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La Tunisie a- t- elle raté la chance d’être un hub nucléaire ?

Vieux sujet sans cesse soulevé, l’uranium des phosphates naturels tunisiens est resté encore un mystère ? Autant que celui des phosphates du Maroc d’ailleurs !

La question a refait surface dernièrement à travers plusieurs publications parues sur facebook et autres supports dont un article en français intitulé « Uranium au Maghreb », remontant à 2007, écrit par  le grand savant tunisien de physique nucléaire, mondialement connu, Béchir Turki, décédé le 13 août 2009 à Mahdia, sa ville natale, et republié tout récemment, le 11 avril 2023, sur fb, par sa fille, la scientifique tunisienne Nabila Turki Hamza, professeur universitaire de mathématiques, et directrice de l’Institut national d’Informatique de Mahdia.

Un autre article en arabe sur la question a été publié le 13 août 2022 par Oussama Raiî, à l’occasion de la commémoration du décès de l’illustre savant.

Grande figure tunisienne, arabe et internationale de l’énergie atomique et nucléaire, dans les années 1960 et 1970, Béchir Turki avait présidé en 1969 aux destinées de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), après avoir multiplié les initiatives pour développer les recherches et les applications nucléaires en Tunisie, en créant le Centre d’études nucléaires de Tunis-Carthage, du côté de l’actuel Centre national de télédétection, et en élaborant un projet révolutionnaire de dessalement de l’eau de mer, et de production de l’électricité en même temps, au Sud tunisien, en association avec le creusement d’une communication permanente entre le golfe de Gabès et Chott el Jérid, au moyen d’explosions nucléaires contrôlées. Mais, le projet, premier du genre dans le monde, n’a pu voir le jour faute d’intérêt de la part des officiels tunisiens de l’époque, tandis que l’AIEA, sollicitée à son tour, tout en reconnaissant la portée éminente du projet, ne s’est pas montrée non plus, particulièrement prompte. B. Turki se rendit alors en Union soviétique où il avait pu réaliser un projet similaire.

Justement, des révélations faites par d’anciens responsables après la révolution tunisienne de 2011 ont signalé qu’un projet analogue à celui de B.Turki avait été présenté au gouvernement tunisien dans les années 1980 par un groupe étranger.

130 mille tonnes d’uranium

Dans son article sur l’Uranium au Maghreb, de 2007, le savant tunisien avait écrit en substance: « Il y a quelques mois, j’ai déjà annoncé que nous possédons de l’uranium, en Tunisie. Mais pour épargner le temps et l’argent à mon pays, je dis volontiers ce que je sais après le vandalisme des destructeurs de civilisations : Ben Salah, Mzali, Messadi….Tout le monde sait aussi que tous les documents du Centre de Recherches Nucléaires de Tunis-Carthage ont été sauvagement brûlés et le Centre détruit en 1969 comme au moyen-âge la bibliothèque de la Zitouna incendiée par Charles Quint et les livres piétinés dans les rues par les chevaux. Mais grâce à Dieu, notre mémoire est intacte. Dieu nous préserve des pareils actes barbares ».

Il faut que tout le monde sache que, dans les années 60, il y a presque cinquante ans, tout a été fait jusqu’à l’extraction de l’uranium par des ingénieurs et des docteurs spécialistes tunisiens au Centre de Recherches Nucléaires de Tunis-Carthage. Tout le pays a été quadrillé par l’aviation militaire légère équipée d’appareils de détection nucléaire ultra-sensibles. Les résultats sont très positifs : à l’époque, nous avons estimé à 3 milliards de tonnes les réserves des phosphates tunisiens. Nous en avons mesuré les teneurs en uranium naturel : elles fluctuent de 50 ppm (partie par million) à 150 ppm . Au taux moyen de 100 ppm , la Tunisie possèderait une réserve de 300 mille tonnes d’uranium. Nous en avons fait l’extraction expérimentale à un taux qui fluctue autour de 50 % (mais on pourra théoriquement arriver jusqu’à 90%). Au mauvais taux de 50% la Tunisie possède très raisonnablement 150 mille tonnes d’Uranium. C’est une réserve plus que suffisante. En Libye aussi, il existe plusieurs gisements filoniens dont certains possèdent de l’uranium à 12%.

Pour mémoire,  l’uranium du Colorado américain n’est qu’à 10%, le meilleur au monde, déclassé par l’uranium libyen. Nous en avons fait la prospection et l’extraction des premiers grammes (quelques centaines de grammes), grâce au Centre de Recherches Nucléaires de Tajoura que nous avons construit à partir de néant ainsi que la prospection aéroportée que nous avons organisée, une des meilleures au monde.

Au Maroc, le phosphate ayant la même origine de formation doit certainement contenir une quantité respectable d’uranium.

C’est pourquoi un programme d’exploitation nucléaire doit être réalisé à l’échelle du Maghreb.

Avenir incertain

En effet, s’agissant du Maroc, en particulier, un article écrit en 2021 sur l’activité de l’Office marocain du phosphate, ou Office chérifien du phosphate, signale sous le titre « l’uranium, trésor caché » que Le Maroc dispose d’importantes réserves d’uranium qui se trouvent mélangées au minerai phosphate brut, estimées à 6 millions de tonnes. L’uranium des phosphates marocains est plus difficile à extraire puisqu’il représente moins de 0,02% du minerai brute. Son prix de revient risque d’être plus élevé que d’autres sources actuelles du minerai dans le monde (notamment au Canada où des minerais contenant jusqu’à 15% d’uranium sont exploités).

Mais une vision à long terme pourrait parier sur l’augmentation possible des prix d’uranium. La tonne d’uranium coûte aujourd’hui environ 50 mille dollars, alors que la tonne d’acide phosphorique coûte 500 dollars.

Or, qu’il s’agisse de la Tunisie ou du Maroc, des spécialistes ont estimé que le silence des officiels est relativement justifié, en raison de l’importance du phosphate tel qu’il est exploité actuellement, pour l’économie des deux pays.

Cependant, l’avenir est incertain .Beaucoup de rapports officiels et de presse européens ont fait état de craintes ressassées tout le temps par les ONG et les représentants de la société civile dans les pays européens, dont  des parlementaires, concernant des soi-disant « risques »  de résidus d’uranium dans les fertilisants à base d’acide phosphorique et autres dérivés du phosphate, utilisés en agriculture.

S.B.H

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