AccueilLa UNETunisie : Jbali, l’irréfléchi, l’enfantin et le mauvais négociateur !

Tunisie : Jbali, l’irréfléchi, l’enfantin et le mauvais négociateur !

Poète du spleen, comme semble le vivre actuellement la politique tunisienne, Charles Baudelaire disait que «c’est toujours le gouvernement précédent qui est responsable des mœurs du suivant, autant qu’un gouvernement puisse être responsable de quoi que ce soit». Plus politicien que le premier, Léon Blum disait que «on change d’optique, quand on devient chef du Gouvernement». Jbali l’a manifestement fait, depuis octobre 2011.

C’est ainsi une autre facette du gouvernement et de la coalition gouvernementale, que découvrent les Tunisiens à l’occasion des derniers évènements de Siliana. Une facette qui ne contribuera certainement pas à augmenter le crédit de confiance de Hammadi Jbali et de son gouvernement.

– «La bonne politique est de faire croire aux peuples qu’ils sont libres, le bon gouvernement est de les rendre heureux comme ils veulent l’être »(Napoléon Bonaparte)

Déçue par le manque d’efficience, comme le dira clairement Moncef Marzouki, la population tunisienne découvre une coalition complètement déstabilisée par l’ampleur des mouvements populaires et dépassée par la tournure des choses, avec une colère qui parcourt les régions intérieures de la Tunisie comme un frisson de peur. La population tunisienne découvre aussi un pouvoir désarticulé où le chef de l’Etat critique assez durement et, pour la seconde fois, depuis le congrès d’Ennahdha, son complice au pouvoir, le chef du Gouvernement Hammadi Jbali. Une critique assez dure qui fera dire au porte-parole Samir Dilou que le Gouvernement prendra le temps d’y répondre. Le gouvernement avait eu la même réaction, lors du discours critique de Marzouki, au cours des assises d’Ennahdha. Il a pourtant laissé faire. Tu me tiens, je te tiens par la barbichette !

C’est également un gouvernement qui se tire dans les pattes, notamment avec les accusations du chef du Gouvernement contre son ministre de la Santé et manifestement son rival politique au sein du parti au pouvoir, de ne pas soigner les forces de l’ordre blessées dans cette nouvelle jacquerie qui secoue depuis quelques jours le gouvernorat voisin de Sidi Bouzid où avait débuté la Révolution du 14 janvier 2011. Accusations auxquelles le ministre ne tarde pas à réagir, en démontrant que son chef prend ses informations dans les mauvais endroits. Suivez son regard vers l’avenue Habib Bourguiba où siège l’autre rival politique du ministre de la Santé.

C’est aussi un chef de Gouvernement aux réactions non réfléchies et sans aucun sens de la mesure que découvre la Tunisie des profondeurs. Ceci, notamment lorsqu’il refuse de sacrifier un gouverneur pour sauver un gouvernement et dit que le gouverneur de Siliana ne partira qu’après lui, mettant ainsi les deux institutions au même rang. Une réaction, presque enfantine, qui donne aussi de lui ainsi que de son ministère, l’image d’un cabinet incapable de gérer les crises, un cabinet qui n’a pas le sens de la propension à bien négocier les périodes difficiles. La Tunisie cherchait un leader. Les évènements de Siliana offraient l’occasion à un bon chef de Gouvernement de le devenir. Comme lors de beaucoup d’autres évènements, Hammadi Jbali perd une occasion de se taire et rate lamentablement le coche, se mettant ainsi, par sa position vis-à-vis du gouverneur, dans la peau de l’ennemi de toute une région, celle d’un chef de Gouvernement qui laisse une partie du pays lui échapper, d’autant qu’il ne peut plus prendre le risque de s’y aventurer en politicien visiteur, en médiateur entre gouverneur et population et encore moins en bon père de famille qui viendrait calmer les esprits. Avec cette réaction, Jbali comptait verrouiller la situation. Il ne fera que se verrouiller lui-même dans le refus de toute communication avec le peuple qu’il dirige. Il est ainsi obligé de s’adresser, encore une fois, à l’UGTT qui récupère ainsi le rôle de leader, pour communiquer avec une population dont son parti dit à cor et à cri qu’elle est acquise.

– «Tu as tout ce qu’il faut pour entraîner la populace, voix terrible, naturel pervers, impudence de halle ; tu as toutes les qualités nécessaires pour le gouvernement ». Aristophane (Auteur comique grec).

Avec toute l’improbabilité de la concrétisation de l’un de ses discours, toute la population étant consciente du très peu de marge dont il dispose et du très peu de ses prérogatives pour pouvoir un jour assumer ses dires et réaliser ses promesses, Moncef Marzouki aura, politiquement, quand même marqué plus de point que Hammadi Jbali, à l’occasion de ces malheureux évènements de Siliana.

Par un discours où il prend le contrepied de ses amis du pouvoir, le chef de l’Etat arrive à faire oublier qu’il était allé recevoir un prix international, alors que Siliana brûlait. Il n’a de cure, en plus, de demander qu’un gouvernement de compétences, donc de technocrates, remplace celui de Jbali. Il sait bien qu’il ne pourra pas le revendiquer et encore moins l’imposer. Chef spirituel d’un parti qui lui échappe et se déchire, Moncef Marzouki sait très bien qu’il ne sera pas suivi dans cette demande par le SG du CPR dont la cabale en faveur de l’épuration politique ne peut souffrir d’un changement de gouvernement et de stratégie. Abbou, comme Marzouki, savent très bien aussi qu’un changement de gouvernement sans changement de stratégie ou de politique tout court, reste fort improbable, car n’apportant que des chamailleries internes pour les fauteuils ministériels à pourvoir.

Khaled Boumiza

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