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Le danger de l’islamisation, forcée mais en sourdine, pointe de nouveau son nez

En France, la séparation de l’Église et de l’État ne s’était faite qu’en 1905 et le principe de la laïcité de l’Etat n’a été constitutionnalisé qu’en 1958. Et c’est cette séparation qui avait, plus tard encore, rendu possible le développement économique et social, en France comme dans le reste de l’Europe. Un siècle après, le monde arabe se retrouve toujours empêtré dans les mêmes dégâts de la guerre ouverte entre Etat et religion. Et c’est ledit «printemps arabe» qui remit de l’huile sur le feu de cette guerre, larvée depuis des siècles, dans tout le monde arabe. Et c’est la Tunisie qui se retrouve, en première ligne et donnée en chair à canon, pour cette guerre relancée par ledit printemps.

  • Séparer, clairement, l’Etat de la Mosquée.

La Tunisie n’a toujours pas, depuis bientôt neuf années, réussi sa transition politique. Avec plus de 200 partis politiques et 8 groupes parlementaires, il reste difficile pour cette scène politique hétéroclite et instable de s’entendre sur quoi que ce soit. La Tunisie peine même à entamer sa transition économique, faisant reculer chaque année les douloureuses réformes auxquelles cette transition oblige.

Une autre transition, transversale, a été perfidement oubliée, celle de la séparation Etat/Mosquée. Une transition que les Islamistes d’Ennahdha évitent d’évoquer, tant ils la refusent, car étant au cœur même de leur projet politique et sociétal pour la Tunisie dès qu’ils l’ont envahie en 2011. C’est pourtant cette transition qui reste le nœud gordien de l’essentiel des difficultés que connait la Tunisie. Le rapport entre pouvoir et religion n’étant pas définitivement clarifié, depuis 2011 dans la Constitution née d’une Assemblée Constitutionnelle sous influence des premiers effets rêveurs de la révolution, perturbe encore toute l’action gouvernementale.

Ce rapport instable et controversé lui rallume en effet à chaque fois un foyer de tension d’ordre religieux, comme l’affaire de l’école de Regueb, ou en lien direct avec le religieux, comme pour les cas des différents attentats terroristes perpétrés en Tunisie.

Des foyers dont l’un des impacts premiers a été de redimensionner le budget où le souci sécuritaire prend obligatoirement le pas sur le souci du développement. Des foyers aussi qui fragilisent l’autorité de l’Etat et poussent d’autres parties, comme les syndicats ouvriers, à profiter du vide autoritaire et disciplinaire, pour presser l’Etat et lui créer d’autres soucis, tout aussi importants que la sécurité, et qui se résument dans la paix sociale, dont l’absence impacte la stabilité politique et gouvernementale.

Epine dorsale de cette instabilité bien que faisant partie de tous les gouvernements de l’après Ben Ali, le parti Ennahdha qui est le porte-drapeau des Islamistes tunisiens revenus d’Europe où ils étaient tous sous la houlette des «Frères Musulmans» reste l’élément perturbateur par excellence de la vie, politique et sociale, mais même aussi économique par leurs liens avec la Turquie pour ne citer que ce pays et leurs liens financiers avec d’autres pays comme le Qatar.

  • L’institut Montaigne l’affirme : «Les islamistes tunisiens sont contestés par une majorité de la population»

«Le mouvement Ennahdha suscite à la fois l’enthousiasme et la méfiance : un enthousiasme pour une expérience prometteuse sur la voie de la démocratisation de l’expérience islamiste, et une méfiance envers un pragmatisme politique islamiste qui serait prêt à sacrifier certains principes idéologiques pour rester dans les rouages du pouvoir. Toute l’histoire du mouvement semble découler de ce dualisme qui influence les écrits et les avis le concernant», pouvait-on lire dans un rapport de l’Institut Montaigne, publié en septembre 2018, sous le titre «La fabrique de l’Islamisme».

La répartition de l’enthousiasme et de la méfiance est visible entre les régions intérieures, du Nord et du Sud-ouest où le Djihadisme se mêle facilement à la contrebande et au marché parallèle, et les régions côtières traditionnellement plus ouvertes et ancrées dans le secteur économique formel.

«Les islamistes tunisiens sont contestés par une majorité de la population qui les accuse d’adopter un double discours et de dissimuler leur objectif final qui serait l’islamisation de la société tunisienne. Les tunisiens «progressistes» redoutent toujours la capacité du mouvement islamiste à activer son logiciel religieux dans la bataille politique, malgré la décision de son dixième congrès de séparer le corps des prédicateurs du corps politique79. Ils redoutent, surtout, une base de militants Nahdhaouis, plus proches du Salafisme que de l’islam éclairé prôné par leurs leaders qui, en abandonnant pacifiquement le pouvoir en 201380, ont voulu intégrer et enraciner définitivement Ennahdha dans la tradition politique tunisienne et nier tout lien avec les Frères musulmans», explique encore Hakim El Karoui, auteur du rapport de l’Institut Montaigne.

Les Tunisiens «progressistes», comme les appelle l’auteur du rapport, n’arrivent toujours pas à oublier ce qu’avait dit Rached Ghannouchi, «Frériste» converti en démocrate, aux extrémistes religieux, devenus depuis et pour beaucoup des Djihadistes, dans la fameuse vidéo d’octobre 2012. Presque toutes les «recommandations» faites par Ghannouchi aux extrémistes qu’il rencontrait ce jour-là ont été mises en pratique : infiltrations des institutions de l’Etat (Affaire de l’appareil secret), les tentes de prêche, l’embrigadement des jeunes que les extrémistes, mais pas qu’eux, récupèreront plus tard (affaire des circuits d’envoi des Djihadistes en Syrie où des Nahdhaouis sont fortement soupçonnés de connivence).

Ils n’oublient pas, non plus, celle de l’actuel vice-président de l’ARP, le Nahdhaoui Abdelfattah Mourou, lors de sa funeste rencontre avec le prédicateur Wajdi Ghenim de février 2012.

L’affaire de la Madrasa coranique du Regueb, un exemple et non une exception, a ravivé ce sentiment de méfiance envers Ennahdha. Elle confirme aussi que l’Islam politique a très probablement échoué et que les tentatives d’islamisation et de changement du modèle sociétal tunisien demeurent et menacent toujours l’expérience démocratique tunisienne. Mais aussi tout le modèle sociétal qui lui apporte tourisme et investissements étrangers. Ces tentatives n’ont en fait jamais disparu, mais ont été mises en sourdine, cachées par certains droits que les Islamistes tunisiens s’étaient accordés par la Constitution de 2014.

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