Cela ne fait pas l’ombre d’un doute, le chef de l’Etat tunisien ne porte guère les hommes d’affaires dans son cœur. Jour après jours depuis le 25 juillet 2021, il ne fait plus bon être chef d’entreprise, simple gérant, DG ou PDG d’entreprise, surtout privée, sur décision personnelle du chef de tout l’Etat Kais Saïed. Et à force de focaliser, dans ses interventions vidéo sur le côté obscur d’une partie de cette race d’investisseurs, le chef de l’Etat tunisien, qui a gelé toute autre autorité que la sienne, tombe dans l’amalgame et ne fait plus la différence entre hommes d’affaires dans le sens de l’investisseur créateur de richesse et d’emplois, et hommes des affaires comme en ironisait il y a quelques années un certain Hammadi Jbali. A l’aéroport de Tunis, où par exemple, le fils de l’avocat Ghazi Chaouachi, qui réside en France, a été soumis hier, dimanche, à une procédure frontalière, et n’a pas pu avoir une autorisation de quitter le territoire qu’après deux heures d’attente, selon un Post de l’avocat Abdelwahed Yahyaoui. Outre les politiciens, ce sont surtout les hommes d’affaires,, qui font depuis quelques semaines l’objet d’une cabale sécuritaire
– Le « baiser de Judas », de Saïed aux hommes d’affaires
Et lorsqu’il reçoit quelques fois les représentant des hommes d’affaires, soit pour demander des baisses de prix ou des aides financières, c’est entre patriotes et non-patriotes qu’il les divise et les classe, leur donnant chaque fois ainsi le baiser de Judas, pour mieux les accuser d’être les rapaces de l’économie, et mieux les désigner ainsi à la vindicte populeuse et populaire.
Un amalgame, entre hommes d’affaires investisseurs et créateurs d’emplois, et rapaces uniquement intéressés par le gain, qui génère une cabale populeuse contre le Capital tunisien, et pousse désormais des jeunes à organiser des actions contre les représentants de ce Capital local, comme on l’a récemment vu dans une vidéo à l’intérieur d’une grande surface connue de la capitale.
Des actions spectaculaires qui, sous couvert de soutien à Kais Saïed, risqueraient fort de se répéter, et de dégénérer en actions punitives, décourageant ainsi d’autres investisseurs locaux et étrangers. Un amalgame que ne dénonce pour l’instant point le patronat tunisien, peut-être par peur de représailles.
– Tunisie, le pays où il ne fait pas bon être chef d’entreprise !
Un patronat qui ne dénonce pas, non plus, les interdictions de voyager, et au moins les tracasseries administratives aux frontières dont font l’objet, depuis quelques semaines, beaucoup d’hommes d’affaires, et même leurs familles. Nous pourrions en citer un certain nombre, mais le phénomène est vécu comme une sorte de honte qui fait que la plupart évitent d’en parler
Selon Anis Jaziri président du TABC, « ce qui se passe actuellement va dans le mauvais sens. Ce qu’on aimerait, c’est que cette lutte contre la corruption se fasse dans les règles de l’art, qu’on ne diabolise pas les hommes d’affaires, et qu’on ne mette pas tout le monde dans le même sac. Il y a aujourd’hui des personnes, des Pdg et des gérants d’entreprises qui sont refusés à l’aéroport. L’homme d’affaires fait actuellement l’objet d’accusation, juste parce qu’ils sont des hommes d’affaires. Ce qu’on demande, c’est de lister ces personnes qui ont des affaires en justice, et qu’on les mette au courant de ce qui leur serait reproché, non qu’on les maltraite »
Mustapha Mezghani, ancien Conseiller du ministre de l’Enseignement supérieur de la recherche scientifique et des TICs témoigne sur sa page des réseaux sociaux que « depuis le 25 juillet, plusieurs voyageurs, de par leur qualité, peuvent se voir interdire de voyager. Ils ne découvrent cela qu’une fois à l’aéroport, lors du contrôle de police, après avoir fait leur check-in (enregistrement) et après que leurs bagages ont été embarqués. Je passerai sur ceux qui se sont vu refouler alors qu’ils voyageaient avec leurs familles ou alors qu’ils avaient confirmé des rendez-vous à l’étranger. Je passerai sur ceux qui ont été interrogés et finalement autorisés à voyager. Deux chefs d’entreprises, ont décrit leurs calvaires sur les réseaux sociaux.

Ci-après, une partie du Post publié par Khaled Fakhfakh que vous pouvez lire en entier sur ce lien.

– Harcèlement et traitements discriminatoires à l’aéroport
On passera sur la légalité ou non de la question. Pourquoi ne pas anticiper et faire étudier la liste des passagers par la police des frontières 24 heures à l’avance ? La liste des passagers existe chez les compagnies aériennes, le numéro de passeport aussi vu que le billet est électronique. Ce lundi encore, l’organisation nationale de soutien au produit tunisien « Tunisia Produce » exprimait « son inquiétude de la poursuite du harcèlement et des traitements discriminatoires que subissent les dirigeants d’entreprises, et tous ceux détenant la qualité de directeur ou mandataire d’une entreprise, à Tunis-Carthage où ils sont soumis à des consultations de sécurité d’une durée de 2 à 3 heures en raison de cette qualité professionnelle, qans aucune explication rationnelle et sans qu’ils aient auparavant fait l’objet de poursuites judiciaires quelconques ».
Le chef de l’Etat étant lui-même le Parquet, on se demanderait même « إذا خصيمك الحاكم لشكون تشكي », qui se traduirait par « à qui se plaindre, lorsque c’est le juge qui est la partie adverse » ?
Les investissements déclarés dans le secteur industriel baissaient déjà de 14,6%, durant les 7 premiers mois de 2021, pour se situer à 1509,3 millions de dinars(MD), selon le bulletin de conjoncture de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) du mois de juillet 2021. Et on imagine que la baisse sera plus importante pour août 2021.
La lutte contre la corruption est juste. Elle a cependant son cadre, qui ne peut être que celui de la loi, tant dans le fond que la forme. Et on penserait presque, comme l’universitaire Fethi Zouhir lorsqu’il disait dans un Post fb, que « Si j’ai bien compris KS, depuis quelques semaines, il a montré son vrai visage. Le capitalisme certes, mais au service du socialisme. Le marché certes, mais sous le contrôle de l’État. La liberté d’entreprendre certes, mais dans le cadre des règles du gouvernement à venir ! C’est le modèle chinois que j’ai reproduit ici ».
Oh non, ce n’est pas le modèle chinois. Le modèle chinois bénit les hommes d’affaires tant qu’ils n’ennuient pas les politiques. Le modèle tunisien ( pour être plus juste saidien), c’est je vous déteste parce que si vous êtes riche, c’est que vous êtes un voleur corrompu.