AccueilLa UNEKais Saied en bisbille avec l’Etat et ses institutions !

Kais Saied en bisbille avec l’Etat et ses institutions !

Il est difficile de dire si l’annonce faite le 30 mars par Kais Saied de dissoudre le parlement du pays représente un tournant ou simplement un nouveau chapitre d’une lutte de pouvoir prolongée. C’est d’emblée, la question que se pose le think tank Quincy Institute for Responsible Statecraft, basé à Washington, dans une analyse du  narratif  des décisions prises par le président de la République, depuis le 25 juillet 2021.

Une implication plus large et sérieuse de cet assaut contre le parlement est que Saied n’essaie pas simplement de démembrer la démocratie tunisienne ; il essaie de reconstituer la nature même de l’Etat tunisien, estime-t-il , ajoutant que cela nécessite la restructuration d’un ensemble d’institutions qui ont soutenu la fragile démocratie du pays entre 2011 et le 25 juillet 2021, date à laquelle Saied a exécuté son coup constitutionnel.

Pourtant, la tentative de Saied de refaire l’Etat tunisien est confrontée à des défis, souligne le think tank américain. Entre autres choses, elle semble avoir eu l’effet involontaire de réduire les divisions au sein d’une opposition jusqu’ici fragmentée. Les efforts de restructuration de l’armée pourraient intensifier cet effet boomerang, surtout si et quand l’UGTT décide de soutenir l’opposition plutôt que de maintenir une position ambiguë qui a joué en faveur de Saied. Mais ce moment n’est pas encore arrivé, et il manque à l’opposition la seule organisation qui pourrait faire pencher la balance en sa faveur.

L’effet ukrainien

La crise ukrainienne a compliqué les enjeux pour tous les acteurs clés. Avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, les efforts déployés par le gouvernement tunisien pour négocier un accord révisé avec le Fonds monétaire international  deviennent encore plus difficiles et litigieux. « L’attaque de Saied contre l’État tunisien a créé un vide politique qui s’oppose à toute stratégie cohérente de réforme économique. La menace d’un effondrement économique pourrait ouvrir un espace pour l’UGTT afin de mobiliser les Tunisiens derrière un véritable dialogue national», fait observer Quincy Institute. Mais pour que cela se produise, les dirigeants de l’UGTT doivent choisir entre donner la priorité aux intérêts sociaux spécifiques du syndicat et adopter un programme politique plus national. Pour l’instant, les perspectives de ce dernier scénario ne sont pas claires, ce qui suggère que la tâche urgente de créer un mouvement d’opposition national plus unifié perdure, indique-t-il.

Comparée à celle du monde arabe dans son ensemble, l’armée tunisienne n’a jamais joué un rôle institutionnalisé dans la gouvernance.  Cependant, comme le note un expert de Clarement Mc Kenna College, à la fin des années 2010, les acteurs militaires sont devenus plus actifs dans l’arène politique en prenant notamment des positions publiques sur des sujets brûlants comme le rôle des islamistes. Le fait que six généraux à la retraite aient demandé à Saied, en mai 2021, d’entamer un dialogue national indique que le rôle politique croissant de l’armée ne favorise pas nécessairement les forces autocratiques. Mais « il a créé une ouverture pour que les dirigeants utilisent leurs liens avec les officiers militaires d’une manière qui pourrait finalement nuire à la démocratie ».

Au cours des trois derniers mois, le potentiel d’une opposition plus unie s’est accru parallèlement à l’escalade des assauts de Saied contre les institutions de l’État qui ont été des bastions de la classe moyenne laïque urbaine, dont certains dirigeants ont d’abord soutenu tacitement ou ouvertement le président. L’exemple le plus frappant de cet effet boomerang se trouve dans le système judiciaire, la seule instance qui a conservé une certaine autorité et des moyens institutionnels pour contrer les actions des tribunaux militaires.

Il y a eu au moins deux développements récents qui pourraient élargir la portée de la résistance nationale à Saied. Le premier est l’échec total de sa « consultation » en ligne. Le second développement est l’annonce par Saied, le 30 mars, de la dissolution du Parlement. Cette annonce, que le président a faite dans un discours prononcé tard dans la nuit, semble avoir suscité l’inquiétude de certains dirigeants qui avaient auparavant soutenu le président. Par exemple, Zouhair Maghzaoui, le  seacrétaire général du   Mouvement du peuple, a noté que « Nous étions parmi les partisans du 25 juillet, mais le désaccord aujourd’hui porte sur la gestion de l’étape actuelle, et sur les priorités. »

« Peu probable que Saied batte en retraite »

Le 31 mars, le porte-parole du Département d’État américain, Ned Price, a noté que l’administration est « profondément préoccupée par la décision du président tunisien de dissoudre unilatéralement le parlement, et par les rapports selon lesquels les autorités tunisiennes envisagent des mesures légales contre les membres du parlement. » Cette déclaration a été publiée de concert avec une proposition visant à réduire l’aide militaire de 112 à 61 millions de dollars et à réduire l’aide économique de 50 %. Poussée en partie par la pression du Congrès, la Maison Blanche a signalé qu’elle était prête à conditionner l’aide américaine à la Tunisie.

Bien qu’il s’agisse d’une évolution bienvenue par rapport à la réponse tiède de l’administration Biden, en l’absence d’un mouvement d’opposition national plus large, il est peu probable que la pression extérieure oblige Saied à battre en retraite. Paradoxalement, alors qu’il devient plus isolé, Saied conserve la capacité de survivre – même si son effort pour restructurer l’État tunisien ne réussit pas, et ne peut peut-être pas réussir. Avec l’effondrement économique qui se profile, une intervention de l’armée – de concert avec une sorte de comité d’urgence basé sur les civils – pourrait émerger dans les horizons sombres de la Tunisie, conclut Quincy Institute

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1 COMMENTAIRE

  1. Aux yeux des tunisiens, il y a une opposition crédible et sincère c’est celle de Abir Moussi et son parti et celle de Maghzaoui et son parti. Des députés indépendants le sont. Quant aux partis Ennahdha, Al karama et Kleb tounes, ils ont été rejetés farouchement par les tunisiens compte tenu de leur traîtise manifeste et surtout qu’ils ont détruit l’économie et le sociale du pays. Leur popularité s’est réduit et ne reste que les vendus achetés par l’argent de ces partis. Les tunisiens n’en veulent pas. Les tunisiens qui ont voté et soutenu KS attendent impatiemment des actes phares et courageux de la part de KS tels que le jugement immédiat du criminel Ghannouchi, Bmarek, Chebbi, …Il faut mettre fin au naufrage de la secte Ennahdha; Al Karama, c’est ce qu’il veut le peuple de 70%.

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