AccueilLa UNEL'acte d'accusation du justicier Saïed à l'usine de cellulose de Kasserine

L’acte d’accusation du justicier Saïed à l’usine de cellulose de Kasserine

Devant une douzaine de responsables, tendus comme un string, se frottant les doigts de crispation et de peur muette, alors que d’autres se croient obligés de faire acte (et paroles) d’allégeance devant lui, le visage, d’abord fermé puis déformé avec tous les rictus de la colère, le chef de tout l’Etat a discouru pendant plus de 33 minutes. Un dossier rouge de plusieurs chemises Kraft contenant des dossiers d’enquête et des chiffres à la pelle, Kais Saïed lisait son acte d’accusation dans le bureau du Pdg de la société de cellulose et d’Alfa de Kasserine. « La chose ne s’arrêtera pas à cette visite, il faudra prendre des décisions, et vite, pour épurer l’entreprise, toutes et l’Etat, de tous les infiltrés comme des cellules cancéreuses », dit-il menaçant.         Une entreprise publique, déficitaire et très endettéeLa SNCPA (Société nationale de cellulose et de papier Alfa) de Kasserine est en exercice depuis 60 ans et ne produit que 10 % de sa capacité réelle, possède différentes propriétés à Kasserine, Tunis et Sousse, et connaît des problèmes depuis les années 2000. « On commençait alors à vouloir vendre ces entreprises, qui étaient bénéficiaires », disait le président de la République.En 2020, selon les chiffres officiels du ministère des Finances, la SNCPA enregistrait un déficit de 43,6 MDT (sans compter les 425,1 MDT en reports négatifs) et était déjà déficitaire de 38,1 MDT à l’exploitation, malgré un résultat de revenus positifs de 3,1 MDT. La même année où elle dépensait 24,6 MDT en salaires pour 829 employés, ses fonds propres étaient négatifs de 435,3 MDT, et sa dette cumulée était de 463,2 MDT, dont 64 MDT pour les banques, et 259,7 MDT pour l’Etat.

A la SNCPA, Kais Saïed s’est ensuite lancé dans un réquisitoire rageur avant terme et tout en gestuelle, contre ceux qui ont volé l’argent, du pays et l’entreprise où la fabrication de la pâte d’Alfa a cessé depuis des années où l’usine est à l’arrêt. « L’argent, nous l’avons, mais il est volé par ceux qui ont fait main basse dessus », disait-il comme pour expliquer la disette budgétaire.

  • Les accusations comme un verdict

Dans le dossier, exposé en public par un chef d’Etat qui fait preuve d’une presque outrageuse transparence qui épargnait tout de même les noms, contenait la signature en 2005 d’un accord avec un investisseur qui était proche de l’autorité. En 2008, location d’un local abritant les engins pour la somme de 12.800 DT. Le dossier parle aussi de produits chimiques, qui étaient achetés chez la Sonede, et que l’entreprise faisait importer de l’étranger à travers des privés. « Nous ne disons pas que le privé ne doit pas travailler, mais il s’agit là d’entreprises publiques et on doit les préserver », se rattrape ensuite le chef de tout l’Etat tunisien, pour qu’on ne l’accuse pas de ne pas aimer les privés.

L’acte d’accusation de Saïed évoque aussi l’acquisition d’une chaudière thermique auprès d’une entreprise étrangère et qui est restée inutilisée, l’entreprise étrangère ayant refusé de donner les codes d’accès. Le marché de 1, 999 MUS a ensuite été annulé pour la somme de 1 M€, occasionnant des pertes à l’entreprise. Une action poudre aux yeux a été entreprise sur cette chaudière (Ndlr : du temps de Neila Gonji ?), mais elle ne travaille qu’à une partie de sa capacité. Et aussi, du matériel, y compris informatique, « importé non-conforme aux normes, en millions DT, par des lobbies ligués pour détruire les entreprises ».

L’accusation souligne encore que des affaires ont été conclues avec des clients douteux, par complaisance et népotisme, avec nombre d’entreprises depuis 2003. Des dettes toujours impayées de 11 MDT et l’affaire est en cours depuis 20 ans. Le cas également d’un contrôleur qui a dérobé 400 mille DT, en garantie d’une traite et n’a remis aucun chèque à la trésorerie de l’entreprise, ni l’avoir remis à la banque jusqu’à ce jour. Manque de pièces de rechange pour la somme de 1,829 MDT durant la période 2017 à 2019, suite à des vols et des détournements.

  • « Tout est documenté par les chiffres et les noms »

Des employés mutés de force, coupables d’actes de corruption, ayant  refusé un ensemble de marchés suspects et ont été donc éloignés. Des personnes ont été nommées, dont une jusqu’à maintenant à la tête d’un service, alors qu’elle n’avait pour toute qualification qu’un certificat d’études primaires, et d’autres recrutées sans jamais travailler et qui reçoivent toujours des salaires. Une personne, comptant encore parmi les employés, a quitté le pays en 2023 à travers le point de passage frontalier de « Bouchebka », sans qu’aucune décision ne soit prise à son encontre et pour son cas. « Peut-être a-t-il senti que le bras de la justice l’atteindra, et vous connaissez le nom », dénonçait le justicier présidentiel. Et ce dernier de s’en prendre directement aux membres d’un parti politique du « Front National », qui « manifestent sur le perron du théâtre municipal à Tunis, et qui comptent dans leurs rangs des personnes qui ont volé et ont mis la main sur les biens de la Nation ».

Changement de la plaque d’immatriculation d’une voiture de l’Etat. Un chargé de communication l’aurait donnée à une entreprise privée. Une personne qui a acquis une imprimerie, sur intervention de celui qui dirigeait l’information du pays, vous le connaissez, et il dirige toujours certains journalistes (Ndlr : AA ?), qui est jusqu’à présent en lien avec le ministère de l’Education et le CNP. La même chose, avec les mêmes relations, pour une autre personne. Les deux ont fait recruter des employés à l’entreprise pour accéder et remporter des marchés du ministère.

  • « Des personnes supposées défendre les employés sont impliquées »

Blanchiment d’argent et trafic par changement du grammage du papier, dans l’industrie du livre. « Tout est documenté par les chiffres. Nous avons les noms, et tous les responsables, de la période 2000 à aujourd’hui qui ont ABATHA, seront traduits en justice. Beaucoup de ceux qui palabrent sur les plateaux TV, sont responsables de ce qui se passe. Des personnes, supposées défendre les employés, sont inclues, et nous avons les noms », martelait Kais Saïed en pointant de l’index les preuves dans son dossier rouge.

« Alors que les ouvrières de l’Alfa travaillent jusqu’au sang, ce sont les barons qui prennent tout et le vendent à leur profit. Ceci, alors qu’elles auraient pu s’organiser en sociétés sociales et en bénéficient elles-mêmes. D’autres, dans les hôtels, les ambassades et les pays occidentaux, complotent contre la Tunisie pour la « sauver ». S’ils étaient sincères, ils auraient sauvé ceux qui souffrent depuis des décennies, qui ont fait l’histoire et dont ils veulent les sortir. Nous ne laisserons pas la Tunisie aux voleurs. Aujourd’hui ils parlent des élections, comme si être président est une lubie », termine Kais Saïed. A partir de la minute 45 de la vidéo immortalisant cette visite, c’est un véritable bain de foule nocturne, digne des meilleures campagnes électorales, que s’offre l’actuel président.

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1 COMMENTAIRE

  1. Il y a de quoi se demander si le président ne veut pas instaurer un régime communiste où l’état monopolise des secteurs de l’économie.
    Or tout le monde sait que le communisme et le socialisme ont échoué partout dans le monde.
    Ne sait-il pas que toutes les sociétés et compagnies étatiques sont déficitaires à cause de la mentalité du « rizk El bilik » dominante chez tous les employés, du simple ouvrier aux directeurs et au PDG.
    Par conséquent, il est impossible de réformer toutes ces sociétés et continueront à fonctionner avec les compensations de l’état, donc avec l’argent du contribuable et le gouffre ne sera jamais comblé.

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