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Tunis : Remède de cheval avant les mois de vaches maigres, dur à avaler!

Fin des discussions entre la Tunisie et le Fonds Monétaire International pour la finalisation de l’accord sur le crédit stand-by de 900 MUSD. Un premier retrait de 150 MUSD à été déjà effectué, dès la signature, 500 ont été retirés en janvier dernier et le troisième retrait, qui sera décidé par le CA du FMI au terme d’une mission du Fonds sur les perspectives de l’économie tunisienne. 225 MUSD seront décaissés, en avril prochain. A cette occasion, le représentant du FMI, le ministre tunisien de l’Economie et des Finances et le gouverneur de la BCT, ont tenu, ce lundi 24 mars 2014, un point de presse. Précision de taille, les deux premiers retraits sont allés alimenter le budget 2013 et sa loi des finances complémentaire. Mehdi Jomaâ et son ministre des Finances, ne pourront donc compter que sur le prochain retrait d’avril 2014.

– Le tableau morose dressé par Mati

Amine Mati, chef de mission pour la Tunisie auprès du FMI, a fait part des premières conclusions de sa mission. Le tableau qu’il a esquissé de la situation économique en Tunisie, oscillait entre le noir et le gris, mais avec des prévisions macro-économiques, pour la Tunisie, en 2014, plutôt moroses. Le représentant du FMI reconnaît, d’abord, que «les avancées politiques, importantes sont à même d’ouvrir la voie à des perspectives claires à même de réduire l’attentisme des investisseurs ». Il nuance ensuite le jugement des experts du FMI, en précisant que «la situation demeure très fragile et difficile, avec un taux de croissance qui reste insuffisant pour répondre aux attentes sociales de la population». Il annonce aussi, contrairement aux prévisions du gouvernement Larayedh et son ministre des Finances Elyès Fakhfakh, que «le taux de croissance attendu, pour 2014, sera proche de 2,8 % et sera plus proche de la vérité», ce qui sera par la suite confirmé par le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, Hakim Hammouda. Pour l’inflation, le FMI s’attend à ce qu’elle reste stable en 2014, «avec un ralentissement de la hausse des produits alimentaires qui est la principale cause et avec une politique monétaire qui resterait prudente», conclut-il en guise de souhait.

Le déficit des transactions courantes continue à se creuser, dû à la faiblesse des exportations du phosphate et à celle des recettes touristiques, un niveau de réserves qui reste confortable bien qu’étant en baisse par rapport à 2012. Côté performance budgétaire, le déficit s’est amélioré, «mais peut-être pas de la bonne manière», indique le représentant du FMI. Et ce dernier de signaler que la composition du budget 2014, n’est pas adéquate, avec des dépenses d’investissement qui sont à 4,9 % du PIB, «un des niveaux les plus bas», signale-t-il. Et de prédire déjà, que «le déficit 2014, sera beaucoup plus important, à un peu plus de 8 % du PIB » et qui, plus est, financé par l’aide étrangère à hauteur de 4,5 milliards DT, «malgré les mesures inscrites dans le budget 2014 pour réduire la masse salariale», précise le représentant du FMI, comme s’il épinglait les responsables tunisiens qui étaient à côté de lui qui n’auront pas ainsi appliqué ce qui était déjà prévu pour 2014. Une année qui s’annonce en tout cas, plutôt mal. «Les risques pour la Tunisie, restent importants, particulièrement s’il y a une prolongation de la transition politique ou s’il y a une baisse du côté des principaux partenaires commerciaux de la Tunisie», prédit-il.

– Le remède de cheval ou la pilule amère du FMI.

Pour éviter tout cela, le chef de mission pour la Tunisie auprès du FMI, préconise une potion magique. «La réduction des vulnérabilités du secteur bancaire», qui coûteront quand même au moins 500 MDT pour un budget déjà en mal d’argent, «une croissance plus inclusive» mais avec des projets dans les régions qui ne se réalisent pas à cause notamment des mouvements sociaux, «absorber le chômage» qui est une mission presqu’impossible, sinon herculéenne et «réduire les disparités sociales », chose qui ne se fait jusqu’ici qu’avec l’augmentation des salaires, une des causes majeures des abysses où se le budget 2014. C’est tout cela qui fait de ce premier remède de cheval, proposé par le FMI, plutôt magique pour un chef de gouvernement qui a dit, dès le début, qu’il ne dispose pas d’une baguette magique.

En détaillant les ingrédients de sa potion, Amine Mati finit par lui donner un goût plutôt amer. «Une politique monétaire restrictive, une politique de change plus flexible». Deux mesures très difficiles, plus faciles à dire qu’à mettre en exécution pour une économie qui importe plus qu’elle n’ exporte et où le coût du change est un facteur tout aussi exogène que difficilement maîtrisable par la BCT. Mati va plus loin dans sa thérapie impossible et édicte une «maîtrise de la masse salariale». Plus facile à dire qu’à faire en face d’une UGTT qui ne donne aucun répit à ce sujet au chef du gouvernement. Il fait aussi le vœu d’une «réforme fiscale, avec des assises nationales prévues en mai prochain qui amèneraient une fiscalité plus simple avec plus d’équité». Un vœu qui restera pieux, à notre sens, tant le nœud gordien de cette réforme, la base des plus de 400 mille forfaitaires, demeurera intouchable pour des raisons sociopolitiques. Le chef de mission pour la Tunisie auprès du FMI, propose aussi «un meilleur suivi des entreprises publiques qui grèvent le budget de l’Etat et constituent un fardeau». On se demanderait alors comment s’y prendre , par exemple, pour les dettes et les besoins annuels des Offices, de l’huile et des céréales, pour la STIR, pour El Fouledh et autres qui sont autant de tonneaux des Danaïdes ou plus communément gouffres financiers. Tout cela, sans compter les autres entreprises, devenues publiques du fait de la confiscation et qui sont presqu’en faillite. Mais Mati va plus loin et évoque, certainement sans trop y croire lui-même, la question des «subventions énergétiques. Cette réforme est essentielle» insiste-t-il. Certes, mais Ali Larayedh s’y est frotté et à dû battre en retraite sous le poids du Conseil de sécurité nationale. Mehdi Jomaa hésite encore à lui emboîter le pas et le risque reste trop grand s’il s’y frotte à son tour. Le chef de mission pour la Tunisie auprès du FMI a proposé à ce sujet de «le faire sous la forme d’un système de protection sociale plus ciblé». Plus difficile à faire qu’à le dire, d’autant que cela devrait ou pourrait conduire à un système de cartes ou de « cartes de rationnement » des hydrocarbures dans les stations services. Un système lourd de gestion.

Notons qu’Amine Mati a insisté sur le secteur privé dont il a dit qu’il devra être le moteur de la croissance. Il n’a certainement pas entendu ceux qui prônent désormais, dans le silence de toute la Gauche et celui d’Ennahdha, parti politique normalement à droite, la nationalisation des richesses naturelles. Il n’a pas non plus entendu les ouvriers, dans un silence assourdissant de l’UGTT, qui demandent à être désormais associés dans le profit ou encore certains dirigeants de la centrale syndicale qui prêtent l’oreille à de pareilles demandes et clament que c’est aux patrons maintenant de payer. Ce n’est certainement pas cela, Mati l’a certainement écouté à l’Utica, qui va encourager le secteur privé à investir plus. Cela, alors que pas moins d’une centaine de ces hommes d’affaires, restent toujours interdits de voyage !

Et Viva la revoluçion !

Khaled

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