AccueilLa UNELe dé-confinement, une délivrance, mais le virus est encore virulent!

Le dé-confinement, une délivrance, mais le virus est encore virulent!

Il y a de quoi pavoiser dans les chaumières au lendemain des chiffres qui décrètent que la Tunisie est totalement indemne de nouveaux cas de contamination par  le coronavirus avec en prime l’annonce de zéro décès mais aussi de centaines de guérisons. Sans doute ce bilan a-t-il été compris, indiscutablement à tort, comme la fin de la pandémie en Tunisie, mais il est évident qu’il est  perçu comme une délivrance au terme de longues semaines de confinement censément total, auquel il arrivait, cependant, d’être souvent enfreint.

Le soulagement est d’autant plus acclamé qu’il coïncide avec un net assouplissement des règles et des mécanismes régissant cette longue quarantaine ayant durement frappé l’économie du pays et privé de larges pans de sa population de leur gagne-pain, et leurs maigres moyens de subsistance. Des centaines de milliers de personnes  qui vivent de petits boulots, des indépendants qui exercent, pour l’essentiel, dans le secteur informel, n’ayant pas accès à une partie des mesures d’atténuation prises par l’Etat,  par exemple, l’allocation de chômage technique.

 Mais le soulagement est beaucoup plus évident dans un pays qui, situé juste en face de l’Italie, un des premiers épicentres du virus, craignait d’être le prochain à subir une importante vague d’infections qui pousserait son fragile système de soins de santé à un point de rupture. Un tourment apparemment dissipé alors que la Tunisie semble avoir tenu le virus à distance, enregistrant de moins en moins de nouvelles infections et s’engageant dans le dé-confinement.

« Malgré un système de santé affaibli par des problèmes structurels, la Tunisie a été capable de répondre à la pandémie de COVID-19 de manière exemplaire », a déclaré un  cadre médical  dans la ville côtière de Monastir, à Al-Monitor. « Même avec ses ressources financières limitées, il y a eu une forte détermination du personnel médical et paramédical et une formidable mobilisation de la société civile ». Avec seulement quelques petites centaines  de cas positifs de COVID-19 au 10 mai, le taux d’infection de la Tunisie est bien inférieur à celui de la plupart des États européens et nord-africains. L’Algérie et le Maroc comptent chacun au moins 2 500 cas , ainsi qu’un nombre plus élevé de cas par habitant, tandis que l’Italie, l’Espagne et la France, pays voisins, sont beaucoup plus touchés, enregistrant entre 50 000 et 100 000 cas.

Un succès relatif mais décisif

Le succès relatif de la Tunisie, qui a assoupli son confinement le 4 mai, est largement dû à des mesures préventives précoces, selon les professionnels de la santé, notamment la quasi fermeture des voyages internationaux, les quarantaines obligatoires pour les personnes entrant dans le pays et un confinement et un couvre-feu stricts à l’échelle nationale. « Le gouvernement tunisien n’a pas attendu que de nombreux cas positifs de COVID-19 soient enregistrés pour réagir, très tôt, en prenant des mesures préventives strictes afin d’endiguer la pandémie », déclare un médecin, cité par la même source. « Dans d’autres pays, nous avons vu des matchs de football avec des stades bondés ou des élections politiques organisées qui ont favorisé la propagation du virus ».

Le 22 mars, la Tunisie a commencé à mettre en place un dispositif de confinement national, alors qu’elle ne comptait que 75 cas confirmés. Le Royaume-Uni, en revanche, n’a imposé un embargo national que lorsqu’il a enregistré plus de 6 000 cas, tandis que l’Italie n’a pas bougé  avant d’en avoir enregistré plus de 9 000. La Tunisie a également pris la première mesure en mettant en quarantaine les patients présentant des symptômes légers dans des établissements désignés comme des hôtels plutôt que de les isoler chez eux comme en Italie – une politique que les médecins considèrent maintenant comme une faille fatale.

Les responsables du gouvernement tunisien, quant à eux, ont instillé un sentiment d’urgence parmi la population, en appelant les citoyens à prendre les précautions sanitaires au sérieux et à respecter les ordres d’isolement. Les groupes de la société civile et les entreprises privées ont  joué un rôle important dans la lutte contre le virus. De  nombreuses start-ups et des groupes de la société civile se sont mobilisés pour développer et fournir des équipements de protection médicale innovants aux hôpitaux et fournir des colis d’aide à ceux qui en ont besoin.

Mais pour autant que la Tunisie ait fait des progrès, les responsables avertissent que la crise est loin d’être terminée. Et certains craignent que l’assouplissement des restrictions et l’augmentation des déplacements pendant le mois de jeûne du Ramadan ne conduisent à une nouvelle flambée.

 « Nous avons réussi à contenir une première vague, mais celle-ci est temporaire car elle dépend de la conduite et de l’engagement des citoyens dans les jours à venir », a déclaré le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki,  lors d’une conférence de presse le 29 avril. « Nous ne sommes pas à l’abri d’une deuxième vague ».

Gare aux tensions  sociales !

Tout aussi inquiétantes sont les retombées économiques durables de la crise, qui a décimé les entreprises locales et fait payer un lourd tribut aux plus vulnérables de Tunisie, qui doivent maintenant se contenter d’une maigre aide mensuelle de 200 dinars tunisiens de la part du gouvernement. Pour ceux qui n’ont ni emploi ni revenu, il y a peu à espérer. Le Fonds monétaire international estime que l’économie tunisienne se contractera de 4,3 % cette année, tandis que le chômage devrait bondir à 25 %.

L’économiste tunisien Elyes Jouini, s’exprimant lors d’une conférence en ligne le 7 mai sur l’impact économique du coronavirus, a déclaré que le pays a un besoin urgent d’une « réponse économique structurée … sinon les tensions sociales – qui étaient déjà présentes avant COVID-19 – pourraient être dévastatrices dans les prochains mois ».

Les professionnels de la santé, souvent à court de personnel et sans équipement adéquat, recherchent également un soutien plus important de la part du gouvernement. L’un d’eux a  souligné que de nombreux hôpitaux, en particulier dans les régions rurales et intérieures, manquent de ressources essentielles, telles que des appareils d’assistance respiratoire, des spécialistes médicaux et certains équipements de protection qui sont essentiels pour lutter contre COVID-19.

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