AccueilLa UNETunisie-Liste noire du blanchiment : On le mériterait presque !

Tunisie-Liste noire du blanchiment : On le mériterait presque !

Les mauvaises nouvelles s’égrènent depuis le début cette semaine. Après l’inflation à presque 7 % qui n’a semblé émouvoir personne, tant elle était attendue, voilà la Tunisie mise de manière officielle par la même Union Européenne (UE) dans une nouvelle liste noire, celle des pays exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Un nouveau coup dur, après la liste des paradis fiscaux, qui risquerait d’avoir de graves conséquences pour l’économie d’une Tunisie, déjà en crise financière aigue.

  • BCT, le bouc émissaire tout désigné

La 1ère victime de cette nouvelle liste est le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Chedli Ayari, dont la tête était déjà demandée par diverses parties, dont l’UGTT. Dogmatiquement monétariste, alors que le gouvernement préférait un Keynésien acquis à la politique de relance, il avait pourtant fait plutôt du bon travail, dans la limite des missions qui lui sont assignées par les statuts de l’institut d’émission. Echaudé par le résultat du vote au sein de l’UE en faveur de l’inclusion de la Tunisie dans la liste des pays exposés au blanchiment d’argent, contre l’avis de l’instance internationale spécialisée qu’est le GAFI, le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed a décidé d’accélérer les procédures de limogeage de Chedli Ayari et a déjà annoncé son successeur à la tête de la BCT, dans l’attente de l’accord de l’ARP. Une ARP qui montera certainement sur ses grands chevaux et demandera certainement une enquête sur cette nouvelle «médaille de la honte» décernée à un pays qui a pourtant été couronné par la médaille de l’honneur du Nobel de la paix. Une ARP aussi, qui n’a d’ailleurs pas conclu sa première enquête sur les péripéties de l’entrée de la Tunisie dans la liste des paradis fiscaux, avant qu’elle n’en sorte, bien que le point focal ait été clairement identifié.

  • Le blanchiment d’argent. Ce n’est pas une nouveauté en Tunisie !

Nous n’entrerons pas dans les détails de l’inclusion dans la liste des pays exposés au blanchiment d’argent et la gestion, désastreuse disons-le, de ce dossier, partagée entre deux institutions, le gouvernement à travers le ministère des Finances qui aurait rempli convenablement cette fois son rôle, et la présidence de la République à travers le ministère des Affaires étrangères qui n’aurait pas excellé dans la défense du dossier tunisien devant l’aile droite de l’UE. Ce n’est pas le propos. Il nous semble plutôt qu’il est temps pour la Tunisie de se poser certaines questions et d’en assumer pleinement la responsabilité.

La Tunisie n’avait pas besoin, en premier lieu, qu’on lui rappelle qu’elle est exposée au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Elle le sait très bien. Un rapport avait été établi depuis avril 2017, par la BCT dont on fait désormais le bouc émissaire, évaluant clairement et sans détour les dangers en la matière. Un autre rapport, en date de 2015, a été publié par la BCT et présenté au chef du gouvernement. Cette dernière était en négociation, avec ce que cela suppose en échange d’information, avec le GAFI, qui lui a même décerné un satisfecit quant aux progrès faits en la matière, comme en a fait part le 1er février 2018 un communiqué de la BCT. La Tunisie fait donc des progrès. Mais l’UE reste intransigeante à ce sujet, même avec ses propres membres. La Tunisie ne semble pas l’avoir compris, ni d’ailleurs les changements au sein de cette institution européenne.

  • La Ctaf a fait ce qu’elle pouvait. Et la justice ?

La Commission Tunisienne des Analyses Financières (CTAF), instituée par l’article 118 de la loi organique n°2015-26 du 7 août 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d’argent, est une Cellule de Renseignements Financiers de type administratif. Elle est cependant tenue à l’obligation de réserve. Elle identifie, après analyses, tous les dossiers et les transmet à la justice à laquelle il incombe de trancher. Plusieurs fois questionnée, par nos soins entre autres, elle assure qu’elle a instruit plus d’un dossier et tout transmis à la justice. Cette dernière, peut-être submergée, n’aurait jusqu’ici pris aucune décision. Une ou deux, ou même plus, décisions de justice auraient peut-être tranquillisé le partenaire européens sur l’engagement, clair et sans faille de la Tunisie dans sa démarche de lutte contre le blanchiment de l’argent et contre le financement du terrorisme, dans un pays où plus d’un donneur d’alerte avait pourtant évoqué de tels faits. La Tunisie reste, en la matière, réactive et peine à devenir active.

  • Quid des centaines d’associations, dites caritatives !

La Tunisie, c’est aussi des dizaines d’associations créées après la révolution, et qui ne sont pas toutes philanthropiques, caritatives et altruistes. La création de ces associations relève juridiquement du gouvernement et il y a même un ministre en charge de ce dossier. A plus d’une occasion, des révélations ont été faites sur l’activité de certaines d’entre elles, fortement soupçonnées de financement, pour le moins illicite pour ne pas dire en lien avec le terrorisme. Peu d’enquêtes ont été diligentées.

Loin d’être désinformés, les ambassadeurs européens n’ont certainement pas manqué de relayer ces informations à leurs hiérarchies qui en ont sans aucun doute tenu compte dans les votes de leurs représentants. Loin d’être mal informés, les responsables tunisiens ont peut-être, par manque de volonté politique ou à leur corps défendant, fermé l’œil ou fait comme les singes de la sagesse, mais ils ne pouvaient pas ne pas être au courant. Ils, ou c’est encore la justice, ont laissé faire et ils viennent de recevoir, en pleine figure avec l’entrée dans cette nouvelle liste, le boomerang de leur partenaire et ami, l’Europe. C’est pour tout cela que nous mériterions presque ce qui nous est arrivé et que la Tunisie ne pourrait en vouloir qu’à elle-même !

 

NB : Les liens des deux rapports, sont de la BCT et sont sans danger, malgré le Warning de Microsoft

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1 COMMENTAIRE

  1. Pour sortir la Tunisie de la liste noire des pays qui blanchissent l’argent sales, et le soutien du terrorisme, il faut absolument changer le gouverneur de la banque de Tunisie, condition sine qua none., il faut aussi surveillez les fonds qui rentrent en Tunisie envoyés par Qatar sous forme de dons en faveur d’Ennahdha.

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