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Le torchon brûle entre Saïed et Borrell. Un bras de fer avec l’UE en perspective?

C’était un certain vendredi 10 septembre 2021 dans les jardins du palais présidentiel, le chef de tout l’Etat tunisien, le microphone vissé au revers gauche de sa veste, discutait, un peu mal à l’aise à l’expression de son visage, avec le Haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et de la politique de sécurité.

Deux mois auparavant, Kais Saïed venait de renverser  la table contre toute la nomenklatura de ladite révolution de 2011 et fermait l’ARP, et Joseph Borrell venait alors s’enquérir des intentions du principal partenaire économique de l’Europe, et des mesures promises « pour renforcer le processus démocratique en Tunisie », comme le disait alors le communiqué de la Présidence. Ce dernier affirmait aussi, en ce temps-là « la ferme volonté de la Tunisie de continuer à renforcer son partenariat stratégique avec l’espace européen, et sa ferme croyance dans les valeurs de liberté, de démocratie, de droits de l’homme et d’Etat de droit qu’elle partage avec le Union européenne ». Et les échanges avaient été « sincères et approfondis », disait alors Borrell.

19 mois plus tard (mars 2023), rien ne va plus, et les choses semblent avoir bien changé entre les deux hommes. Kais Saïed crie, de nouveau le 20 mars 2023 à Kairouan, au complot et à l’ingérence en arguant qu’il a pourtant réalisé un miracle par le 25 juillet 2021. « Nous n’acceptons pas les solutions dictées de l’extérieur. Les solutions, c’est nous qui les trouvons pour être au service du peuple », disait cependant le chef de tout l’Etat tunisien qui semblait bien au fait de la dernière position de l’ancien socialiste ouvrier espagnol Josep Borrell, en se demandant au passage de son intervention de 50 minutes, « qui fait crédit à qui ? » en référence aux compétences tunisiennes travaillant à l’étranger, et sans le dire, à la demande tunisienne de crédit de l’étranger.

  • Borrell le mécontent d’une UE, inconsciente et irresponsable

Borrell crie de son côté à l’instabilité aux frontières de l’Europe, et voudrait faire son propre audit de la situation, politique et économique en Tunisie où il compte mandater la Belgique et le Portugal pour le faire. Borrell demande même que ce soit Kais Saïed  qui signera lui-même l’accord avec le FMI, s’il venait à se conclure.

Le même 20 mars au matin devant la presse européenne, le Haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et de la politique de sécurité disait que « le président tunisien a développé un nouveau système politique pour le pays qui a reçu un appui mitigé du point de vue du nombre de Tunisiens qui sont allés voter – 11% pour les dernières élections parlementaires, moins de 30% pour la nouvelle Constitution. On a besoin d’un développement inclusif.

Et du côté économique, on a besoin de ressources qui ne peuvent venir que du Fonds monétaire international (FMI). Nous, on ne peut pas aider un pays qui n’est pas capable de signer un accord avec le Fonds monétaire international de façon préalable. Le gouvernement tunisien était arrivé à un accord avec le Fonds monétaire international. Le gouvernement a discuté et il s’est mis d’accord avec le Fonds monétaire international. Maintenant, cet accord,  il faut que le président le signe et le mette en œuvre. Le contraire, je vois mal comment est-ce qu’on peut éviter la situation très grave pour l’économie tunisienne ». 

Une délégation de la commission de l’UE tentait, hier à Tunis, de modérer la position européenne, mais le torchon semble déjà brûler. Un durcissement du ton européen envers Kais Saïed, qui intervenait quelques jours après le vote par le parlement européen d’une résolution contre les libertés en Tunisie, et le carton jaune  brandi par la Banque Mondiale à la Tunisie de Saïed.

  • Saïed, le mauvais diplomate incompris

Il est vrai, certes, que la Tunisie de Saïed oppose à l’Europe sa souveraineté, dans un Etat en crise financière, endetté et devenu presqu’insolvable. Le chef de tout l’Etat tunisien bloque, en effet, de fait toutes les réformes réclamées par les bailleurs de fonds et les bilatéraux pour faire crédit à la Tunisie. Un blocage, qu’il n’explique pas par la non encore arrivée à son terme de son projet politique qu’il met en place, tout seul et sans consultation, en dehors d’une « Istichara » et d’un vote parlementaire, où le taux d’abstention était inédit. Une abstention, qu’il refuse d’expliquer par le rejet de son projet, mais par les autres qui auraient fomenté des plans contre son projet.

Mais il est tout aussi vrai que la responsabilité de cette même Europe n’est pas des moindres dans ce qui arrive à la Tunisie depuis 2019, et bien avant. Il n’y a, en effet, plus de doute sur la responsabilité de la France dans ce qui était arrivé en Libye. Et bien avant, sa responsabilité dans l’émergence de la nébuleuse nahdhaouie qu’elle avait abritée pendant toute l’ère Ben Ali. Responsabilité aussi de l’Occident dans toute ce qu’il avait appelé le « printemps arabe ». Responsabilité directe, aussi, dans tout ce que la Tunisie endure en effets économiques d’une guerre (Russie- Ukraine) qui n’était pas la sienne. Responsabilité, tout aussi directe, dans l’explosion migratoire dans une région économiquement et politiquement spoliée par l’Europe, presque toute entière, et où la Tunisie n’est qu’un point de passage, qui n’a nullement les moyens de remplir l’office de garde-côtes d’une Europe qui refuse d’assumer complètement son rôle de partenaire et veut lui imposer sa politique migratoire sélective, et traite les problèmes de la Tunisie par-dessus la jambe.

  • Saïed, le chef de tout l’Etat qui n’écoute que ceux qui l’écoutent

Le complot dont parle Kais Saïed, il n’y a pour l’instant que l’algérien Abdelmajid Tebboune qui y croit (ar). Malgré les vagues d’arrestations qui devaient, au moins, faire disparaître les pénuries récurrentes, la justice tunisienne n’arrivait toujours pas à se prononcer à ce propos. La souveraineté que brandit Saïed à tout bout de champ reste fictive, car n’étant pas adossée à une souveraineté financière, effective, sonnante et pas trébuchante pour un sou.

Entretemps, presque tous les ratios financiers de la Tunisie se dégradent, et le stress financier dépasse le stress hydrique. La DGI souhaite « Bon Ramadan » aux Tunisiens, alors qu’elle soutirait en 2022 un +16,6 % d’impôts par rapport à 2021, à une population qui subit une pression fiscale de 24,5 %, dans un budget qui terminait 2022 avec un solde négatif de presque 11 Milliards DT, malgré les 18,156 Milliards DT en crédits de tous genres. Rien qu’en dette publique, ce sont 79,4 % du PIB qui s’en vont alors que les dépenses d’investissement en 2022 n’augmentaient que de 0,8 % par rapport à 2021.

Et c’est pour faire face à tout cela et sortir tout un pays des crises, un chef de tout l’Etat, néophyte en diplomatie, et autiste économique qui dirige un pays à la dérive en criant sa souveraineté à la face de tous ceux qui voudraient bien le croire, en l’écoutant les bras croisés entre les jambes en signe de repli, comme à Kairouan devant un Gouverneur qui se tripotait les pouces, trahi ainsi par l’anxiété qui l’habitait. C’est notre opinion et celle-ci est garantie selon Kais Saïed qui l’a aussi dit à Kairouan !

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