AccueilLa UNEQui bloque les 1,9Md US$ et les réformes économiques?

Qui bloque les 1,9Md US$ et les réformes économiques?

La France est disposée à débourser 250 M€ pour aider la Tunisie à combler son gap budgétaire, et même à mobiliser pour ce faire d’autres bailleurs de fonds internationaux. Mais cela reste tributaire de la mise en œuvre « effective » du plan de réformes présenté au Fonds Monétaire International, avait dit l’ambassadeur de France André Parant à la l’agence de presse Tap

Les Italiens aussi, qui prêchaient certes pour leur paroisse en matière d’immigration, avaient offerts leurs services pour aider la Tunisie à conclure avec le FMI. Le ministre des AE italien Tajani en a même parlé au téléphone avec la DG du FMI Georgieva. Mais l’un et l’autre avaient fini par avouer que cela bloquait autour de la question des réformes. Hier à Tunis, le Commissaire européen Paolo Gentiloni disait même à la sortie de sa rencontre avec la cheffe Najla Bouden, de manière directe et tranchée, que « le programme du Fonds monétaire est la condition pour avoir aussi un soutien financier important de l’Union Européenne et d’autres partenaires ». Le Commissaire européen savait aussi que tout accord avec le FMI se doit de passer par la case passage à l’acte en matière de réformes économiques. Des réformes que la Tunisie ne refuse certes pas, mais ne veut pas non plus mettre en application. En bref, la Tunisie de Kais Saïed veut l’argent, mais pas les réformes. Les Occidentaux veulent les réformes, avant l’argent.

  • Les réformes, nœud gordien des 1,9 Mds US$

Il est vrai que toutes les parties dans ce bras de fer des 1,9 Mds USD ne veulent pas les mêmes réformes. USA et Europe notamment, font pression pour des réformes politiques, mettant leur vision de la démocratie au-dessus des besoins, réels et très urgents, de l’économie tunisienne en financement. Le FMI, de son côté, ne recherche que des réformes qui engageraient l’emprunteur tunisien sur la voie d’une reprise économique qui garantirait sa solvabilité, le remboursement de ses dettes, et la relance de sa croissance.

Des réformes, sur la nécessité de laquelle Tunisiens et étrangers se sont toujours accordés  bien avant la venue au pouvoir de Kais Saïed. Et même la BCT appelait dans son dernier communiqué à « engager les réformes structurelles, destinées à maîtriser les déficits jumeaux ».

Des réformes aussi, dont la cheffe de gouvernement Najla Bouden avait depuis longtemps préparé le programme, et l’avait présenté au FMI qui l’avait accepté et accordé pour cela un SLA pour la Tunisie. Où est donc le problème, et qui bloque encore cet accord ?

Au cours de l’avant-dernier Davos, celui de 2022, la 1ère des ministres de Kais Saïed avait pu rencontrer la DG du FMI Kristalina Georgieva. Cette dernière avait alors estimé soutenable le plan tunisien de réformes économiques. Elle avait cependant exigé de Najla Bouden de choisir une ou deux des réformes qui lui avaient été présentées, et de commencer à communiquer sur cette ou ces réformes. L’idée de la DG du FMI était de tester la volonté de la Tunisie d’appliquer ce qu’elle promet, et de tester aussi l’acceptabilité des réformes par la population. Bouden avait alors commencé à mettre au point un plan de communication, qui n’a par la suite jamais été mis en application. Cherchez l’erreur !

  • Mais quelles réformes ?

« Kais Saied n’a jamais soutenu publiquement un accord avec le FMI, laissant les donateurs inquiets qu’il puisse annuler d’éventuelles réformes après l’arrivée de l’argent, ou les blâmer pour toute mauvaise incidence économique qui en résulterait », écrivait le journaliste de l’agence de presse Reuters Crispian Balmer, sur les colonnes du « International Business Times ». Une préoccupation que semble partager le Haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et de la politique de sécurité, Borrell, qui demande désormais que ce soit Kais Saïed lui-même qui signe le contrat du prêt des 1,9 Mds US$.

Le chef de tout l’Etat tunisien Kais Saïed avait rencontré lundi 27 mars 2023 le Commissaire européen pour l’économie Paolo Gentiloni, sans annoncer cette rencontre, ni publier communiqué à son sujet, et sans la présence de caméra. Un type de communication qui pourrait signifier un refus non dit de Saïed de recevoir publiquement le représentant d’une Europe qui ne lui fait pas assez confiance pour l’aider de manière inconditionnelle, ou qu’il soupçonnerait de vouloir faire pression sur lui pour des réformes politiques dont il ne veut pas, ou qu’elles interviendraient avant qu’il ne termine le balisage de son propre projet politique pour la Tunisie par l’élection de la seconde chambre du parlement.

Une chose nous semble certaine dans tout cela : ce n’est pas le FMI qui ne veut pas débloquer l’argent qui sauverait la situation en Tunisie, c’est cette dernière qui joue le demandeur de crédit, sans garanties réelles, ni caution solidaire, et qui reste encore hésitante face  aux conditions du banquier !

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