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Tunisair : tout aussi « coupable » que les groupes Loukil et Hachicha, mais reste intouchable !

Le CMF vient d’infliger à deux groupes dont les entreprises sont cotées en bourse l’obligation de procéder au retrait de leurs entreprises (UADH, GIF FILTER, AMS du groupe Loukil et Electrostar du Groupe Hachicha Fethi) de la cote de la BVMT.

Elles devront ainsi racheter tout leur flottant à des prix fixés par le régulateur du marché boursier, et cela coûtera énormément à ces entreprises, déjà malmenées par la conjoncture, la leur et celle des marchés où elles exercent. Le groupe Loukil devra ainsi rembourser à ses anciens actionnaires la somme de plus de 7 MDT, et Fethi Hachicha la somme d’un peu plus de 456,102 mille DT.

–        Les privés poursuivis en justice et sanctionnés

Dans son exposé des motifs, le CMF (Conseil du Marché Financier) a indiqué que « la situation de ces entreprises a représenté un risque croissant pour les intérêts des actionnaires, en raison du non-respect répété de l’obligation de procéder à des communications financières, imposée par les lois et réglementations en vigueur ».

Le dernier bilan publié par les AMS, une entreprise minée par la contrefaçon et tuée par le Covid, date de 2019. Il faisait état d’un déficit de 28,924 MDT où on trouve l’effet des 8,6 MDT de masse salariale et les 7 MDT de charges financières nettes.

Pour Gif-Filter qu’il tentait de sauver après le décès de son promoteur initial, le dernier bilan remonte à 2020, et laissait un déficit de plus de 5 MDT ; ses commissaires aux comptes attiraient déjà l’attention sur « l’incertitude significative liée à la continuité d’exploitation », et le Fisc y était déjà pour vérification approfondie.

Pour la Holding du groupe (UADH), le dernier bilan date de 2017, mais laissait voir un bénéfice de 6,659 MDT, en très nette baisse par rapport aux 12 MDT de 2016, et seulement 365 mille DT en consolidé pour l’exercice 2017. La chute du groupe deviendra en tout cas inéluctable, lorsque le constructeur français Citroën lui retire sa carte de concessionnaire en Tunisie.

Pour l’entreprise phare du groupe Hachicha, le resserrement des crédits bancaires qui l’avait visée, et le Fisc qui ne lui donnait pas répit, avaient certainement fini par avoir raison de la capacité de résilience d’Electrostar. Publié en août 2022, le bilan de l’exercice 2020 laissait voir des revenus en baisse et un résultat d’exploitation déficitaire de presqu’autant que les revenus, et un résultat net déficitaire de 16,3 MDT, sans compter les 37,640 MDT en résultats reportés négatifs.

–        La Publique, Tunisair reste intouchable !

A ne pas en douter, ce faisant, le CMF ne faisait qu’épurer la cote de la BVMT de quelques « canards boiteux », dont les difficultés perdurent et qui n’arrivaient pas à se relancer, pour des raisons tant endogènes qu’exogènes. 

Il est pourtant important de rappeler à ce même CMF, dit gendarme de la bourse, que ces cinq entreprises qu’il oblige à des OPR (Offre Publique de Retrait), sont loin d’être les seuls canards boiteux de la cote, et loin, très loin d’être les seules à représenter « un risque croissant pour les intérêts des actionnaires », comme il le dit pour les cinq entreprises privées.

En effet, le plus gros canard boiteux en bourse reste la compagnie Tunisair. Selon les données de la BVMT, son capital social était de 106,199 MDT en 2017. Une année après, 2018 qui est celle de son dernier bilan publié (Ndlr : En déni complet du principe de la transparence par la communication financière que prétend défendre le CMF), faisait état d’un déficit de 234,382 MDT, c’est-à-dire plus que deux fois son capital social. On ne sait toujours rien sur ses pertes cumulées. Depuis en tout cas, Tunisair n’a jamais plus publié de bilan, ni individuel, ni consolidé car elle s’est depuis belle lurette transformée en groupe. Depuis, Tunisair n’a jamais rien publié que des indicateurs trimestriels, qui faussent par ailleurs l’image globale financière de l’entreprise.

Tunisair avait été introduite en bourse en juillet 1995 par OPV sur 900 mille actions (20 % du capital) au cours de 23,5 DT. En 2017, sa Capi (Capitalisation boursière) était estimée à 82,84 MDT. En juillet 2023, cette Capi n’est plus que de 44,6 MDT selon l’intermédiaire boursier Mac SA. Il y a six ans, son cours le plus haut en bourse était déjà à moins d’un Dinar (0,930 DT). De plus, la compagnie n’a presque jamais (Au moins depuis 2017 selon la BVMT) distribué de dividendes, ni pu utiliser la bourse pour une quelconque levée de fonds.

Actuellement, le papier Tunisair s’échange à 0,420 DT. A son introduction en bourse, les 20 % de flottant valaient plus de 21,1 MDT. Actuellement, ces 20 % ne valent plus que 387 mille Dinars. Tout cela, et le CMF ne veut toujours pas considérer que Tunisair est tout aussi « coupable » que les cinq privées et qu’elle doit aussi faire objet de l’application de l’article 157 bis du CMF. Ce dernier ferait-il ségrégation, ou est-ce qu’il ne serait pas contré par une volonté gouvernementale du statu quo pour manque d’argent ? En effet, une OPR sur Tunisair coûterait les yeux de la tête (pour ne pas dire autre chose) au budget de l’Etat, et pour une entreprise en bisbille avec sa tutelle !

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