AccueilChiffreTunis: Cherchez l’erreur!

Tunis: Cherchez l’erreur!

La première photographie relève de la fiction. Elle est tirée de la célèbre pièce de théâtre «Azaïm» du comédien égyptien Adel Imam. Il y raconte notamment le comportement d’un chef d’Etat avec ses ministres et la réaction servile jusqu’à l’auto-humiliation. On remarquera surtout la position des mains, croisées comme dans un signe d’incapacité, les têtes baissées dans un signe de soumission complète au Chef.

La seconde photo est réelle. Elle n’a pas fait rire, comme la première, mais a beaucoup fait jaser sur les réseaux sociaux. Cette photo est tirée de «l’album» de la passation du ministre de l’UPL Néjib Derouiche, après sa nomination au ministère de l’environnement . On y voit les cadres du ministère, prostrés dans les mêmes positions que celles des ministres du Zaïm, Adel Imam, les mains croisés, la tête basse. Les spécialistes de la gestuelle expliquent la position de la main gauche au-dessus de la droite, comme un signe qu’on est sur la défensive.

Longtemps, la presse tunisienne avait mis en évidence la valeur intrinsèque de l’Administration tunisienne et soutenu que c’est elle qui avait été à la source de la résilience des instances de l’Etat tunisien aux pressions de la révolution. C’est pourtant aussi la même Administration qui fait l’objet de toutes les accusations lorsqu’il s’agit de parler des lenteurs administratives pour l’investissement ou pour les services aux citoyens. C’est aussi, cette même Administration qui avait fait l’objet, à l’aube de la révolution en 2011, de toutes sortes de brimades et de menaces de partis qui étaient au pouvoir comme le CPR ou même Ennahdha, avec notamment les appels répétés de Mohamed Abbou à l’épuration de l’Administration.

Dans un cas comme dans l’autre, l’Administration reste la seule vraie colonne vertébrale de l’Etat, celle sans qui ses rouages resteront grippés, même si cette Administration ne manque pas de point faibles et n’est pas à l’abri de tous les maux dont on l’accuse. Il reste qu’un comportement tel que le laisse transparaitre cet instantané et l’attitude que la photo a immortalisée, attestent que ce grand pilier de l’Etat tunisien qu’est l’Administration reste fragile. Il subit les orientations politiques , toujours floues et souvent contradictoires, de manière négative et n’arrive pas encore à prendre le dessus pour devenir initiateur et même le cogérant des affaires de l’Etat aux cotés des ministres et des politiciens. Cette Administration tunisienne, reste aussi fragile en l’absence de solidarité de ses agents et de la concurrence qu’ils se livrent, sournoisement et avec des comportements qui n’ont rien à voir avec la compétence et la productivité. Une Administration qui se terre dans la peur et cherche des connivences, autres que purement professionnelles, dans l’attente de jours meilleurs. Des comportements qui expliquent, au moins en partie, la gestuelle figée dans la photo qui les réunissait au nouveau ministre.

La photo fait jaser sur les réseaux sociaux, et ces réactions donnent une idée sur les attentes des Tunisiens de cette Administration. Des attentes qui pourraient se résumer en : plus d’indépendance et moins d’obédience dans ses rapports avec le politique qui gouverne, plus de rigueur et moins d’appartenance à un quelconque courant politique et encore moins à l’équipe d’un ministre pour être en position de lui dire non lorsqu’il le faut, le critiquer en cas de besoin et toujours l’accompagner dans son action en faveur de la collectivité. C’est tout cela que ne semble pas dire cet instantané et qui a ému les citoyens.

Khaled.

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