AccueilLa UNELa Tunisie bien placée pour accueillir les entreprises européennes délocalisées de Chine

La Tunisie bien placée pour accueillir les entreprises européennes délocalisées de Chine

La Tunisie est bien placée pour bénéficier du rapatriement de certaines chaînes de valeur des entreprises européennes plus près de chez elles, qui est l’une des conséquences inévitables de la pandémie COVID-19, estime l’expert et chercheur au Centre de relations internationales à Barcelone (CIDOB), Francis Ghilès dans une analyse relayée par « The Arab Weekly ». Se référant à l’universitaire et homme politique espagnol Josep Borell, il explique qu’il n’est « pas normal que pas un gramme de paracétamol que nous consommons ne soit fabriqué en Europe ». La santé est désormais devenue une question de sécurité plus large et la dépendance actuelle de l’UE vis-à-vis de la Chine offre une occasion unique de repenser les relations avec les voisins des Balkans et de l’Afrique du Nord.

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence la dépendance de l’Europe vis-à-vis des importations, en particulier de Chine, et plus particulièrement des produits médicaux. Et alors qu’ils préparent leur réponse à l’effondrement de l’économie et qu’ils voient une occasion de ramener des emplois dans le secteur manufacturier en Europe et dans ses environs, les Européens doivent se demander comment la spécialisation, les économies d’échelle et la réduction des stocks, qui ont contribué à faire baisser les coûts au cours des trois dernières décennies, ont entraîné un énorme choc d’approvisionnement qui a causé plus de dégâts que la panne initiale. Les chaînes d’approvisionnement étendues ne sont pas plus solides que leur maillon le plus faible.

Réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis des fabricants asiatiques et recréer une base manufacturière européenne est décrit par le commissaire européen à l’industrie, Thierry Breton, comme « le bras armé » des efforts du bloc pour défendre sa souveraineté économique. Certains secteurs seront prioritaires, notamment les produits pharmaceutiques, la macroéconomie et les technologies de l’hydrogène.

La Tunisie parmi les « 60 pays les plus innovants au monde »

La Tunisie est bien placée pour bénéficier de ces considérations européennes si le gouvernement tunisien prend l’initiative de promouvoir la fiabilité économique et politique du pays, affirme à ce propos Francis Ghilès qui cite une récente étude de Harvard Business Review où la Tunisie est décrite comme « l’État industriel le plus complexe d’Afrique » et, selon Bloomberg, « l’un des 60 pays les plus innovants du monde ».

Un bon niveau d’éducation, la proximité avec l’Europe et des liens familiaux et commerciaux séculaires, sans parler d’une population beaucoup plus en phase avec les idées occidentales modernes, notamment les droits des femmes, qu’avec le fondamentalisme religieux prêché plus à l’Est, plaident en sa faveur.

À l’approche du 25e anniversaire du processus de Barcelone, l’Espagne et l’UE devraient refondre la manière dont les politiques lancées en fanfare en 1995 ont évolué. Au-delà de ses préoccupations légitimes concernant la sécurité et les flux d’immigration illégale, l’Europe doit se forger un concept plus large de sécurité économique qui encourage l’investissement privé dans deux secteurs clés de l’économie tunisienne : Premièrement, la fabrication de produits pharmaceutiques – des entreprises privées telles que Sanofi, Adwiya et Saiph viennent à l’esprit – et de textiles, selon une définition large des industries de la santé ; deuxièmement, les composants électroniques, où plus de 200 entreprises employant plus de 116 000 personnes exportent vers l’UE les deux tiers de ce qu’elles fabriquent.

L’UE et ses principaux États, notamment la France, l’Espagne et l’Italie, ont un intérêt direct à la stabilité de la Méditerranée occidentale et centrale. Ils savent que les coûts de production en Tunisie sont bien inférieurs à ceux de l’UE, probablement supérieurs à ceux de la Chine. Mais c’est sans tenir compte de l’empreinte carbone de la fabrication en Extrême-Orient et des considérations de sécurité. Une telle politique s’appuierait sur les capacités existantes en Tunisie, un pays où le chômage des diplômés est élevé et où la proximité de l’Europe est un atout majeur, relève le chercheur du CICOB.

Un partenaire davantage qu’un marché

Un message fort du Nord indiquant qu’il entend traiter la Tunisie comme un partenaire, et pas seulement comme un marché, offrirait également à ceux qui veulent moderniser la gouvernance économique de la Tunisie un levier plus important que jusqu’à présent. La contrepartie de tout encouragement de l’UE à ses industries à fabriquer ses produits en Tunisie doit être des réformes audacieuses en matière de politique fiscale, de gestion douanière, de transparence de la justice et d’élimination de la bureaucratie par les autorités tunisiennes.

Alors que l’industrie allemande s’est massivement délocalisée en Europe de l’Est après 1990, les pays du nord de la Méditerranée ont répugné à le faire dans la rive sud de la Méditerranée. La Chine a largement bénéficié du comportement néocolonial de l’UE en Afrique. Si la Tunisie et ses voisins ne se voient pas proposer un partenariat économique plus équitable, la nouvelle route de la soie fera des incursions au Maghreb comme elle l’a fait dans les Balkans. Lorsque Josep Borrell affirme que l’UE a fait preuve d’une certaine naïveté dans ses relations commerciales avec la Chine, il sait de quoi il parle.

Recentrer l’attention sur la valeur des liens économiques réaménagés permettrait également de rééquilibrer les vues de l’UE sur la Tunisie et le Maghreb, qui, ces dernières années, ont été biaisées par un flot d’études, souvent de qualité académique douteuse, sur la lutte contre l’islam radical, le terrorisme et le progrès démocratique – intellectuellement, nous sommes tombés dans le piège américain.

La Tunisie, comme ses voisins, avancera politiquement selon son propre récit, et non selon un plan imaginé dans une capitale européenne, conclut Francis Ghilès.

- Publicité-

2 Commentaires

  1. La proximité géographique de l’Europe, la qualité de la main d’oeuvre et son coût, les moyens de transport etc.. font que cette éventualité peut être favorablement envisagée.
    Sinon le cancer récurant; j’ai nommé l’UGTT

  2. reste à savoir si nous avons les personnes sans citer de fonctions à la hauteur pour établir ces coopérations, et faire diminuerlechômage en Tunisie …..

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -