AccueilLa UNELes scénarios de la BAD pour la croissance économique de la Tunisie

Les scénarios de la BAD pour la croissance économique de la Tunisie

La révolution est porteuse de grandes promesses pour la Tunisie et ses fruits à plus long terme pourraient bien être importants du point de vue de la croissance économique ainsi que de l’équité et de la cohésion  sociale. La situation politique du pays reste toutefois fragile. Telle est la principale conclusion d’une note élaborée par la Banque Africaine de Développement sur la nouvelle réalité politique et économique créée par la Révolution du 14 janvier.

Les experts de la BAD constatent que  le gouvernement est confronté à court terme à la situation d’urgence immédiate occasionnée par un rétrécissement de la marge de manœuvre financière et des exigences sociales croissantes, tandis que les problèmes liés au chômage des jeunes, aux disparités régionales et à l’exclusion économique ne peuvent rester non résolus.

Les autorités ont estimé que lors des récentes perturbations, des pertes de 5 et 8 milliards de dollars (à peu près 4 % du PIB) ont été enregistrées, les recettes touristiques fortement touchées, les principaux investissements suspendus et des milliers d’emplois perdus.

Trois scénarios ont été élaborés par la Banque, et dans les uns et les autres, il est estimé que la croissance du PIB est affectée par une baisse de la demande de services touristiques, la perturbation de l’activité économique et la réduction des investissements directs étrangers. Le scénario à hypothèse moyenne laisse prévoir une croissance du PIB de 1,1 % en 2011, suivie d’une légère reprise de l’économie à 3,3 % en 2012. L’investissement privé se contractera, tandis que les dépenses publiques courantes, en particulier les traitements et salaires, augmenteront considérablement en raison de l’accroissement des demandes sociales. Le déficit financier s’élèvera à 5,2 % du PIB en 2011. Le déficit courant augmentera pour s’établir à 7,6 % du PIB, sous l’effet d’une augmentation des importations et d’une baisse des recettes touristiques. De même, l’inflation pourrait s’accroître pour se fixer à au moins 4,7 %.

Le taux de croissance du PIB pourrait connaître une augmentation ,s’établissant à 3,6 %,en 2011, suivie d’un rapide redressement à 4,2 % en 2012, en cas de prompte normalisation de l’économie et reprise du secteur touristique, appuyées par de solides financements extérieurs et investissements directs étrangers, ainsi que par un plan de relance financière bien ciblé. Le déficit financier demeurera contenu à 3,9 % du PIB, mais le déficit courant atteindra 6,1 % du PIB, en raison de l’accroissement du déficit de la balance commerciale—l’exportation des produits manufacturés suscitant une augmentation des importations et d’une baisse des recettes touristiques. L’inflation sera maîtrisée à 4,2 %, même si le niveau élevé des prix alimentaires et pétroliers internationaux exercera une pression sur la balance commerciale et le compte courant.

Néanmoins, en cas d’instabilité politique et sociale prolongée, l’économie pourrait se contracter de 2,5 % en 2011. Les investissements tant publics que privés se contracteront, tandis qu’un recrutement massif et une augmentation salariale dans le secteur public auront une incidence négative sur le déficit financier, lequel pourrait atteindre 6 % du PIB. Le gouvernement essaiera, dans ce cas, de répondre uniquement aux demandes sociales, au détriment de l’équilibre budgétaire, de la balance des paiements courants et de la lutte contre les pressions inflationnistes. Le déficit courant augmentera pour s’établir à 8,9 %, en raison de l’importante perte enregistrée dans les recettes touristiques et de l’augmentation des importations suscitées par un accroissement de la consommation et une baisse des exportations. L’inflation pourrait atteindre au moins 6,4 %, sous l’effet de l’augmentation salariale, de la dépréciation, et des prix alimentaires et pétroliers internationaux élevés qui seront répercutés sur les prix nationaux en dépit du niveau élevé des subventions. Dans le cadre du scénario à hypothèse basse, une lente croissance positive de 2,4 % est prévue en 2012.

Optimisme prudent

Les deux premiers mois suivant le départ de Ben Ali autorisent  un optimisme prudent et les fruits à plus long terme de la révolution pourraient bien être importants,  du point de vue à la fois de la croissance économique et de l’équité ainsi que de la cohésion sociales, estime, en dernière analyse, la BAD. Si la stratégie appliquée au cours de ces premiers mois de la révolution se poursuit et conduit à des élections libres et sans heurt, le potentiel de croissance économique de la Tunisie est susceptible de se renforcer considérablement, avec l’élimination du boulet que constituent les pratiques prédatrices de corruption, ainsi que la consolidation d’un environnement sociopolitique plus favorable aux libertés individuelles et aux entreprises économiques privées.

Il reste néanmoins à relever de graves défis dans les mois à venir pour que puisse se réaliser le plein potentiel présenté par la révolution tunisienne. Outre les problèmes politiques et ceux liés à la sécurité qui doivent être gérés à mesure que le pays évolue vers des élections parlementaires et présidentielle, l’économie réelle et les équilibres budgétaires subiront des pressions, en raison de la baisse de l’activité économique qui a caractérisé la révolution et suivi dans le sillage de celle-ci. Qui plus est, le malaise social sous-jacent qui a été l’élément moteur de la révolution tunisienne, notamment le chômage des jeunes, en particulier les jeunes diplômés, et l’exclusion régionale.

Il n’y a guère de doute que la stabilité politique et la paix sociale-en fait la crédibilité même du gouvernement intérimaire-dépendent essentiellement de la réalisation d’avancées précoces et décisives sur ces fronts. Un appui précoce concerté et important de la part des partenaires de développement étrangers comme la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, l’Union européenne et autres, constitue un important élément indispensable pour établir un lien entre les défis à court terme et les possibilités à plus long terme de la Tunisie, conclut la note de la BAD.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -