AccueilLa UNETunisie : L’économie encore dans l’attente d’un rebond postrévolutionnaire

Tunisie : L’économie encore dans l’attente d’un rebond postrévolutionnaire

C’est un sombre tableau que l’agence internationale Reuters a dressé de l’économie tunisienne et de la situation sécuritaire dans le pays. Les indicateurs ont du mal à redécoller et le nouveau gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha peine à redresser la situation. Dans cet article, l’agence commence par rappeler que, en mai dernier, une agence de relations publiques engagée par le gouvernement tunisien a placé une publicité dans certains des principaux journaux du monde entier et des revues économiques. «Investir dans la démocratie», affiche le slogan. L’idée derrière les annonces était d’attirer les investissements étrangers et de relancer l’économie en mettant à profit le facteur de bien-être attaché à la Tunisie après avoir évincé son chef autocratique, déclenchant une série de révoltes dans le monde arabe. C’était une bonne idée, mais jusqu’ici, cela n’a pas marché, constate Reuters. Treize mois après la révolution, l’économie continue de toucher le fond. L’investissement s’est ralenti, le tourisme – un pilier de l’économie – est en baisse, le chômage est en hausse et l’objectif du gouvernement de 4,5 pour cent de croissance économique cette année semble trop optimiste. Le problème, affirment les hommes d’affaires et les responsables gouvernementaux, est que les Tunisiens, jouissant d’une liberté retrouvée pour réclamer des conditions de vie meilleures, ont mis l’économie à genoux par des grèves quasi quotidiennes et des sit-ins. «Atteindre un taux de croissance de 4,5 pour cent pour l’année en cours est de plus en plus difficile au fil des jours, les sit-ins causant d’énormes pertes économiques », a déclaré Samir Dilou, le porte-parole du nouveau gouvernement, dirigé par les islamistes.

Avec un produit intérieur brut semblable à celui de la République Dominicaine, la Tunisie n’est pas un acteur économique mondial. Mais cela pourrait être un indicateur de la manière dont l’économie fonctionne dans d’autres pays plus grands émergeant du «Printemps arabe », en particulier l’Egypte.

Jusqu’à présent, les nouveaux dirigeants tunisiens soutiennent que le ralentissement est un accident de parcours, temporaire. Les investisseurs et les visiteurs ont été effrayés par l’instabilité consécutive à la révolution et seront de retour une fois qu’ils auront réalisé les choses sont sur la bonne voie, ajoutent-ils.

Ces retombées positives est de plus en plus difficiles à maintenir, d’autant que, selon les données économiques pour l’année dernière, la situation est pire qu’on ne le pensait.

Le gouvernement avait, au départ, prévu que la croissance du PIB passerait de 3 pour cent, qui était son taux une année avant la Révolution à environ 1 pour cent en 2011. Plus tard, ce taux fut révisé à la baisse pour osciller entre 0,2 pour cent et une croissance nulle.

La semaine dernière, le ministre du Développement régional et de la planification, Jamel Gharbi a déclaré que l’économie avait en fait régressé de 1,8 pour cent. Cela ne soutient pas la comparaison avec des économies comparables, celle du Maroc ayant progressé d’environ 4,5 pour cent, l’année dernière, et celle de l’Algérie d’environ 3 pour cent.

Le taux de chômage de la Tunisie – l’un des plus grands griefs de la Révolution – a augmenté de 18 pour cent contre 13 pour cent il y a un an, et est beaucoup plus élevé chez les jeunes.

«La Révolution a réalisé quelques gains, notamment pour ce qui concerne la liberté d’expression, mais le ralentissement se poursuit », constate un économiste tunisien.

«La structure de l’économie est toujours la même dans tous les secteurs … rien n’a changé et le gouvernement est incapable de faire face à la hausse des prix et au chômage. C’est un indicateur très sérieux. »

Il y a eu davantage de mauvaises nouvelles s’agissant du tourisme, principale source de devises pour la Tunisie et un secteur qui emploie environ 400.000 personnes dans un pays de 10 millions d’habitants. Le nombre de touristes étrangers, en 2011, a régressé d’environ 2 millions pour se situer à 4.4 million, selon une source du ministère du Tourisme. Les recettes du tourisme ont chuté à 2,1 milliards de dinars (1,4 milliards de dollars) l’année dernière, contre 3,2 milliards DT.

Selon l’Union Tunisienne de l’Industrie et du Commerce (UTICA), 170 entreprises étrangères ont fermé de façon permanente depuis la Révolution. C’est une part minime en comparaison au nombre total des entreprises étrangères opérant dans le pays – il y avait 3135 en 2010, selon l’agence de promotion des investissements – mais l’organisation patronale a estimé que de nombreuses entreprises pourraient suivre.

Le nouveau gouvernement s’emploie à répondre à la situation. Il a obtenu la promesse de recevoir des milliards de dollars en prêts et aides de la part de gouvernements étrangers et d’institutions internationales. Le gouvernement a dévoilé un programme d’investissement public ciblant les régions les plus pauvres du pays et où le mécontentement est le plus vif. Le ministre de l’Emploi Abdel-Wahab Maatar a indiqué que 250 000 emplois seraient créés cette année dans les secteurs public et privé.

Les troubles sont en train d’entraver les plans de développement du gouvernement. «Nous avons maintenant environ 260 projets qui sont prêts, qui procureront environ 30 000 emplois», a déclaré le chef du Gouvernement, Hamadi Jebali. «Mais ils sont actuellement au point mort à cause de la situation sécuritaire et des sit-in».

Son gouvernement est engagé dans une course contre la montre. Il doit mettre un bémol aux manifestations et aux grèves avant la saison touristique de cette année, sous peine d’avoir sur les bras une deuxième année consécutive d’annulations coûteuses, conclut Reuters

Source : Reuters

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