Figurant parmi les destinations courues par les étudiants africains, la Tunisie perd chaque année encore plus de son attrait universitaire même six de ses universités publiques sont dans le classement mondial “Times Higher Education Impact Ranking 2021” qui comprend 1 115 universités de 94 pays et les évalue par rapport aux 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.
Voici quelques années, pourtant, la Tunisie cultivait la réputation de permettre l’obtention d’un diplôme de niveau européen dans un pays moins cher que les pays européens et au visa plus facile d’accès. A un point tel que des étudiants de 25 nationalités africaines y venaient pour étudier, dont la plupart sont originaires du Tchad, du Mali, du Niger, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Sénégal, ou encore de RDC.
Les filières les plus prisées sont la médecine, les sciences juridiques, les lettres et les langues, ainsi que les écoles d’ingénieurs et d’agronomie. Motivés par les moyens techniques comme les laboratoires et les filières qui n’existent pas dans leurs pays, notamment dans les filières géologie ou pétrochimie, ces étudiants comptent sur leur diplôme pour être embauchés de retour dans leur pays.
C’est pour reconquérir ce statut que la Tunisie redouble d’efforts et cherche à faire en sorte que 10 % de ses étudiants de l’enseignement supérieur proviennent d’autres pays d’ici 2025. Avant la pandémie du coronavirus, environ 4 % des 240 000 étudiants inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur du pays étaient originaires de l’étranger, la majorité des étudiants entrants venant d’Afrique.
S’exprimant lors de la conférence Going Global 2021, le directeur général de la coopération internationale au ministère tunisien de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Malek Kochlef, a déclaré que le pays avait une stratégie visant à « renforcer sa position en tant que destination pour les étudiants internationaux ».
« Nous sommes en train de développer un nouveau programme pour attirer les étudiants internationaux, notamment en payant leurs frais d’inscription dans les [universités] du secteur public. »
Alors que les établissements du secteur privé demandent toujours aux étudiants internationaux de payer des frais, l’initiative du gouvernement a permis à la Tunisie d’atteindre un « nombre record » d’étudiants internationaux en 2020.
Des « niveaux raisonnables » d’inscriptions internationales
« Malgré la pandémie, en 2021, nous n’avons perdu que 2 % du nombre d’étudiants internationaux », a expliqué Malek Kochlef, cité par le site de l’enseignement international « The Pie », ajoutant que l’on continue de prévoir des « niveaux raisonnables » d’inscriptions internationales. « Cela est également lié à la façon dont nous avons géré les problèmes avec les étudiants internationaux pendant la pandémie », a-t-il ajouté.
En réponse à l’urgence, la Tunisie a fait pivoter sa politique d’hébergement des étudiants internationaux pour permettre aux étudiants confrontés à des difficultés économiques d’accéder à un logement. Un soutien psychologique et financier a également été proposé, a-t-il précisé .
Pour les étudiants qui n’ont pas pu arriver en Tunisie pendant la pandémie, un système d’examen centralisé créé par le ministère a fait passer des examens à environ 900 étudiants internationaux dans le monde.
« Nous avons utilisé comme espaces pour cela des universités dans [une vingtaine] de pays, mais aussi dans certains cas, même les ambassades de Tunisie et certains autres bureaux liés à notre ministère », a-t-il déclaré. « C’est quelque chose qui s’est très bien passé », s’est-il félicité.
En outre, les initiatives visant à faciliter le retour des étudiants internationaux dans le pays – notamment l’organisation de tests PCR et la mise en quarantaine dans des hôtels pour plus de 400 étudiants internationaux – ont permis aux autorités de « garder un lien avec les étudiants, mais aussi avec les pays qui les envoient ».
Attirer les étudiants sur une base individuelle !
« Nous attirons les étudiants sur une base individuelle, mais aussi par le biais de la coopération internationale ». « Nous attirons les étudiants sur une base individuelle, mais aussi grâce à la coopération internationale et à ceux à qui nous offrons des dispenses et des bourses », a-t-il assuré. « Et de cette façon, nous obtenons un niveau raisonnable du nombre d’étudiants internationaux pour cette année ».
La Tunisie cherche également à créer une agence similaire à UKCISA au Royaume-Uni pour « soutenir l’orientation et l’expérience de la vie étudiante en Tunisie ».
Pour atteindre son objectif de 10% d’étudiants venant de l’étranger dans les quatre prochaines années, la Tunisie développe divers programmes et maintient la coopération avec les pays africains.
« Les étudiants de plus de 40 pays africains viennent en Tunisie avec des bourses du gouvernement tunisien, mais [nous] développons aussi les possibilités que les étudiants viennent et qu’ils paient leurs frais dans les universités publiques et nous les encourageons à attirer et à retenir les étudiants internationaux. »
Encore faudrait il faire face au racisme latent qui existe chez plusieurs de nos compatriotes3