AccueilLa UNEQuand l’agitation sociale emboîte le pas au coronavirus !

Quand l’agitation sociale emboîte le pas au coronavirus !

Les semaines de confinement dû au COVID-19 sont terminées et la vie est revenue à son rythme d’antan. La fin de la crise sanitaire suscite un sentiment de soulagement tangible. Les règles de distanciation sociale, d’hygiène et de quarantaine sont toujours en place, mais maintenant que les restrictions sur la mobilité et l’activité ont été assouplies, les choses reviennent lentement à la normale. Les cafés, les restaurants et les mosquées ont rouvert, les déplacements à l’intérieur du pays sont autorisés et les entreprises reprennent leurs activités. Le couvre-feu a également été levé. Le magazine européen « Qantara » réfléchit jusque-là une image fidèle de la Tunisie à l‘ère du déconfinement où grâce à la gestion proactive de la crise, le système de santé, pourtant mal équipé, n’a jamais été sérieusement menacé d’effondrement, même si la crise a mis en évidence ses lacunes flagrantes.
Toutefois, relève Qantara, à la lumière de ces cas nouvellement confirmés, la prudence reste de mise, d’autant plus que les règles de distanciation sociale et d’hygiène ne sont certainement pas toujours respectées dans tout le pays. La plupart des cafés et restaurants fonctionnent désormais comme avant la crise. Seuls quelques uns suivent le conseil de disposer moins de tables et de suivre les règles de distanciation sociale. Le port du masque facial est également moins fréquent.
Un espoir pour le secteur du tourisme
Les autorités surveillent de plus près le tourisme et l’hôtellerie, mais le gouvernement espère toujours sauver une partie de la haute saison et commencer à accueillir des touristes d’Europe et de l’Algérie voisine à partir de juillet. La réouverture des frontières est prévue pour le 27 juin. Et pour que la relance du tourisme tunisien soit un succès, le gouvernement fait de son mieux pour préparer l’industrie aux nouvelles réalités et fait beaucoup de publicité.
Le secteur est régi par un ensemble de protocoles sanitaires comprenant des règles sur la distanciation sociale et l’hygiène, qui stipulent également un taux d’occupation maximum de 50 %. L’office du tourisme tunisien, l’ONTT, a publié une vidéo publicitaire montrant les contrôles stricts et les procédures de désinfection dans les aéroports. Le clip affirme que le pays est « prêt et sûr ». L’Organisation mondiale du tourisme a même explicitement salué les efforts de la Tunisie « pour garantir un environnement sûr aux voyageurs et aux travailleurs du secteur du tourisme ».
Néanmoins, le gouvernement continue d’exhorter à la prudence. La bataille n’est pas encore gagnée, répète le directeur de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE), Nissaf Ben Alaya. L’ouverture prévue de la frontière avec l’Algérie est particulièrement risquée, car la pandémie y est loin d’être maîtrisée.
Une vague de grèves et de protestations
En attendant, la relance du tourisme est une nécessité absolue pour l’économie du pays et pour des centaines de milliers de travailleurs saisonniers. Les écureuils sociaux et économiques du confinement sont évidents. Selon les estimations, la crise a entraîné la perte temporaire de plus de 430 000 emplois – sur une population de seulement 12 millions d’habitants.
Les inégalités sociales se sont fortement accentuées depuis le début de la pandémie. Le gouvernement a pris des mesures pour y remédier, mais elles ne sont pas allées assez loin. Depuis des semaines, les grèves et les protestations à motivation socio-économique s’intensifient, en premier lieu dans le Sud et l’Ouest du pays, systématiquement négligés. En mai, le groupe tunisien de défense des droits de l’homme FTDES a recensé 516 protestations dans tout le pays, soit plus du double du nombre d’avril.
Alors que le gouvernement donne la priorité à l’industrie touristique dont les régions côtières sont les principales bénéficiaires, les syndicats lancent grève après grève dans le Sud et l’Ouest de la Tunisie. Les industries du pétrole, du gaz et des phosphates sont actuellement les plus touchées, mais les secteurs des transports et de la santé souffrent également.
De nouvelles grèves sont maintenant menacées dans les services publics, car l’organisation syndicale, l’UGTT rejette avec véhémence la décision du chef du gouvernement de geler les salaires au vu du budget de l’État très à la peine.
Une grève de quatre semaines des mineurs des phosphates s’est intensifiée, lorsque la police a levé par la force leur sit-in à Sidi Bouzid. Le mouvement Al-Kamour à Tataouine, dans le sud de la Tunisie, a également repris ses protestations en mai. Pendant des journées de sit-in, des centaines de manifestants ont réclamé des investissements dans le développement de la région et des emplois dans l’industrie pétrolière. L’UGTT a explicitement soutenu le mouvement et demande au gouvernement de mettre enfin en œuvre l’accord négocié entre les manifestants et le gouvernement en 2017, que la population attend toujours.
Il est douteux que le gouvernement en place soit en mesure de désamorcer la situation sociale explosive dans le pays, estime Qantara . Depuis que la crise du coronavirus a lentement commencé à s’atténuer, les membres de sa coalition multipartite chancelante ont recommencé à exprimer plus ouvertement leurs différences. Il pourrait donc s’avérer impossible de gouverner efficacement dans un avenir prévisible, conclut le magazine européen.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -