AccueilLa UNELe ministre qui met à mal, et dans l’embarras, son patron !

Le ministre qui met à mal, et dans l’embarras, son patron !

Être un bon ministre, c’est d’abord être un bon communicateur, et surtout lorsque vous êtes bousculé par la presse à la sortie d’un séminaire. C’est dans ces moments critiques qu’il faut savoir raison garder, bien faire tourner sa langue dans sa bouche plusieurs fois avant de parler et dire les choses qui ne vous feront pas ressembler à Rached Ghannouchi. Ce dernier est en effet connu par sa courte mémoire et sa langue qui fourche, capable de nier tout ce qu’il avait dit un jour et d’accuser les autres d’avoir soit mal interprété ses dires ou de les avoir sortis de leur contexte.

Le 5 mars dernier à la sortie d’un séminaire de l’Utica sur le sujet du coût de l’énergie pour les entreprises, le ministre de l’Industrie et des PME, Slim Fériani, apportait un démenti catégorique aux premières alertes sur une possible augmentation des prix des hydrocarbures. «C’est moi, le ministre de l’Industrie devant vous, qui vous dit qu’il n’y aura pas d’augmentation», disait-il alors à notre journaliste et à tous les médias qui l’avaient assailli de leurs micros.

Le ministre avait certainement oublié que cette nouvelle hausse était déjà inscrite dans la loi de finance 2019. Comment cela est-il possible pour un ministre ? Ou alors voulait-il simplement cacher le soleil avec un tamis, ou surprendre des citoyens qui se relevaient à peine de l’avant-dernière hausse des prix ?

A moins qu’il n’ait pas lu cette loi, et tout ce qu’elle prévoyait en matière de compensation des hydrocarbures (Faire des économies sur les dépenses, de la Steg et de la Stir, dans le cadre d’un contrat de bonne gestion. Introduire des augmentations périodiques sur les prix publics des hydrocarbures. Consacrer une enveloppe de 2.100 MDT pour la compensation).

Slim Fériani ne pouvait pas commettre la grave erreur de se tromper en niant toute volonté de hausse, moins d’un moins avant sa propre décision. Peut-être aurait-il dû préciser qu’il n’y aura pas, «pour le moment» ou à la date du 5 mars 2019, de nouvelle augmentation. Or, ce n’est pas ce qu’il avait dit.

Mieux, il affirmera, le 21 mars, qu’il n’y aura pas d’augmentation. Il confirme ainsi ce qu’il avait dit une quinzaine de jours plus tôt !

Or, il aurait plutôt dû rappeler le texte de la loi de finance 2019, en lien avec le mécanisme, déjà connu, de correction des prix à la pompe. Or, il n’avait pas eu la présence d’esprit de dire tout cela et s’était laissé aller au plaisir de démentir la presse. Cela est une faute grave, en matière de communication.

Une ancienne ministre avait payé très cher une pareille erreur sur le coût de change du Dinar tunisien ! L’erreur, plus grossière du ministre, en matière de communication, était de sortir de nouveau sur les médias pour nier qu’il avait nié, moins d’un mois plus tôt, la hausse des prix.

Du coup, des villes s’enflamment, des professionnels fulminent et des camionneurs ferment l’autoroute, pour exprimer leur colère face à une nouvelle hausse, mal expliquée par le ministre en charge de la question des prix des carburants. Les syndicats montent en première ligne et dénoncent la hausse. Encore une opportunité d’attaquer le chef du gouvernement leur était servie, comme à Mongi Rahoui du Front Populaire, sur un plat par un ministre du même gouvernement conduit par Youssef Chahed. Du coup aussi, c’est le chef du gouvernement qui se trouve obligé de corriger l’erreur de son ministre, en rappelant que la hausse était une décision difficile et qu’elle était déjà prévue par le loi de finance de 2019. Ce qui aurait dû être dit, depuis le 5 mars, par un ministre qui a des lacunes graves en matière de communication. Des lacunes qui mettent dans l’embarras le chef du gouvernement, déjà quelque peu mis à mal par le récent sondage d’Emrhod, qui baissait de plus de 4 points le taux de confiance des Tunisiens dans l’évaluation de son travail !

Il fut un temps où toutes ces augmentations étaient passées en pleine saison estivale et annoncées à minuit. D’abord pour éviter toute mauvaise utilisation de l‘information et les délits d’initié, ensuite pour que cela ne fasse pas de vagues. Désormais ce n’est plus le cas. Le seul antidote, c’est la bonne communication. En cas de défaillance, tout ministre pourrait devenir, et engendrer même, un sinistre !

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