AccueilLa UNELe Nexus eau-énergie-alimentation : Des potentiels inexplorés pour la Tunisie

Le Nexus eau-énergie-alimentation : Des potentiels inexplorés pour la Tunisie

Cela fait plusieurs années que la Tunisie s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre en plaçant la question cruciale du changement climatique en tête de son agenda politique et économique, conformément à ses efforts pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et les mandats de l’Accord de Paris. En fait, la Tunisie est le premier pays de la région MENA à reconnaître dans sa nouvelle Constitution l’obligation pour l’Etat de « fournir les moyens nécessaires à l’élimination de la pollution de l’environnement ».

Alors que le pays est classé 69e sur 185 pays dans l’indice ND-GAIN 2021, il est actuellement confronté à une grave crise du changement climatique en raison d’un certain nombre de facteurs politiques, géographiques et sociaux. Dans une enquête menée par la Banque européenne d’investissement (BEI), 84 % des Tunisiens déclarent que le changement climatique affecte déjà leur vie quotidienne, 52 % estimant qu’il a affecté leur revenu et leur source de vie, tandis que 83 % sont favorables à de nouveaux investissements dans les énergies renouvelables. Le pays devrait encore subir les effets négatifs de la hausse des températures, de l’augmentation de l’aridité, de la diminution des précipitations et de l’élévation du niveau de la mer.

Selon une étude financée par l’Union Européenne, cette situation sera exacerbée par les besoins sociaux et de développement de la population, qui se traduiront par une demande accrue d’eau, d’énergie et de nourriture, ce qui entraînera une utilisation durable des ressources et une stagnation de leur renouvellement. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, la Tunisie compte 12,5 millions d’habitants (2023), avec un taux de croissance démographique annuel moyen de 1,1 %, et devrait atteindre 13,8 millions d’habitants d’ici 2050.

On estime que 69 % de la population actuelle réside dans des zones urbaines, et que cette proportion devrait atteindre 80 % en 2050. De plus, la région côtière accueille la plupart des activités du pays et 2/3 de la population, ce qui rend plus de personnes vulnérables aux menaces dues à l’élévation du niveau de la mer. L’érosion des plages a déjà été observée, ce qui pourrait avoir un impact social et économique sur le pays qui dépend fortement du tourisme balnéaire comme source vitale de revenus et d’emplois (contribuant à près de 5 % du PIB du pays).

C’est pourquoi le gouvernement tunisien reçoit le soutien d’un certain nombre d’organisations internationales, telles que les Nations unies, la Banque mondiale et la GIZ, pour l’aider à mettre en œuvre une stratégie climatique qui l’aiderait à surmonter la crise actuelle.

L’urgence de nouveaux modèles réglementaires et financiers

En Tunisie, relever les défis existants en matière d’environnement et de ressources nécessiterait une coopération de haut niveau entre les secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation afin d’anticiper les compromis et de tirer parti des synergies intersectorielles, ainsi qu’un engagement actif des acteurs locaux, des entreprises privées et des investisseurs afin d’assurer la formulation, la mise en œuvre et l’adoption de politiques nationales adéquates.

La Tunisie devrait poursuivre le développement et la mise en œuvre de nouveaux modèles réglementaires et financiers innovants pour accroître l’efficacité, en particulier pour les services publics (par exemple, des incitations économiques et des subventions réduites pour promouvoir une utilisation efficace de l’eau dans l’irrigation et des variétés de cultures à faible consommation d’eau) tout en mettant en œuvre des programmes d’économie d’énergie pour les clients et de nouvelles approches de l’approvisionnement en électricité, y compris les énergies renouvelables. Cela nécessitera de réviser le tarif de l’énergie pour le pompage de l’eau afin de promouvoir l’efficacité énergétique et de renforcer le pompage solaire dans le secteur agricole, tout en soutenant la recherche et le développement technologique pour permettre au secteur de l’électricité de faire face plus efficacement au changement climatique.

Il est nécessaire de renforcer l’application des lois existantes sur la conservation de l’eau ainsi que la coopération transfrontalière pour la gestion durable des ressources en eaux souterraines tout en renforçant la gestion de la demande en eau (y compris par des programmes d’économie d’eau), ce qui nécessite la prise en compte des besoins environnementaux dans le bilan hydrique de l’aquifère.

Il est enfin vital de mettre en place des politiques agricoles orientées vers une agriculture rationnelle, durable et productive et de développer un programme durable pour des énergies renouvelables diversifiées et polyvalentes et une irrigation solaire à petite échelle durable.

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