Le chef du Shin Bet (Agence de sécurité israélienne), Ronen Bar, a remis lundi à la Haute Cour de justice sa déclaration sous serment concernant sa révocation par le gouvernement, quelques minutes seulement avant l’heure limite de 12 heures. « À ce jour, la raison de mon licenciement n’est pas claire pour moi. Mais les événements qui se sont déroulés au cours des derniers mois indiquent une chose : à la fin de l’année dernière, la décision de me licencier a été consolidée. Elle n’était pas fondée sur des critères professionnels, mais sur l’attente de Netanyahou que je lui sois personnellement loyal », a écrit Bar.
C’est ce qui a conduit à la décision de le pousser vers la sortie, accompagnée d’une campagne bien orchestrée sur les médias sociaux contre moi et contre l’agence », écrit-il.
Il a également révélé qu’il avait refusé de fournir un avis juridique qui empêcherait Netanyahu de fournir un témoignage cohérent lors des audiences de son procès pénal. Il a déclaré par le passé qu’il n’avait trouvé aucune contrainte de sécurité empêchant le témoignage cohérent de Netanyahou. Dans la déclaration sous serment, il écrit qu’il a subi des pressions pour signer un document rédigé par l’équipe du premier ministre indiquant que les témoignages devaient être totalement privés, et interdits à la presse.
Il a ajouté qu’un projet d’enquête du Shin Bet datant du 7 octobre avait été remis au bureau de Netanyahu. Il y décrit l’aveu de l’échec de l’agence à empêcher le 7 octobre, ainsi que la politique à long terme qu’elle a menée à l’égard de la bande de Gaza, ainsi que les avertissements répétés que l’agence a adressés à l’échelon politique, avertissements qui ont été ignorés.
En outre, un document classifié joint à la déclaration sous serment décrit précisément comment Hamas s’est construit, brique par brique, sous le nez d’Israël, grâce à des fonds qataris et à une politique de défense particulière.
Bar a fait part de sa profonde inquiétude quant à la capacité des prochains chefs des services de renseignement à maintenir le professionnalisme de l’agence et à ne pas se laisser perturber par les pressions extérieures.
Netanyahou a dit à plusieurs reprises à Bar qu’il s’attendait à ce que l’agence opère contre des civils participant à des manifestations contre le gouvernement et sa politique.
Les manifestations contre le gouvernement ont commencé après que le ministre de la justice, Yariv Levin, a annoncé ses projets controversés de réforme de la législation judiciaire, et se sont poursuivies jusqu’à ce qu’elles prennent la forme de prises d’otages après le 7 octobre. Depuis lors, l’annonce d’enquêtes a incité certains à considérer que le gouvernement avait perdu le droit de représenter la volonté du peuple.
Bar a indiqué qu’« il m’a été clairement signifié » qu’en cas de conflit judiciaire concernant le mouvement de protestation, on s’attendait à ce que Bar obéisse au premier ministre et non à la Haute Cour.
Il a ajouté que le « manque de confiance » invoqué par Netanyahu comme motif de licenciement n’a été porté à son attention que lorsque la question a été soulevée sur le plan juridique.
Le chef du Shin Bet enfonce Netanyahou dans sa déclaration sous serment à la Haute cour
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