On ne peut pas dire qu’ils font froid dans le dos, mais les chiffres que viennent de livrer le programme ONU Femmes sur la perception des la sécurité chez les Tunisiennes et les Tunisiens interpellent sérieusement.
En effet, trois personnes interrogées sur dix ne se sentent pas en sécurité chez elles et les hommes sont plus susceptibles que les femmes de se sentir menacés dans leur foyer (32% contre 26%), selon les résultats de l’enquête en ligne réalisée par le bureau régional d’ONU Femmes pour les Etats arabes sur l’impact de la COVID-19 sur les attitudes et les pratiques des hommes et des femmes en matière d’égalité des sexes et de violence à l’égard des femmes. Ces conclusions ont été présentés par la coordinatrice du Programme qui a précisé que 35% des personnes interrogées qui vivent dans de petites villes et 32% de celles qui vivent dans des zones rurales déclarent ne pas se sentir en sécurité chez elles contre 21% dans les grandes villes.
Parmi les répondants qui ont déclaré ne pas se sentir en sécurité, les hommes et les femmes ont souligné qu’ils se sentent surtout en danger par peur d’être attaqués par des inconnus (39 % et 48 %, respectivement). La deuxième raison la plus fréquemment citée est la crainte d’une intensification des conflits armés et des troubles civils (25 %), suivie par la crainte d’être exposé à la violence d’un membre de la famille (17 %).
L’enquête a été réalisée aux mois d’avril et mai et a été lancée dans 9 pays du Moyen-Orient en ciblant un minimum de 1000 participants dans chaque pays (500 hommes et 500 femmes). En Tunisie, un nombre de total de 1058 personnes ont répondu à l’enquête en ligne, dont 502 femmes.
Pertes d’emplois et de revenus
D’après l’enquête, à la suite de la pandémie de la COVID-19, 11% des Tunisiens interrogés ont perdu leur emploi et 9% ont dû prendre un congé sans solde tandis que 15% travaillent toujours sur leur lieu de travail. Par ailleurs, 9% travaillent à domicile et 13% sont en congé payé. Le pourcentage des répondants qui ont perdu leur emploi ou qui ont été contraints de prendre un congé sans solde étant le plus élevé dans la tranche d’âge des 25-34 ans (26%).
Les résultats de l’enquête en ligne ont indiqué que 29% des personnes interrogées ont vu leurs revenus diminuer et un autre cinquième a indiqué une perte totale de revenus. 54% ont déclaré que les autres membres de leur ménage subissent une baisse ou une perte totale de leurs revenus (respectivement, 38 % et 15 %).
L’enquête a aussi montré que les femmes assument une plus grande part des soins aux enfants et des tâches ménagères, tandis que les hommes s’occupent plus souvent des personnes âgées et aident les enfants dans leurs études. Un peu plus de la moitié des femmes interrogées ont déclaré avoir augmenté le temps consacré aux tâches ménagères, contre 31 % des hommes.
Les résultats montrent que les maris dans les grandes villes (80 %) sont plus coopératifs pendant cette période que ceux des petites villes et des zones rurales (56 % et 74 %, respectivement).
La violence domestique en temps de confinement
Pour ce qui est de la violence en période de confinement, 52 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été témoins de violences ou connaître une femme ayant subi un certain type de violence depuis la propagation de COVID 19, avec de légères variations selon le sexe.
Plus de la moitié des répondants s’accordent à dire que les femmes sont actuellement confrontées à un risque accru de violence de la part de leur mari, avec de légères variations selon le genre. Les répondants ayant au moins une licence, ceux de la tranche d’âge 45-54 ans et ceux ayant déjà été mariés sont les plus enclins à convenir que les femmes sont actuellement exposées à un risque accru de violence, environ 6 répondants sur 10 parmi ces deux groupes étant d’accord avec cette affirmation.
En général, les répondants sont plus nombreux à être en désaccord (69 %) qu’en accord (31 %) avec l’énoncé « Une femme devrait tolérer la violence domestique pour maintenir sa famille unie, surtout en ces temps difficiles », le degré d’accord variant selon le genre.
TAP