AccueilLa UNELa Tunisie, un assortiment d’économie vaudoue et d’impéritie politique!

La Tunisie, un assortiment d’économie vaudoue et d’impéritie politique!

Faillite, abîme, bord du gouffre, impasse, des termes qui diaprent  le bréviaire le plus souvent utilisé ces jours-ci pour qualifier la situation en Tunisie. Ce qui ne serait pas trop injuste au regard des faits, mots et gestes d’ordre politique et économique qui émaillent l’état des lieux dans le pays avec deux têtes de l’Exécutif qui n’en font qu’à leur tête en s’entredéchirant pour des vétilles prétendument constitutionnelles. Un bras de fer d’autant moins nécessaire qu’il aurait été expédié en cinq sec pour peu qu’un minimum de bonne  volonté ait prévalu et que la raison d’Etat ait guidé l’un autant que l’autre. Si bien que l’Etat s’est retrouvé comme dirigé à l’enseigne d’une impéritie qui n’a pas manqué d’interpeller les chancelleries étrangères.

Effet induit de ce désordre qui empire de jour en jour, une économie qui s’enfonce à la périphérie des abysses « couronnée » par la pire note qu’ait été décernée par une agence de notation à la Tunisie : un B3 assorti d’une perspective négative. Ce qui signifie qu’un nouvel abaissement de la note « serait probable si la mise en œuvre de la réforme fiscale et du secteur public se prolongeait encore plus, ce qui, en plus, maintiendrait le fardeau de la dette à un niveau plus élevé et pendant plus longtemps que ce que Moody’s prévoit actuellement, ce qui pourrait soulever des préoccupations quant à la viabilité de la dette ». Une perspective relevée cette semaine par un observateur averti de ce qui se passe en Tunisie et un insigne analyste de ses réalisations comme de ses mécomptes, nommément Francis Ghilès, chercheur au Centre des affaires internationales de Barcelone. Dans un article publié par The Arab Weekly sous le titre « L’économie vaudoue mène la Tunisie au bord du gouffre », il a constaté que « le temps des comptes économiques approche à grands pas pour la jeune démocratie tunisienne », en qualifiant donc son économie d’ « économie vaudoue » une expression populiste et largement utilisée pour rejeter les promesses économiques ambitieuses faites par les politiciens.

Il fait observer que « dix ans d’économie vaudoue et d’opportunisme politique, pratiqués par neuf gouvernements successifs de différentes couleurs politiques, que ce soit l’islamiste Ennahdha, le désormais décadent Nidaa Tounes ou l’allié des islamistes Qalb Tounes (le véhicule d’un magnat de la télévision qui vient d’être libéré de prison après avoir purgé une peine pour corruption), ont mis le pays à genoux ».

La pensée magique est une autre façon de caractériser la gestion de l’économie tunisienne, ajoute-t-il. Les gouvernements successifs ont cédé à la pression des syndicats pour gonfler la masse salariale de l’État : La compagnie aérienne publique Tunisair, qui est de facto en faillite, emploie deux fois plus d’agents que nécessaire (plus de 8 000) pour faire fonctionner une flotte vieillissante où même les pièces de rechange ne sont pas garanties. Les gouvernements successifs ont souvent recruté sous pression des personnes dont la seule qualification était leurs relations avec les partis au pouvoir. Souvent, ces recrutements ont servi à apaiser les manifestants, même s’il s’agissait de pourvoir des postes fantômes.

Un Etat devenu « prédateur » !

Malgré cette fuite en avant, souligne Ghilès, seuls 38,5 % des personnes en âge de travailler (15-65 ans, selon la définition de la Banque mondiale) sont employées, soit environ la moitié de leurs pairs dans l’Union Européenne. Le chômage des jeunes s’élève à 35,7 % et celui des diplômés universitaires à 30,1 %. Entre un tiers et la moitié de l’activité économique est informelle, échappant ainsi à l’impôt, tandis que la bureaucratie produit encore plus de formulaires à remplir, alimentant ainsi la corruption. L’État est devenu prédateur et se nourrit de ses jeunes, dont la plupart rêvent d’échapper à ce qui est pour eux une prison. Avec une contraction économique de 8,8 % en 2020 et aucun vaccin encore en place, les perspectives ne sont pas roses pour cette année.

Le président tunisien Kais Saied, élu il y a quinze mois, a déclaré la guerre totale à la corruption. Avant d’entrer au Palais de Carthage en décembre 2019, il était professeur de droit constitutionnel et n’avait aucune expérience politique. Ses manières pieuses ne plaisent pas à tous les Tunisiens, mais son honnêteté ne fait aucun doute et il a décidé de se battre. En tant que gardien de la constitution, il refuse de recevoir des ministres corrompus et est engagé dans une guerre ouverte avec Ghannouchi, qui est également président du parlement, d’où il observe une politique étrangère parallèle. Selon la constitution tunisienne de 2014, la diplomatie et la défense sont les prérogatives du chef de l’État, qui n’apprécie pas la concurrence de Ghannouchi.

Lorsque Saied a pris la décision sans précédent de recevoir les 27 ambassadeurs de l’Union européenne lundi soir, il a fait part de ses réflexions de manière très claire. Nombre des personnes présentes étaient heureuses de s’entretenir avec le chef de l’État et ont clairement indiqué que l’UE était prête à aider la Tunisie si un plan de réforme sérieux leur était présenté. L’attitude du président a été décrite par certains de ses détracteurs comme « rigide ». Mais, comme le dit le proverbe, « un poisson pourrit de la tête aux pieds ». En Tunisie, la tête n’inclut pas le chef de l’État. Mais il y a suffisamment d’autres acteurs qui se disputent ce rôle dans ce petit pays jeune, conclut Ghilès.

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