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Tunis : Ennahdha divisé sur l’initiative de Hamadi Jebali, quelles options lui resteront-elles ?

Outre la crise politique, l’initiative du Premier ministre Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates a suscité un vif débat juridique. Il s’agit certainement d’une décision courageuse et audacieuse de la part de Hamadi Jebali mais qui reste tributaire de la réaction des constituants. Entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, le gouvernement de technocrates demeure en suspens, bien que le chef du gouvernement estime ne pas avoir besoin d’obtenir la confiance de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Par ailleurs, si Hamadi Jebali n’a pas besoin, selon maints juristes, de solliciter la confiance de la majorité à l’ANC, quelles options s’offrent à lui? Quelles procédures doit-on mettre en jeu ? Dans quelle mesure Hamadi Jebali faire aboutir son initiative ? La situation se complique de jour à l’autre. Le bureau exécutif du parti Ennahdha auquel appartient Hamadi Jebali refuse officiellement l’initiative d’un gouvernement de technocrates. Rached Ghannouchi, le leader du mouvement Ennahdha a affirmé que le gouvernement de technocrates n’aura pas d’avenir, ayant été rejeté par des partis dont Ennahdha et le CPR, tous deux membres de la troïka. Et d’ajouter que n’importe quel gouvernement ne peut pas résister aux tempêtes s’il n’est pas soutenu par l’ANC.

A vrai dire, le parti d’Ennahda, est divisé sur la question du gouvernement de technocrates, et pour sortir de ce débat interne, certains de ses élus à l’ANC proposent même la formation d’un gouvernement d’union nationale incluant un large éventail de formations politiques.

Ameur Laârayedh, président du bureau politique du mouvement Ennahdha, a annoncé, de son côté, qu’Ennahdha tient à un gouvernement de consensus national, ajoutant que le gouvernement doit être issu de la légitimité électorale.

L’initiative de gouvernement de technocrates a été également rejetée par le front populaire, le mouvement Wafa, le CPR, ce qui fait perdre plus de 130 de 217 voix à Hamadi jebali, au cas où la décision serait soumise à l’ANC, ce qui donne à penser que l’initiative d’un gouvernement de technocrates est voué à l’échec.

Le Front Populaire soutient qu’un tel gouvernement ne servirait à rien si Hamadi Jebali se maintenait au poste de chef du gouvernement et appelle plutôt à la démission du gouvernement en son entier et la mise en place d’un gouvernement de crise.

Le Congrès pour la République, le parti du président Moncef Marzouki, est, pour sa part, ouvertement hostile à un gouvernement de technocrates car, selon lui, cette expérience n’a fait ses preuves sous le gouvernement de Béji Caïd Essebsi et plus tôt sous le régime déchu. « Nous sommes contre, catégoriquement contre, parce qu’un tel gouvernement ne serait pas en mesure de faire les réformes nécessaires et de réussir dans cette phase transitoire », indique, quant à lui, Abdelwahab Maatar, l’un des ministres CPR de l’actuel gouvernement qui occupe le portefeuille de l’emploi.

Le Congrès pour la République (CPR), l’un des partis de la troïka au pouvoir, a décidé de retarder d’une semaine sa décision de démissionner du gouvernement. Omar Chtioui, député du CPR a expliqué que Hamadi Jebali n’est pas un ministre technocrate et que, étant secrétaire général du mouvement Ennahdha, il n’a aucune place au gouvernement de technocrates, encore mois à sa tête.

Selon lui, tous les membres du CPR, sans exception vont voter contre un gouvernement de technocrates au cas où Hamadi Jebali présenterait son gouvernement à l’ANC.

Le parti Ettakatol, dirigé par le président de l’assemblée constituante, Mustapha Ben Jaafar, soutient, de son côté, l’idée d’un gouvernement de technocrates. La députée d’Ettakatol Lobna Jeribi a indiqué, dans ce cadre : « Nous voulons que ce gouvernement de technocrates puisse avoir des conditions de réussite et nous œuvrons à ce qu’il y ait cette majorité parlementaire dans le futur ».

Pour elle, la solution d’un gouvernement politique d’union nationale proposée par Ennahda n’est plus d’actualité. Depuis l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, il y a, dit-elle, un besoin de neutralité chez les Tunisiens.

Parmi les partis politiques qui ont également soutenu la décision de Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates, on relève « Al Joumhouri », « Nidaa Tounes », « Al Massar », « L’alliance démocratique », « Al Moubedara », « Al Majd » et « Attakattol », ce qui permettrait à Hamadi Jebali de n’obtenir que 82 sur 217 voix.

Mahmoud Baroudi, représentant de l’alliance démocratique à l’ANC, a appelé à soutenir la formation d’un gouvernement de compétences nationales afin d’arracher le pays à la crise.

Yassine Ibrahim a précisé, de son côté, que son parti, Al Joumhouri soutient le gouvernement de compétences. « Si ce gouvernement est indépendant des partis, et nous permet d’arriver aux prochaines élections, nous allons le soutenir et nous appellerons nos partenaires, les autres partis, à faire de même », a-t-il précisé.

Le porte-parole du mouvement Nidaa Tounes, Lazher Akermi, a affirmé que son parti considère l’initiative de Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates comme un pas positif sur la bonne voie en soulignant que « la formation d’un gouvernement d’indépendants est une revendication du parti Nidaa, depuis le début. »

Le président du parti Al Majd Abdelwahab Alhani, a indiqué que son parti soutient l’initiative du chef du gouvernement Hamadi Jebali, relative à la formation d’un gouvernement de compétences, soulignant la nécessité d’un consensus autour de cette initiative entre les différents acteurs politiques et des organisations de la société civile.

La démission de Hamadi Jebali est prématurée !

Le professeur du droit constitutionnel, Kais Saied a indiqué que la démission de Hamadi Jebali est prématurée aujourd’hui, car le succès du gouvernement dépend du soutien de certains partis, ceux de la coalition au pouvoir et d’autres groupes parlementaires de l’opposition et toutes les éventualités restent possibles dans l’attente de la clarification des positions de tous les partis.

Il a estimé aussi que le chef du gouvernement peut réussir son initiative en y introduisant quelques modifications, voire en y procédant à un remaniement partiel ou total, ce qui signifierait alors qu’il n’est pas nécessaire d’obtenir la confiance de l’ANC.

Khadija Taboubi

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