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La diplomatie tunisienne se démène à tout berzingue… sous la baguette de Saied !

La Tunisie refait remarquablement surface sur les radars de la diplomatie mondiale. Elle le doit moins à ceux qui ont vocation à concevoir et régenter ses relations extérieures qu’aux hasards du calendrier diplomatique et des relations tumultueuses entre les superpuissances du moment, à savoir les Etats-Unis, incarnés par leur imprévisible président Donald Trump, et la Chine, vouée par ce dernier aux gémonies pour ses « cachoteries » à l’origine de la propagation du coronavirus.

Une dispute qui a vite débarqué au Conseil de sécurité des Nations-Unie pour y semer le trouble et   hypothéquer l’examen d’une résolution coparrainée par  la Tunisie et la France visant à faciliter les efforts développés par la communauté internationale dans sa lutte contre la pandémie de coronavirus.  La Tunisie, qui occupe un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, et la France, l’un des cinq membres du Conseil permanent ayant le droit de veto, ont fusionné deux résolutions qu’elles avaient lancées séparément et intensifient maintenant leurs efforts pour obtenir le soutien des membres du Conseil de sécurité. Il n’y a cependant pas eu d’accord sur la résolution entre les membres permanents.

Le principal point de friction, selon les diplomates internationaux, reste le désaccord entre les États-Unis et la Chine sur la mention de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la résolution. Washington, qui accuse l’organisation de « manque de transparence » et de collusion avec Pékin, ne veut aucune mention de l’OMS. La Chine, soutenue par la Russie et l’Afrique du Sud, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, souhaite que le rôle de l’OMS dans la lutte contre la pandémie soit reconnu.

« L’objectif principal est de traduire le principe de solidarité internationale en une résolution qui soit contraignante pour toutes les parties intervenantes afin d’aider l’humanité à relever le défi d’une pandémie qui menace la paix et la sécurité dans le monde », a déclaré le directeur de la communication  au ministère tunisien des affaires étrangères, Bouraoui Limam, à Arab Weekly.

Saied sur des charbons ardents

Pour la Tunisie, le projet de résolution est la première grande initiative diplomatique du président Kais Saied depuis son élection en septembre dernier, note la même source qui rappelle qu’au cours des dernières semaines, Saied  a consacré beaucoup de temps et d’efforts à faire pression sur d’autres chefs d’État et dirigeants d’organisations internationales dans le but de dégager un consensus autour d’un effort mondial concerté pour lutter contre la propagation de la maladie du COV-19. Il s’est récemment entretenu avec le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur la « nécessité d’unifier les efforts internationaux » visant à contenir la pandémie de coronavirus. Selon un communiqué du palais, il a insisté dans sa conversation téléphonique sur le fait que « les mesures prises jusqu’à présent n’ont pas atteint les objectifs recherchés par l’ensemble de l’humanité ».

De nombreux diplomates de l’ONU éprouvent un sentiment de frustration face à l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le Conseil de sécurité. L’ambassadeur estonien Sven Jurgenson, dont le pays assure la présidence tournante pour le mois de mai, a déclaré : « C’est vraiment dommage que nous n’ayons pas pu assumer notre responsabilité ». Bien qu’il espère que le projet de résolution parrainé par la Tunisie et la France pourra être adopté cette semaine, il a admis « qu’il y a des pierres d’achoppement, la situation est bloquée pour le moment ».

Peut-être, cette semaine !

Le secrétaire général de  l’ONU, Antonio Guterres,  partage la même frustration. « Nous savons que les relations entre les grandes puissances du monde sont aujourd’hui très dysfonctionnelles, et cela rend difficile l’action du Conseil de sécurité », a-t-il déclaré.

« Les gens perdent espoir dans la diplomatie », a déploré l’ambassadeur tunisien Kais Khabthani à Bloomberg. « Ce genre de désaccords politiques doit être traité en dehors de l’ONU et du Conseil de sécurité. Nous devons faire preuve de solidarité. Nous devons surmonter ces difficultés et mettre de côté ces différends ».

Les États-Unis ont également des réserves sur les dispositions de la résolution, qui soutiennent l’appel du 23 mars du Secrétaire général des Nations unies en faveur d’un cessez-le-feu mondial et comprennent un appel à une pause humanitaire pour faciliter l’acheminement de l’aide aux régions touchées par le conflit.

Le texte de la résolution « appelle toutes les parties aux conflits armés à s’engager immédiatement dans une pause humanitaire durable pendant au moins 30 jours consécutifs, afin de permettre l’acheminement sûr, sans entrave et durable de l’aide humanitaire, la fourniture de services par des acteurs humanitaires impartiaux ».

A ce point du parcours emprunté par ce dossier, les milieux diplomatiques internationaux espèrent, cependant, que l’on arrivera peut-être cette semaine à sortir de l’impasse qui a jusqu’à présent empêché le Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter la résolution tuniso-française.

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