux Trojan, , de manipulations et de populisme, semble irréelle dans un pays au bord du « burnout » social et du « shutdown » financier. C’est pourtant, de l’avis des observateurs de la conjoncture tunisienne, ce qui se passe dans les faits.

Dans cette même Tunisie, toute la scène politique sans exception, Ghannouchi et Saïed compris, comme le disait à juste titre l’ancien ministre des Finances, ont perdu la notion du temps, et font une politique hors du temps. Une politique, qui oublie que la réussite de ladite révolution passe par celle qui doit être la mère de toutes les batailles , celle de l’économie et des finances.

On pourrait comprendre l’autisme d’un vieil homme, Rached Ghannouchi, qui s’enferme dans un dogme politicien et la quadrature de son cercle vicieux, et qui n’a plus que la chasse au pouvoir comme raison pour vivre, et qui ne peut en définitive que parodier Henry Kissinger lorsqu’il disait que « le pouvoir est le dernier des aphrodisiaques ».

On comprendrait aussi ce rêveur déçu de Kais Saïed, qui s’entête dans l’infantilisme d’un populisme sans issue, à encore inlassablement triturer une constitution, trop bien ficelée par une poignée d’aigris du régime de Ben Ali, pour lui offrir une porte de sortie constitutionnelle qui réaliserait son rêve d’un régime en pyramide inversée, qui donnerait à ses ouailles désabusées des dernières cinquante années ce qu’ils voudraient. Le peuple veut, mais Saïed ne le peut, et tourne en rond comme l’abeille qui essaie de sortir d’une chambre et se heurte chaque fois aux vitres, transparents, mais fermés.

On comprend, cependant, nettement moins un chef de gouvernement, pourtant issu d’une administration à la pensée carrée, qui voit la feuille de route pour la sortie de crise, telle que clairement dessinée par les bailleurs de fonds (Réduire le déficit, réduire la masse salariale, limiter les subventions, donner la priorité aux dépenses de santé, tout en protégeant les dépenses sociales ciblées, faire attention à la soutenabilité de la dette, mettre en place une fiscalité équitable, apurer les arriérés accumulés par les caisses sociales, mettre en place des réformes audacieuses, et réduire les risques budgétaires et financiers des entreprises publiques (cf : Le CA du FMI), et qui se pavane encore à prendre son temps (et perdre celui de tout un peuple), pour faire ces réformes pour ne pas perdre la dernière de ses batailles, et éviter la libanisation de la crise tunisienne.

Mars 2021 s’étire vers la fin, sans qu’on entende parler de la loi de finance complémentaire. Cette dernière est liée à la mobilisation de plusieurs Milliards DT en ressources extérieures, alors que la dernière notation de Moody’s rend les choses plus compliquées. « Elle n’a rien apporté de nouveau » se limite à dire le chef du gouvernement, sans autre forme d’alternative. Signe d’un marasme commercial dans une économie de transformation, les importations baissaient de 13,7 % en février, et les exportations de 12,1 %. Pour l’instant, la bataille économique est perdue de vue par tout le monde.

« J’espère que Kais Saïed, qui est le président de tout le peuple, soit le président de tout le monde. Pour Mechichi, il ne peut pas continuer ainsi. Il doit se décider, soit démissionner, soit trouver une solution avec les deux autres présidents. Pour Ghannouchi, il est au cœur de la crise, et doit se retirer pour le bien du pays ». Ainsi résumait, vendredi soir sur TV9, le perspicace et rationnel président du parti Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi. Des vœux, qui restent jusque-là pieux !

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