AccueilLa UNELes prix s’envolent et l’inflation se stabilise. Comment cela se fait ?...

Les prix s’envolent et l’inflation se stabilise. Comment cela se fait ? Adnene Lassoued révèle

En septembre 2020 en Tunisie, les prix à la consommation augmentent de 0,6% après 0,2% les deux derniers mois. Selon l’INS, « cette hausse provient essentiellement du renchérissement des prix de l’alimentation de 1,4% et des prix des services et produits de l’enseignement de 3,8% ». Mais la liste est plus longue que cela, et elle n’a presque rien épargné.

Dans le même communiqué, l’INS assure qu’ « en septembre 2020, le taux d’inflation se stabilise à 5,4% après des replis successifs les trois derniers mois. Cette stabilité est principalement expliquée, d’une part, par l’accélération du rythme d’augmentation des prix de l’alimentation (5,3% contre 3,9%), et d’autre part, par la décélération observée au niveau du rythme d’augmentation des prix des boissons alcoolisées et tabac (10,6% contre 17,5%) ».

Deux tableaux asymétriques. Le 1er tout en hausse, et le second en courbe toujours descendante

Comment donc expliquer cette dissymétrie dans un même secteur qui est la mesure de l’évolution des prix ? Y aurait-il anguille sous roche ?

  • Baisse de l’inflation n’est pas baisse des prix

Tout de suite, Adnene Lassoued, DG de l’INS (Institut national des statistiques) corrige. « La baisse de l’inflation, n’est pas la baisse des prix. C’est juste une baisse de l’augmentation des prix », explique-t-il avant de préciser que « l’inflation est le glissement annuel des prix ». Et lorsqu’on lui demande, au vu des derniers chiffres de l’INS, comment les prix peuvent-ils augmenter et l’inflation rester stable, Lassoued explique encore aux néophytes que nous sommes, que « ce n’est pas que le niveau des prix soit resté stable, mais l’augmentation des prix restait stable. Cela veut dire que les prix ont augmenté en septembre, au même rythme annuel qu’ils avaient augmenté en août ». Autant dire que les prix n’ont pas cessé d’augmenter.

  • Les pondérations du panier sont désormais hors jeu !

Au DG de l’INS, nous faisons aussi remarquer que les pondérations de panier (poids de chaque groupe de produit dans le couffin de la ménagère tunisienne) ne reflètent pas vraiment le niveau de dépense de tous les ménages, ni l’évolution des prix et leur impact sur les dépenses des ménages. On lui fait ainsi remarquer, pour l’exemple, qu’une pondération de 5,8 pour le groupe santé, et de simplement 3,2 pour le groupe santé, étaient compréhensible dans un environnement où scolarité et soins étaient entre les mains de l’Etat régulateur. Ce n’est plus le cas depuis 2011, et les pondérations, pourtant élément important dans le calcul de l’inflation, restent les mêmes, ce qui pourrait fausser la réalité des choses. Le tout, alors que les plus grosses dépenses du ménage tunisien vont désormais à la santé de la famille et la scolarité des enfants pour leur garantir un avenir meilleur.

A tout cela, Adnene Lassoued répond en précisant d’abord, que « la pondération est mise à jour toutes les 5 années, à l’occasion de la grande enquête quinquennale sur la consommation, dont la dernière date de 2015. Pour celle de 2021, il est attendu que les pondérations changeront, et qu’on change donc de base de l’indice des prix ». Le DG de l’INS nous donne ainsi raison. Il pondère cependant lui-même, en indiquant que « tout cela est à relativiser. D’abord, par le fait que c’est un panier moyen, et que les pondérations de l’indice ne reflètent pas nécessairement le panier de X ou de Y, mais issu d’une enquête nationale. On retrouve les riches, les pauvres, la classe moyenne, les célibataires, les jeunes couples sans enfants et qui n’ont pas encore de consommation de santé, les personnes âgées qui n’ont plus de consommation d’enseignement, beaucoup de santé etc., ce qui explique que la pondération a toujours été critiquée partout dans le monde, et le regard personnel peut biaiser la lecture des chiffres de l’inflation.

  • Bientôt on verra l’effet Covid sur la consommation, et un indice par décile

« Reste qu’il est vrai que les habitudes de consommation changent avec une baisse du poids de l’alimentaire, et on devrait retrouver cela dans la nouvelle enquête, avec le poids de la santé qui augmente », annonce encore Adnene Lassoued.

Ce qui nous semble en tous cas probable, c’es de retrouver le poids du Covid-19 dans la prochaine enquête de consommation, où on pourrait retrouver une hausse, contre-intuitive, de la consommation alimentaire à cause du Covid-19. A ce sujet de l’INS nous rassure quant aux efforts déployés dans la conception de la future enquête consommation, afin de circonscrire l’effet Covid-19 et nous annonce que l’ins est en train de réfléchir, désormais, à une enquête triennale, et non plus tous les 5 ans, malgré le très peu de nos moyens ». Il est vrai que la budget enquêtes représente quelque 10 MDT, sur un budget total de l’ordre de 36 MDT qui va, comme partout ailleurs, en grande majorité aux salaires. « Ce que l’INS projette de publier prochainement, ce sot des indices de prix, par décile de consommation, ou par tranche de dépense, publiable tous les mois ». On saura ainsi où les riches dépensent le plus, et à quoi les pauvres consacrent le plus gros de leurs dépenses.

Cela pourrait aussi révéler, selon nous, que les ménages de la classe moyenne supérieure et les ménages riches ont été les plus touchés par la dépréciation du Dinar, et ont enregistré des pertes de pouvoir d’achat, et que les ménages pauvres ou modestes ont moins été touchés par la dépréciation, et beaucoup bénéficié du maintient des subventions alimentaires et même des subventions sur l’électricité et du gaz. Très intéressant à voir, et qui sera un outil de plus pour l’aide à la décision en matière de prix et même de politique économique.

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