AccueilLa UNETour de manivelle aux réformes économiques en Tunisie!

Tour de manivelle aux réformes économiques en Tunisie!

Une certaine perplexité a gagné dernièrement les analystes et commentateurs nationaux et d’autres horizons de la scène tunisienne.

Jeudi 1er  juin, la ministre des Finances, Sihem Nemsia, a annoncé, lors d’une intervention devant les députés de la nouvelle Assemblée des représentants du peuple, que le gouvernement prépare un important programme de réformes et un plan d’action d’envergure visant à impulser l’investissement en Tunisie, à travers la présentation d’une série de projets de lois au parlement, dans les prochains jours.

Le même jour également, l’Italie et la Banque mondiale, actuellement chefs de file du mouvement de soutien international à la Tunisie face à sa crise économique, ont signé à Tunis, un accord de financement de 1 million d’euros en faveur du programme de réformes en Tunisie, selon un communiqué de l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement.

Par cet accord, l’Italie venait s’ajouter à un collectif d’autres donateurs, Union européenne, Pays- Bas, Allemagne, Suisse, Royaume-Uni et Norvège, qui s’étaient  associés à la Banque mondiale dans le cadre d’un fonds commun appelé TERI ( Tunisia Economic Resilience and Inclusion Umbrella Fund) tendant à renforcer la capacité de la Tunisie à répondre aux défis économiques et sociaux actuels et à soutenir les réformes.

 » La contribution italienne vise à renforcer l’Unité de Mise en Œuvre (Delivery Unit) à la Présidence du Gouvernement, ayant pour objectif de faciliter la coordination et d’accélérer la réalisation des réformes identifiées comme étant d’une importance primordiale et immédiate par le Gouvernement tunisien », a signalé le communiqué.

Est-ce un tour de manivelle de la part des autorités tunisiennes  aux réformes économiques? Tout le laisse supposer !

Justement, l’Etat tunisien avait déjà soumis, en 2022, au Fonds monétaire international un Programme National de Réformes aux termes duquel « les services du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenus à un accord au niveau des services pour appuyer les politiques économiques de la Tunisie par un accord au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) d’une durée de 48 mois et pour un montant d’environ 1,9 milliard de dollars », d’après un communiqué publié par le FMI, le 15 octobre 2022.

« Le nouveau programme, élaboré par les autorités tunisiennes et appuyé par le FMI, vise à rétablir la stabilité macroéconomique, à renforcer les filets de protection sociale et l’équité fiscale, et à accélérer les réformes favorisant un environnement propice à une croissance inclusive et la création d’emplois durables », a ajouté le même communiqué, avant de conclure que « la communauté internationale peut apporter une contribution majeure à la réussite du programme des autorités en débloquant rapidement des financements supplémentaires ».

 Face aux défis financiers

Cependant, comme on le sait, le FMI s’est rétracté pour des raisons qui restent obscures, malgré la multitude de conjectures avancées pour les percer.

Or, dans son intervention de jeudi 1er juin devant l’ARP,  la ministre des Finances, citée par l’Agence TAP, a déclaré que « le gouvernement fait face à de grandes contraintes, l’obligeant à recourir à l’emprunt, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, afin d’honorer ses engagements, relatifs à la masse salariale, aux transferts sociaux au profit des catégories vulnérables, et à l’importation des carburants et produits de base dont le pays a besoin ».

De leur côté, à travers leurs nombreuses déclarations soutenues par des motions parlementaires, les Occidentaux ont multiplié les pressions de toutes sortes sur la Tunisie pour qu’elle modère les réserves émises envers les conditions imposées par le FMI et jugées, récemment, par le président de la République, hautement préjudiciables à la stabilité sociale de la Tunisie et de ce fait autant, sinon plus dangereuses à l’avenir du pays que les défis financiers.

Sihem Nemsia a confirmé, en effet, devant l’ARP, que la dette de l’Etat s’est élevée à environ 115 milliards de dinars à la fin 2022, soit 79,9% du produit intérieur brut, bien que les ressources propres de l’Etat aient enregistré une  hausse de 22%, durant l’exercice 2022, grâce à l’amélioration des recettes fiscales.

Toutefois, la solution, à son avis, est ailleurs. Elle a affirmé que la réduction de l’endettement est tributaire de la relance de la croissance économique, de la lutte contre la corruption et de la consécration de la culture du travail.

Une nouvelle manière de voir les choses s’en dégage. D’autant que le chef de l’Etat a proposé dernièrement une autre approche typique pour résoudre les problèmes liés aux subventions, un des points de discorde avec le FMI.

Il a suggéré d’instituer une taxe à payer par tous ceux qui ne méritent pas de bénéficier des subventions, au profit de la Caisse générale de compensation, en vue de continuer de bénéficier de ses interventions en matière de subventions. En effet, le système des subventions en Tunisie couvre les denrées de consommation de base, les carburants, l’électricité, le gaz, le transport et divers autres domaines, et profite à tout le monde, aux ménages ainsi qu’aux professionnels.

 Champ des possibles

Dans des commentaires à des médias locaux, l’économiste et universitaire tunisien Abdelkader Boudrigua  a vu dans cette proposition une solution de la question complètement différente, propre à renverser la donne, sachant que l’importation des carburants, des céréales, des huiles et du sucre, à l’affiche des grands produits subventionnés, constitue, en ce moment, la plus grande source de pression sur l’équilibre des finances publiques, selon la ministre des Finances.

Certains analystes ont parlé d’un forcing du destin, estimant qu’à travers le nouveau programme d’action, les autorités tunisiennes, sans tourner la page avec le FMI, veulent élargir le champ des possibles que beaucoup, il y a des mois, croyaient extrêmement réduit en dehors du prêt du FMI.

Elles sont tentées par d’autres chemins axés sur la dynamisation de la production et de la création des richesses, sinueux et chargés de plus de défis – mais plus sûrs pour quitter à jamais le tunnel et sortir définitivement au grand jour.

S.B.H

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