AccueilLa UNENouvelle saison des dattes: Sous le signe de la morosité

Nouvelle saison des dattes: Sous le signe de la morosité

Devenue un simple évènement commercial où seul l’argent compte, la cueillette des dattes, pour la saison 2022/2023, se poursuit, depuis début octobre, dans les grands centres de production à Kébili et Tozeur, à l’enseigne d’une ambiance des plus moroses face à des menaces d’effondrement à l’image des autres filières agricoles. Elle donnait lieu autrefois à de véritables réjouissances populaires.

A travers leurs déclarations à la presse, les agriculteurs et les responsables des structures d’encadrement (associations de producteurs et groupement interprofessionnel des dattes) se sont plaints d’une baisse notable de la production de l’ordre de 15%, par rapport à celle de l’année 2021/2022. Elle est passée respectivement à quelques 57 mille tonnes, contre 65 mille tonnes. Les agriculteurs ont pointé du doigt les failles et les négligences dans l’accompagnement et la préparation précoce de la saison de la part des services administratifs concernés.

Pourtant, la saison de 2021/2022 avait été grosse de déceptions et aurait dû  alerter l’administration de tutelle et la secouer un peu plus, car la production estimée au début à quelques 358 mille tonnes a chuté à 65 mille tonnes en raison d’un pullulement sans précédent de parasites et d’insectes qui ont infesté la production dont une acaria, sorte d’araignée, ravageant la plus grande partie de la production dans les centres de production du Nefzaoua, au gouvernorat de Kébili, comme Jemna, entre autres.

Des insecticides ont été distribués, au cours de cette année, aux agriculteurs, cependant, d’autres facteurs dont la sécheresse et l’essoufflement des ressources disponibles en eau d’irrigation, sont venus contrecarrer les efforts de redressement.

Recul inquiétant

La Tunisie qui a fondé en février dernier avec l’Arabie saoudite, et autres pays producteurs de dattes, le Conseil mondial des dattes sous la présidence de l’Arabie saoudite, risque de perdre sa place de grand producteur et grand exportateur de dattes à l’échelle internationale, notamment en matière de la variété supérieure dite « dégla », comme elle a perdu sa place dans la production du phosphate.

D’ailleurs, sans se déclarer concurrente, l’Arabie saoudite planifie, franchement, pour devenir le plus gros exportateur de dattes dans le monde en 2025.

La production tunisienne de « dégla »est estimée, cette saison, à 41 mille tonnes, et les agriculteurs disent que la qualité est bonne.

Un autre motif de déception qui risque d’être fatal pour le secteur et qui s’est accentué, cette année, est la tension persistante entre producteurs et commerçants  grossistes concernant les prix à la production, c’est-à-dire les prix avec lesquels les grossistes ou leurs représentants achètent les dattes auprès des producteurs pour les vendre ensuite aux consommateurs.

Les agriculteurs refusent désormais d’être exploités par les commerçants après avoir constaté le grand écart entre les prix à la production et les prix à la consommation, ou prix de vente en détail au grand public. Les producteurs sont également au courant des profits énormes réalisés par les exportateurs de dattes. Ce conflit, vieux à vrai dire et touchant les diverses filières agricoles, a perturbé le bon déroulement de la cueillette tandis que le ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, au courant, tarde à pencher.

Décalage

Pourtant, le prix proposé par les agriculteurs et rejeté par les commerçants, soit 4 dinars pour les dattes de première catégorie de la  variété dégla, est très raisonnable quand on sait que le prix à la consommation du kilo de dégla de moindre catégorie dépasse 10 dinars dans les marchés du pays, comme dans la capitale Tunis.

Puis, la consommation des dattes en Tunisie n’est pas forte. En moyenne, le Tunisien consomme 5 kilos de dattes par an, contre 15 kg pour l’Algérien.

La situation est loin d’être comme celle qu’avait prévue, en 2020, le président du Groupement interprofessionnel des dattes, Samir Ben Slimane, en disant que la production allait bientôt dépasser, en deux, trois ans, 400 mille tonnes et que le prix de vente du kg de dégla à la consommation ,au grand public, sera 6 dinars.  

S.B.H

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