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La boîte noire

Mercredi 27 juillet 2022, au palais du Gouvernement à la Kasbah, la cheffe du gouvernement tunisien, Nejla Bouden Ramadan, a présidé un conseil ministériel consacré à l’examen du statut de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede).

Le communiqué, qui ne donnait que de vagues informations, comme d’ailleurs tous les autres communiqués du gouvernement, dit que « le conseil a passé en revue la stratégie de la société pour dynamiser l’entreprise et développer ses domaines d’intervention et a proposé une feuille de route pour les cinq prochaines années dans les aspects organisationnels, financiers et techniques, ainsi que des travaux supplémentaires d’amélioration les services rendus et rationaliser la consommation d’eau ».

Atone et sans relief, le communiqué de La Kasbah ne dit rien sur la situation financière, qui n’est d’ailleurs publiée nulle part et surtout pas sur le site du CMF comme toute entreprise publique ou faisant appel public à l’épargne telle  que la « Sonede International ». Silence. C’est une entreprise publique !

  • La Sonede et son Pdg, aux abonnés absents et fait ce qu’elle veut

Ce n’est qu’au fil des pérégrinations sur le Net qu’on apprend qu’elle était déficitaire, de 27,2 MDT en 2016, pour un chiffre d’affaires de 350,5 MDT qui était alors en hausse de 7,1 %, et son taux d’endettement était de 74 %, en hausse lui aussi de 8,7 points.

Plus tard, et dans un document officiel sur la situation des entreprises publiques, on apprend que

« les résultats d’exploitation de la Sonede ont enregistré une baisse importante en 2018 par rapport à l’année 2017 de 73,6 % et d’une valeur de 19,1 MD, notamment en raison de l’évolution des produits d’exploitation à un rythme inférieur au rythme d’évolution des charges d’exploitation »

Le document était celui du « ministère de l’Economie, des finances et de l’appui à l’investissement » et qui datait donc de 2020, ne pouvait accéder qu’aux chiffres de 2018, tant la Sonede ressemblait à une boîte noire dont le Pdg est plus inaccessible que son ministre de tutelle. Il précisait alors que « le montant total des charges d’exploitation a atteint 481,1MDT en 2018 soit une augmentation de 4,5 %par rapport à 2017 équivalant 20,9 MDT, alors que le total des produits d’exploitation de l’entreprise en 2018 s’élevait à 436,1 MDT, enregistrant ainsi une augmentation par rapport à 2017 de 0,4% et d’une valeur de 1,8 MDT ».

  • Un RBE en détérioration de 168,4 % dans le silence d’une Omerta

Et la même source de prévoir à juste titre que « le résultat d’exploitation atteint -120,8 MDT en 2019, soit une détérioration de 168,4 % par rapport à 2018. En effet, les produits d’exploitation augmenteront en 2019 de 6,4% pour atteindre 463,8 MD et les charges d’exploitation s’accroîtront de 21,5% durant la même période pour atteindre 584,6 MDT. Il s’ensuit que le résultat net de l’année 2018 a enregistré une baisse significative de 87% par rapport à l’année 2017, puisqu’il a régressé de -39 MDT en 2017 à -72,9 MDT en 2018 et il est possible que le résultat net de 2019 atteigne un montant de -154,6 MDT ».

Les états financiers de 2019, 2020 et 2021, que personne ne verra que des années plus tard, apporteront certainement de plus mauvaises nouvelles de chez la Sonede. Mais qui s’en soucie, dans cette atmosphère gouvernementale d’omerta, presque mafieuse !

  • Il se plaint de la hausse des abonnés. Où vont les subventions d’investissement ?

En 2020, l’inaccessible Pdg faisait enfin une déclaration à la Tap, où il expliquait la dégradation de la situation financière, par … l’augmentation du nombre des abonnés. Faut-il à ce dirigeant d’entreprise publique, qui coupe chaque été et même l’hiver, l’eau dans la région touristique de Sousse et ses environs et pas ailleurs et sans aucune explication, qu’il fallait augmenter les investissements. Or, le rapport gouvernemental disait depuis 2020, que « le montant des investissements réalisés par la Sonede a atteint 199,9 MD à fin 2018, affichant une baisse remarquable de 17,9 % par rapport à l’année 2017, et il est probable qu’elle atteindra 197 MDT en 2019, soit une baisse de 1,5 % ».

Le Pdg, aussi muet qu’un carpe pour la presse face à laquelle il fait rétention d’information, pourrait objecter que c’est l’Etat qui le fait. Ce dernier n’avait visiblement pas manqué à ses obligations. Le même rapport gouvernemental précisait déjà que « le montant de la subvention d’investissement s’est élevée à 146 MDT en 2018 (dont environ 50 MD transférés pour financer la station de dessalement d’eau de mer), faisant ressortir ainsi une augmentation de 790,2% ». Où est allé cet argent, pour que le Pdg se plaigne de la hausse de la demande, face à ses moyens ?

  • Il n’y a pas que le public. L’Etat aussi est un mauvais payeur de la Sonede

Longtemps et toujours, les différents dirigeants de la Sonede se plaignaient du consommateur mauvais payeur et du prix de l’eau qui n’augmente pas. Une autre lecture de l’endettement de la Sonede donnerait un autre éclairage sur les solutions que le management de cette entreprise publique éviterait probablement. « La dette de la Sonede pourrait atteindre 724,3 MDT en 2019 (…). La dette de la société envers les banques a diminué de 24,9 % pour atteindre 564,7 MDT en 2019, et son endettement envers les caisses sociales a baissé de 7,5 %, tandis que l’endettement envers l’Etat et les entreprises publiques a augmenté respectivement de 500 % et 17 % au cours de l’année 2019 ». Les entreprises publiques (EP), et aussi l’administration publique, c’est l’Etat. Il suffirait donc que ce dernier paie ses dettes pour que la situation financière de la Sonede s’améliore. D’autres fournisseurs des EP avaient eu recours à la saisie sur les comptes des EP mauvais payeurs.

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