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Le secret de «Robocop» levé. Simple devanture publique pour les FTL de «Lénine» ?

Natif de Beni Khiyar au Cap Bon. Agé de 61 ans, il est marié à la juge Ichraf Chebil née à Téboulba dans la région du Sahel. Kais Saïed (KS) reste jusqu’ici une véritable énigme politique, renforcée par le visage toujours impassible, sans expression et une personnalité impénétrable, du personnage. L’outsider qui est déjà confirmé candidat pour le second tour de la Présidentielle anticipée 2019 en Tunisie, fait déjà l’objet d’une cabale sur les réseaux sociaux. C’est que l’homme intrigue et pose un vrai problème de vote pour ceux qui n’aiment pas son concurrent Nabil Karoui. Loin de tout esprit de participation à cette cabale médiatique, nous avons cherché et trouvé beaucoup d’informations concernant Kais Saïed. Une compilation d’informations, tout aussi intrigantes.

L’homme donne tous les gages d’un véritable antisystème, par son silence, sa posture, sa manière de parler, sa façon faire de la politique. Mais l’homme donne aussi l’impression, après une recherche fouillée sur les pages de ses soutiens et leur historique, de n’être manifestement qu’une devanture publique, pour un mouvement de jeunes révolutionnaires, qui rêvent de refaire le monde et le façonner à la manière de l’ancien empire soviétique des années du début du siècle.

  • Saïed, le seul vrai antisystème

Toujours droit dans ses bottes, raide comme un balai, et avec une diction parfaite et robotique en arabe littéraire, le candidat a été élu en 1ère place, sans même prendre la peine de présenter un quelconque programme électoral. Contacté par nos soins, Kais El-Amri de la coordination de Sousse dément en effet l’existence de tout programme du candidat, tel que celui qui circule sur les réseaux sociaux et assure que KS en présentera un prochainement.

Le candidat a fait campagne, manifestement depuis des années, dans le silence média le plus complet et en dehors de tout ce qui est conventionnel, pour ce genre de campagne électorale. Il n’a pas de directeur de campagne, ni porte-parole, ni des coordinations régionales, ni subvention de l’Etat, dit-il lui-même. L’exemple même de l’anti-systématisme, au moins jusque-là dans la logistique.

Il n’a pas de bureau électoral et ceux qui y officient sont généralement des étudiants volontaires, à 22 % des filles et à 18 % des garçons, qui font tout par leurs propres moyens, y compris financiers. 37 % de son électorat se recrute dans la tranche d’âge 18/25 ans et 20,3 % entre 26 et 45 ans, selon Sigma Conseil. Ce n’est pas un hasard non plus pour l’enseignant universitaire qu’il est que 20,6 % de cet électorat de Saïed soit issu de l’enseignement secondaire et 24,7 % de l’enseignement universitaire, selon la même source.

Un groupe fb fermé, dénommé «Groupe révision Capa/ magistrature/ ENA », où est affiliée Besma Belaid (la femme de Chokri Belaid) entre autres juristes et étudiants du même secteur, compte un peu plus de 22.000 étudiants en Droit, suivis par 645.000 personnes qui sont parmi ses plus fervents soutiens «pour rendre justice aux détenteurs de hauts diplômes», dit l’un des posts fb.

Manifestement administrateur de cette page, l’avocat Lotfi Attia assure que les fans de Saïed sont «en voie de constituer le plus grand parti de la jeunesse tunisienne, pour éliminer totalement tout le système».

  • Ridha El-Mekki, maître à penser de Kais Saïed ?

Sur la page de l’un de ses disciples (Kais Karoui), l’ancien étudiant à la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis devenu inspecteur d’enseignement secondaire au ministère de l’Education nationale, Ridha Chiheb El-Mekki, plus connu sous le nom de «Ridha Lénine» et qui l’accompagne partout ou presque, est défini comme «l’un des fondateurs du Wataj avec entre autres Chokri Belaid». Le Wataj est un mouvement estudiantin, né dans la scission de «l’UGET, lors de son 25ème congrès, en deux tendances. D’un côté, les syndicalistes radicaux (extrême gauche), les étudiants nationalistes, les baathistes et les patriotes démocrates à l’université (Wataj). De l’autre, les étudiants proches du Parti des travailleurs, du Parti unifié des patriotes démocrates, du parti Taliâa (d’avant-garde) arabe démocratique (baathistes), du Parti socialiste, de la Voie démocratique et sociale, de la Ligue de la gauche ouvrière, etc…», pouvait-on lire sur Wikipedia.

Dans un très long manifeste, en date du 7 novembre 2011 sur la page officielle des FTL (Forces de la Tunisie Libre), Ridha Chiheb El-Mekki s’adressa aux «peuples du monde », les interpellant par un «levez-vous, car vous êtes les seuls capables de provoquer le changement radical de la gouvernance et de la société (…).Vous, Peuple tunisien, vous vous êtes soulevé et vous avez allumé une révolution qui est en train de se propager dans toutes les capitales mondiales. Vous êtes capable d’opposer à la crise du Conseil National Constitutif et son incapacité à réaliser vos objectifs une solution populaire nouvelle, une alternative populaire orientée directement vers l’établissement des conseils populaires locaux et régionaux. Des institutions capables de répondre aux demandes expresses (à court terme) et capables de planifier et de construire un projet de développement sociétal (à moyen terme)».

Kais Saïed répètera, huit années plus tard lors de son passage dans le Grand Débat télévisé, cette rhétorique presque au mot, reprenant celui qui semble être le vrai théoricien du mouvement de l’universitaire. «Nous construisons actuellement une nouvelle Tunisie, et le peuple concrétisera, avec l’aide de Dieu, toute sa volonté (…). Le peuple sait ce qu’il veut et nous devons lui donner les outils juridiques nécessaires qui lui permettent de concrétiser sa volonté. Les programmes doivent venir des jeunes. Ils savent ce qu’ils veulent et on doit leur donner les outils qui leur permettent d’accéder à la position de confection de la décision. Une décision qui sort du cantonal vers le central, en passant par le régional». Questionné par Shems FM sur comment compte-t-il résoudre le problème de chômeurs et des marginalisés, Saïed répond sans hésitation que «on leur donnera le pouvoir». Une sorte de Jamahiriya, commentent des Tunisiens.

Dans la «Matinale de Shems FM» du 5 septembre 2019, il propose «des élections d’assemblées locales dans chaque délégation, sur la base individuelle qui doivent être parrainées et investies par des électeurs. Le mandat, donné sur tirage au sort, peut être retiré à tout moment, si le candidat n’a pas réalisé ce qui est convenu». Un nouveau modèle politique donc, excentré, et sociétal aussi.

On remarquera (Voir Photo de la Une), par ailleurs, que la campagne de Saïed reprend l’appel des révoltés de 2011, «Le peuple exige االشعب يريد», et que les armoiries de cette même campagne, photo devant laquelle Saïed pose toujours pour ses photos et interviews, ne sont qu’une version améliorée du logo de la Ligue des FTL (Forces de la Tunisie Libre). Simple coïncidence ? Pas sûr, car l’idéologie politique est quasiment la même !

  • Qui sont les FTL et que veulent-ils réellement ?

La création du mouvement dénommé «Ligue des Forces de la Tunisie Libre» se serait faite à partir du 14 ou 15 janvier 2011, dit «Lénine» dans une interview au magazine «L’expert» qu’on retrouve sur Internet, et son origine remonte au mouvement estudiantin des années 70 et 80. Selon Ridha El-Mekki, il serait un genre de think-tank, «formé de citoyens, de citoyennes, d’anciens universitaires dans tous les domaines, employés et retraités de la fonction publique, du privé et une microsociété constituée principalement de jeunes».

Mais déjà, le FTL parlait de «groupes de réflexion et d’action répartis dans toutes les régions du pays, pour la construction et l’élaboration d’un projet, meilleur et révolutionnaire ». Et de préciser que «le FTL est contre toute organisation partisane classique (encore de l’antisystème), sa première préoccupation se résume à l’établissement d’une nouvelle relation de la société avec l’Etat». Bref, les FTL proposent un autre modèle, notamment économique, mais aussi politique, la «gouvernance participative. Cela implique des procédés et institutions à travers lesquelles les citoyens et les groupes articulent leurs intérêts, exercent leurs droits, rassemblent leurs droits et font la médiation de leurs différences», donc, un nouveau modèle sociétal même.

Dans une de leurs littératures politiques, les FTL avaient mis en ligne un «Essai d’analyse d’un slogan d’une révolution Ouragan», il est dit que «le Tunisien a le droit et le devoir de participer à la conception de la Tunisie libre. Les jeunes ont amorcé la révolution vers des objectifs clairs : travail, liberté et dignité. La réalisation de ces objectifs est conditionnée par la conception d’un programme (…) qui prend en considération les réelles potentialités des régions (naturelles et humaines), pour qu’il soit en mesure de répondre aux objectifs de la révolution. Une telle tâche, contre les intérêts des uns (contre la révolution) et ardue aux yeux de ceux qui habitent dans les palais d’ivoire (la partitocratie), mais elle est faisable quand on décentralise la gestion du cycle de planification».

  • Juriste, Laghmani dit qu’il est dangereux !

Grand bémol au portrait idyllique de Kais Saïed que ses soutiens peignent en rose, une autre connaissance du candidat Saïed pense autrement. Il tire même la sonnette d’alarme à son propos. Dans un post, mis en ligne lundi dernier sur sa page, le juriste Slim Laghmani dit que «certains pensent tout bas et disent en cercles restreints, laissez Kais Said devenir président, ce sera un Tartour. Vous ne connaissez pas Kais Saied. Je le connais depuis 1984. Ce n’est pas un Tartour et il ne le sera pas. Il n’est réductible à aucune idéologie. Mais il est habité par une idée politique, son idée, quoi que l’on pense de cette idée et j’en pense qu’elle est à la fois utopique et dangereuse.

Mais sachez que si on lui met les bâtons dans les roues, tout en étant dénué de compétences autonomes, il lui suffira d’un discours radio-télédiffusé et de sa qualité de commandant suprême des forces armées pour obtenir satisfaction. PS : Pour les bonnes âmes, Je ne voterai pas Karoui, en aucun cas».

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