AccueilLa UNEPourquoi tire-t-on sur l’ambulance?

Pourquoi tire-t-on sur l’ambulance?

Ce n’est pas du « Bouden-Bashing » que nous faisons, surtout après le bilan dressé de sa 1ère année de Cheffe à la Kasbah, par « I Watch » sur lequel nous revenons ci-après. Une ONG qu’elle n’avait d’ailleurs jamais reçue (la presse non plus), qu’elle aurait pu traduire en justice comme notre confrère Business-news(tant qu’on y est !), et que son gouvernement associe pourtant à certains de ses projets, comme celui du projet du « Code des Biens de l’Etat », tel que dévoilé par le dernier rapport de « la Commission de Venise » à ce propos.

Ce n’est pas, non plus, une quelconque tentative pour défendre Nejla Bouden, car les faits sont aussi têtus que les chiffres et que son chef est le seul à juger. C’est seulement qu’il faut toujours « appeler un chat un chat », et toujours « mettre les points sur les i » et toujours « parler du train qui arrive en retard » d’abord, même si cela dérange les dirigeants du pays.

Et quand bien même l’Exécutif tunisien aurait-il encore recours à l’article 24 du décret 54 de septembre 2022 qui est fait comme une épée de Damoclès sur la tête des médias qui sont des lanceurs d’alertes et en quelque sorte des objecteurs de conscience, cela ne résoudrait pas ses vrais problèmes, et lui ferait du tort auprès de ses partenaires, et ses hôtes de circonstance.  Accepter la critique et les impertinentes pertinences, c’est l’essence même de la démocratie et l’art de progresser.

– N’est pas une Merkel qui veut, même si elle peut

Ceci n’est alors qu’un questionnement, à l’occasion du bilan d’IWatch une semaine après sa parution, à propos de la 1ère Cheffe de gouvernement de l’histoire de la Tunisie et du monde arabe, sur laquelle beaucoup d’espoirs avaient été fondés depuis le 11 octobre 2021, et qu’on comparait même à l’Allemande Angela Merkel, et que d’autres espéraient une Margaret Thatcher, pour remettre l’économie tunisienne sur les rails.

L’image des « trois singes de la sagesse », qui n’est d’ailleurs pas la nôtre mais fabriquée et mise en ligne par « I Watch » pour parler d’une Nejla Bouden qui ne voudrait pas voir ce qui pourrait poser problème, ne voudrait rien dire de ce que tout un pays sait, et ne voudrait rien entendre, peut paraitre surfaite, mais n’est pas sans fondement.

Elle reproduit un fait avéré et explique en grande partie le bilan, jugé « désastreux », par l’ONG en question. Un bilan qui, quelque part, ne surprend pas. En septembre 2021 déjà, Achref Aouadi, président de l’ONG, disait en commentaire de la nomination de la Cheffe du gouvernement de Tunisie que « Nejla Bouden sera le nouveau Mechichi. Kais Saied a pris sa décision malgré l’opposition de ses proches. Il doit donc assumer sa responsabilité (…). Kais Saied n’a pas tiré la leçon de ses expériences précédentes ». Après coup, on est même tenté de dire qu’Achref Aouadi avait raison. Cela d’autant plus que le principal grief contre la Cheffe du gouvernement portait sur le déficit de communication, illustré par la photo faite par l’ONG.

Mme Bouden elle-même, et tout l’Exécutif, savent que leur gros problème a toujours été la communication. Elle sait aussi que « le savoir-faire ne vaut et n’apporte de résultats que par l’acte du faire-savoir ». Un acte qu’elle ne s’était manifestement jamais décidée à mettre en œuvre en franchissant volontairement le Rubicon de Carthage. L’ONG le disait aussi mardi dernier, la responsabilité de ce déficit en communication ne peut être de Nejla Bouden uniquement. Tous savent que le chef de tout l’Etat y est, aussi et surtout, pour grand-chose.

– « Le silence oblitère tout » 

Kais Saïed règne par le silence, et un style de communication qui lui est propre, et où il est le maître du temps, de l’espace, de l’opportunité et de la forme. Un style que les arabophones pourraient comparer à celui de « l’oiseau qui chante, avec ses ailes en écho (العصفور اللي اغني و جناحو ارد عليه)»

Et on sait que le travail n’est pas nécessairement ce qui pourrait faire peur à Najla Bouden. Avec ses ministres et ses proches collaborateurs, les réunions s’enchaînent quotidiennement à la Kasbah, et durent tard, parfois très tard, dans la nuit.Ses propres Conseils des ministres regorgent de projets de décrets (faute de projets de loi) à soumettre au chef, si tant est possible qu’il puisse les étudier, les corriger si besoin, et les signer pour les adapter à son propre projet politique. Et c’est ainsi que, plus d’une fois, l’économique de tout un pays est sacrifié sans cérémonie sur l’autel de la politique d’un seul homme.

Et s’il arrive que le chef de tout l’Etat accepte qu’on médiatise telle ou telle mesure ou décision, la décision est toujours uniquement sienne, chef de tout l’Etat en face de ministres qui ne pipent mot en sa présence, ou tel veut-il qu’il en soit, se contentant toujours de hocher la tête, pour la bonne image d’un chef de tout l‘Etat.

Dire donc que le bilan de Nejla Bouden était « désastreux », c’est faire preuve d’un déni de son véritable statut de « 1ère des ministres », comme avait été Mohamed Ghannouchi avec feu Zine El Abidine Ben Ali, et que l’unique responsable de ce « désastre » est le chef de tout l’Etat dont le gouvernement Bouden est plutôt un gouvernement Saïed. Et l’image de celle qui ne voit rien, n’écoute personne et ne dit pas mot, aurait été plus juste si elle avait été fabriquée avec le visage de Kais Saïed.    On raconte, dans la Rome antique que l’empereur Marc Aurèle exigeait toujours qu’un serviteur l’accompagne pour lui rappeler, à chaque fois qu’il était acclamé par la population, pour lui soufflait à l’oreille qu’il n’était qu’un humain. Condamner ensuite pour insolence ce serviteur-voix de la conscience, c’est comme tirer sur l’ambulance ! Telle est notre opinion !

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