AccueilLa UNELes approches migratoires de l’UE lui valent d’être décriée

Les approches migratoires de l’UE lui valent d’être décriée

L’Union européenne ne doit pas « commercer » avec les migrants ou appliquer une « solidarité intéressée » en confiant la gestion de sa politique migratoire à des pays tiers, a mis en garde Amnesty International, par le truchement de son experte en Espagne, Veronica Barroso.

Dans un entretien avec le partenaire d’Euractiv, EFE, elle s’est déclarée « préoccupée par le fait que la responsabilité de la gestion des flux migratoires soit transférée à des pays tiers ».D’autant que les élections européennes approchent à grands pas où la question de l’immigration occupe une place prégnante, étant noté, en outre, que l’UE a approuvé voici quelques jours son pacte sur les migrations et l’asile, qui, entre autres mesures, renforce le contrôle des frontières et de l’immigration illégale, et partage la responsabilité de la charge migratoire entre tous les partenaires de l’UE.

L’un des derniers exemples négatifs de l’externalisation des migrations est l’accord que l’Italie et l’Albanie ont signé en 2023 pour transférer des milliers de demandeurs d’asile se trouvant sur le sol italien vers le pays des Balkans.

Ceuta, Melilla et les îles Canaries, des « points chauds » en Espagne

Mais il existe également d’autres exemples négatifs d’accords migratoires entre l’ensemble de l’UE et des pays tiers, qui « ne sont pas sûrs » et « ne disposent pas d’un système d’asile », a averti Barroso, estimant que ces pays tiers agissent en fait comme des « gardiens » pour empêcher les migrants d’atteindre l’Europe », a-t-elle déclaré.

« Au lieu d’externaliser la migration, l’UE devrait fournir des moyens légaux et sûrs pour que ces personnes atteignent notre territoire », a-t-elle déclaré.

Un porte-parole de la Commission a déclaré mardi que « parfois, la situation est difficile dans nos pays partenaires… (mais) ils restent des Etats souverains et ils continuent à contrôler leurs forces nationales ».

Le porte-parole de la Commission, Eric Mamer, a déclaré qu’il s’agissait d’une « situation qui évolue rapidement et sur laquelle nous continuerons à travailler ».

L’Espagne, avec l’Italie et Malte, est l’un des « points chauds » des routes migratoires en provenance d’Afrique du Nord, à travers la frontière entre l’Espagne et le Maroc dans les enclaves de Ceuta et Melilla, et en provenance d’Afrique subsaharienne avec les flux migratoires vers les îles Canaries.

« Nous avons dénoncé les accords de coopération entre l’Espagne et le Maroc à plusieurs reprises, et nous sommes également très critiques à l’égard des fonds (aide économique de l’UE et de l’Espagne) destinés au Maroc en raison du manque total de transparence quant à la destination de ces fonds », a déclaré Barroso.

Selon l’experte, « il est très difficile de tracer » ces fonds européens pour « connaître leur destination finale ».

Récemment, Amnesty International et d’autres ONG travaillant dans le domaine de la protection des droits de l’homme ont envoyé une pétition à l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), demandant l’ouverture d’une enquête pour clarifier la manière dont sont gérés les fonds qui parviennent au Maroc et à d’autres pays tiers destinés au contrôle des migrations, a indiqué Barroso.

« Solidarité à la carte »

Sur la base des recherches menées par Amnesty International sur le terrain dans les pays tiers, il est possible de déduire que certains États membres de l’UE « adoptent peut-être des politiques et des mesures qui vont à l’encontre des droits de l’homme » en externalisant la gestion des flux migratoires, a déclaré M. Barroso.

Pour éviter les violations des droits de l’homme et du droit international, l’ONG a exhorté l’UE à s’assurer que les futurs accords avec les pays tiers « intègrent des garanties » sur la protection des droits fondamentaux des demandeurs d’asile.
Les élections européennes de juin suscitent des inquiétudes particulières, les derniers sondages prédisant une montée des partis d’extrême droite, notamment Fratelli d’Italia, Alternative pour l’Allemagne (AfD) ou Vox en Espagne.

« Nous sommes préoccupés par le ton utilisé par certains gouvernements de l’UE sur la question de la migration, qui pourrait inciter à la haine contre les migrants et les réfugiés », a souligné Barroso.

« Le mécanisme de solidarité (du Pacte sur les migrations et l’asile) ne prévoit malheureusement pas de formule unique et obligatoire pour la relocalisation et l’accueil par les États membres, ce qui permet à ceux qui le souhaitent de payer au lieu d’accueillir des migrants », a déclaré l’experte d’Amnesty International.

« Il est très inquiétant que des êtres humains fassent l’objet d’un commerce et que nous ne parlions pas d’une véritable solidarité pour accueillir ces personnes en Europe, d’une manière digne et adéquate.
Le sort des migrants et des réfugiés ne doit pas être laissé « à l’arbitraire et à la volonté de chaque État membre », a-t-elle conclu.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -