AccueilLa UNEQue deviendra Ennahdha après le "séisme du 25 juillet ?

Que deviendra Ennahdha après le « séisme du 25 juillet ?

La décision du président de la République, Kais Saied de limoger le gouvernement et de geler le parlement il y a deux semaines a déclenché ce que les experts considèrent comme une crise existentielle pour son ennemi juré, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Bien qu’il soit resté le parti le plus influent au cours de la décennie qui a suivi la révolution dans le pays, le mouvement Ennahdha était déjà en proie à des divisions internes avant le « tremblement de terre » du mois dernier.

Peut-il donc survivre, et comment ?  Comment le 25 juillet a-t-il affecté Ennahdha ?  Deux interrogations soulevées par le « Daily Mail », qui souligne qu’Ennahdha est le parti le plus organisé du pays et le plus grand bloc parlementaire dans l’assemblée législative profondément fragmentée de 217 sièges, qui est également dirigée par Ghannouchi.

Mais depuis 2014, le nombre de sièges  du parti s’est effondré. Lors des élections d’il y a deux ans, il a perdu 36 de ses 89 sièges. Au total, depuis les premières élections démocratiques de la Tunisie en 2011, il a perdu plus d’un million de voix à l’échelle nationale.

Le parti a également essuyé des fractures internes ces dernières années, les jeunes membres ayant exigé des changements au sommet, y compris le remplacement de Ghannouchi lui-même, âgé de 80 ans.

Ces divisions ont éclaté au grand jour lorsque Saied, un critique acerbe du système du parti, a limogé le 25 juillet le gouvernement soutenu par Ennahdha et suspendu le parlement.

Après des mois d’indignation publique face à la mauvaise gestion par le gouvernement de la crise économique et sanitaire que traverse la Tunisie, la décision de Saied a été un coup dur pour Ennahdha. Certains membres du parti ont depuis accusé ses dirigeants de mettre son existence en danger par leur manque de vision politique.

Ennahdha a été affaibli par un « tremblement de terre » qui a approfondi « les divisions internes entre ceux qui soutiennent Ghannouchi et ceux qui appellent à son départ », a déclaré l’analyste et professeur d’histoire Abdellatif Hannachi.

Certains Tunisiens opposés à Ennahdha ont fait part de leur  optimisme quant au fait que les décisions  de Saied marqueront la fin du parti, un exemple rare de mouvement politique inspiré des Frères musulmans qui a atteint – et est resté – au pouvoir dans une démocratie.

Beaucoup au sein du parti, qui a connu des décennies de répression sous Ben Ali, craignent une campagne d’arrestations massives ou une interdiction complète. Mais l’analyste Mohamed Sahbi Khalfaoui a déclaré que la « base populaire » d’Ennahdha pourrait contribuer à empêcher sa disparition.

« L’exclure complètement de la scène politique serait difficile », a-t-il déclaré à l’AFP.

 Le parti peut-il revenir ?  

Selon  Hannachi, Ennahdha dispose de certains atouts qui font qu’il est trop tôt pour l’éliminer. Il a l’expérience et « la capacité de s’adapter et d’amortir les crises, parce qu’il est organisé et structuré », a-t-il dit. Le parti a prouvé à plusieurs reprises sa capacité à se sortir de situations délicates.

En 2013, accusé d’être lié à l’assassinat de deux éminents militants de gauche, Ennahdha a quitté le gouvernement et rejoint un dialogue national historique. L’année suivante, il a garanti sa survie politique en formant une coalition avec le parti ostensiblement laïc Nidaa Tounes. En 2019, il a réussi un coup similaire en s’alliant avec le parti Qalb Tounes de l’homme d’affaires Nabil Karoui.

Depuis l’annonce fracassante de Saied le 25 juillet, qu’Ennahdha a initialement condamnée comme « un coup d’État contre la révolution et la constitution », la rhétorique du parti a radicalement changé.

Jeudi, son conseil de la Choura a admis la nécessité d’une « profonde autocritique interne de ses politiques » et a déclaré qu’il comprenait « la colère populaire croissante, en particulier chez les jeunes, en raison des échecs économiques et sociaux » une décennie après la révolution.

Hannachi a déclaré qu’Ennahdha « plie pour survivre à la tempête ». Saied a exclu tout revirement de sa part. « Ce qui s’est passé avec le président a montré qu’Ennahdha était dans un état de grande faiblesse », a déclaré Khalfaoui. « Contrairement au passé, elle ne tient plus les rênes de la politique (de la Tunisie) ».

 Et Ghannouchi ? –

Le chef d’Ennahdha, qui voulait créer un parti « musulman démocratique », reste une figure clé de l’islam politique dans le seul pays dont la démocratie a survécu à une décennie depuis les soulèvements du Printemps arabe.

Certains membres d’Ennahdha lui attribuent la réapparition du parti sur la scène politique depuis 2011 et un rôle majeur dans la transition démocratique négociée du pays.

Pour d’autres, le leader vieillissant exerce une emprise autoritaire sur le parti, affirmant qu’il est devenu son fief personnel.

Le 11ème  congrès d’Ennahdha, qui devait avoir lieu en 2020 afin d’élire un nouveau dirigeant, a été repoussé à la fin de l’année en raison de vives divergences sur le sort de Ghannouchi.

Le leader,  dont le mandat a expiré , est désormais « considéré comme un fardeau par une partie d’Ennahdha et de sa direction », a déclaré Hannachi. Certains veulent le renverser afin de sauver le parti. « Son avenir en tant qu’acteur politique… est terminé », a déclaré  Khalfaoui.

Reste à savoir si le parti qu’il a fondé peut se relancer sans lui, conclut le Daily Mail.

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