Compte tenu de l’instabilité croissante le long des frontières algériennes avec la Tunisie et la Libye, le président algérien Abdelaziz Bouteflika s’est réuni, lundi, pour la deuxième fois en moins d’une semaine, avec son chef d’état-major, rapporte le site Magharebia dans un article à partir de Washington sur la nouvelle stratégie algérienne de lutte contre le terrorisme chez ses voisins.
Le samedi, l’armée algérienne a déployé 3.000 soldats supplémentaires le long des frontières avec la Tunisie et la Libye, selon le journal L’Expression. Cette décision intervient à peine 24 heures après la première rencontre entre le président Bouteflika et le lieutenant général Ahmed Gaid Salah.
L’armée et les gardes-frontières ont triplé leurs effectifs depuis le début de la crise sécuritaire en Tunisie. Lundi également, le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a déclaré que l’Algérie travaille avec la Libye, la Tunisie, le Niger et la Mauritanie à sécuriser les frontières.
«Nous devons être vigilants et prendre nos responsabilités afin de protéger notre pays, en coopérant dans ce cadre avec les pays voisins », a expliqué Medelci.
Les gardes-frontières dans l’Est de l’Algérie ont été récemment renforcés en se dotant d’un nouveau centre dans la région d’El Aouinet chargé d’assurer la sécurité dans les quatre provinces proches de la frontière tunisienne et libyenne, Souk Ahras, Tébessa, El Tarf et El Oued, couvrant quelque 950 km.
Ce centre sera chargé de la formation des forces mobiles aéroportées. Sa mission officielle est de surveiller et de contrôler les zones frontalières et de détecter les incursions. Il va lutter contre la contrebande, l’immigration clandestine et l’infiltration des groupes terroristes.
Les médias algériens, citant des sources de sécurité, ont confirmé que le président Bouteflika, en sa qualité de ministre de la Défense et commandant en chef es forces armées, a donné son approbation à Gaid Saleh pour lancer la chasse aux terroristes retranchés dans les montagnes et les zones escarpées dans diverses provinces.
Le journal Biladi a rapporté que l’opération couvrira six provinces et est baptisée « Fath Moubeen» ou «conquête définitive ». De son côté, le quotidien algérien Achorouk a indiqué que le but de l’opération, lancée mercredi dernier, était d’éliminer tous les terroristes et leurs repaires des villes où des cellules dormantes sont constituées.
L’action militaire ciblera également les montagnes et les forêts, à la frontière algérienne avec la Tunisie, la Libye et le Mali, où les organisations terroristes ont mis en place des bases arrière. Le commandement de l’armée a renforcé ses forces avec un nombre sans précédent d’unités de combat spécialisées dans la lutte contre le terrorisme. Il est prévu que plus de 20.000 soldats des forces spéciales, des forces aériennes et des troupes de l’armée d’élite participeront aux opérations de nettoyage et de suivi ciblant les groupes terroristes.
Le plan sera mis en œuvre par étapes, la première concernera les zones frontalières avec la Tunisie et la Libye. L’opération couvrira également des zones intérieures, comme la région de Kabylie, où le plus grand nombre d’attaques terroristes contre les forces de sécurité ont été enregistrées.
« La nouvelle opération militaire lancée par l’armée algérienne est le plus vaste du genre en plus de 10 ans, » a déclaré l’officier en retraite Tahar Ben Thamer. « Les opérations précédentes comme celle de la forêt de Akorn, à Tizi Ouzou il ya deux ans, ont été limitées et concentrées sur une zone spécifique. Elles étaient généralement limitées à une certaine zone et ont ciblé les allées et venues des terroristes seulement. »
En revanche, a-t-il ajouté, « l’opération de sécurité lancée par le commandement de l’armée cible les groupes terroristes dans les grandes régions, permettant à l’armée d’assiéger les terroristes, de suivre leurs déplacements et de mettre en place un cordon de sécurité si étanche que toute fuite sera presque impossible. »
Rabah Hadif, un spécialiste des affaires de sécurité, a noté que «cette fois, les effectifs engagés sont beaucoup plus importants et permettent d’élargir l’étendue de l’opération afin de pourchasser les terroristes jusque dans leurs bastions. »
» Pareilles opérations de sécurité vont affaiblir les groupes terroristes, les éliminer et minimiser leur menace», a déclaré Saida Benhabyles, ancien ministre et présidente de l’Association des victimes du terrorisme. «L’armée algérienne a une expérience considérable face à ces groupes, ce qui lui permet de déjouer les plans des terroristes et les empêcher d’échapper aux troupes à la frontière avec la Libye. »
