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Tunisie : La lutte contre la corruption ne devrait-elle pas commencer par les membres du gouvernement, les partis au pouvoir et les députés de l’ANC ?

Dans l’indice de perception de la corruption que sort, chaque année, l’ONG, Transparency international, la Tunisie perd deux places pour se situer en 75ème position (41 points) et, cela par rapport à l’année 2011. Comme l’a, à juste titre, souligné le président transitoire, Moncef Marzouki, cette semaine, devant l’ANC, la Tunisie est cependant tombée de la 59ème position, avant la révolution, à la 75ème position, après la révolution. Cela n’a pas d’autre explication que le fait de l’augmentation de la corruption… après et peut-être même à cause de la révolution. Bonaparte aurait dit que «la révolution n’enlève pas les privilèges. Elle en change seulement les bénéficiaires». On aurait cru qu’il parlait de la révolution, dite du jasmin ! Quelques exemples pour le vérifier.

– Des élections avec distribution d’argent.

La corruption d’après l’ère Ben Ali a, en fait, commencé, dès 2011, à l’occasion des élections. Beaucoup d’observateurs et même certains journalistes, ont évoqué des cas de distribution d’argent parmi les tous premiers sit-inneurs qui revendiquaient à Kasbah1, la Constituante. Beaucoup ont aussi vu et décrit les scènes de distribution d’argent, par plus d’un candidat aux élections d’octobre 2011 pour cette même Constituante. Dans l’un comme dans l’autre des cas, cela s’appelle de l’achat de voix, et c’est de la corruption. Cette corruption avait même induit les querelles partisanes entre Ennahdha et Nida Tounes, comme dans la ville de Soliman, selon ce que nous a rapporté, de visu, l’un de nos lecteurs. La corruption n’a pas de limite, et cela donne une idée claire sur l’étendue de sa pratique !

– Le trafic transfrontalier d’aliments entre la Tunisie et la Libye.

Tout le monde en Tunisie a vécu l’importante vague de trafics de tous genres, qui avait été derrière maintes pénuries alimentaires en Tunisie, dans la Tunisie de la révolution. A ne pas en douter, ces trafics, ne pourraient avoir lieu qu’en contrepartie de grandes sommes et de dessous de table donnés par ces trafiquants à certains éléments de la douane tunisienne. Cela s’appelle aussi corruption, une pratique qui a certainement été aussi derrière le trafic d’armes entre la Tunisie et l’Algérie, sujet qui a été en tête des préoccupations évoquées par le chef du Gouvernement tunisien, lors de sa dernière visite, en Algérie. Cela ne semblait pas suffire, si l’on voit la dernière prise des autorités tunisienne d’une voiture bourrée d’armes et d’explosifs.

– Le cas des hommes d’affaires tunisiens.

Lors de notre présence à la dernière édition des «Journées de l’entreprise», les 7 et 8 décembre à Sousse, nous discutions avec un éminent et connu homme d’affaires, des hommes d’affaires tunisiens qui ont fini par plier sous les pressions des nouveaux gouvernants pour «payer» et se mettre sous leur protection. Loin de le nier, cet homme d’affaires d’une des deux organisations patronales, a fini par laisser tomber que «on ne peut plus revenir en arrière. Cette pratique, notamment d’Ennahdha avec certains hommes d’affaires, a été maintes fois décriée même par d’anciens d’Ennahdha. Cela aussi s’appelle de la corruption et usage illicite du pouvoir. On ne passera pas sans se poser la question sur le financement des «Comités de protection de la révolution», ainsi que ses liens qui font polémique, avec la pieuvre du parti Ennahdha !

– Une justice, par toutes ses composantes, qui trempe aussi dans la corruption.

Le cas de la relation de la justice tunisienne avec la corruption est problématique, puisque c’est à elle qu’est confié le dossier de la corruption. Lors de notre dernière rencontre avec Me Samir Annabi, président de la nouvelle Instance de lutte contre la corruption, celui-ci a évoqué le cas d’un avocat bien connu qui avait été révoqué de l’ancienne commission de Feu Abdelfattah Amor pour ses liens avec la famille des Trabelsi, gendres de ben Ali, qui étaient les papes de la corruption en Tunisie. Mais il nous a aussi révélé le cas des 3 dossiers concernant des juges et sur lesquels le ministère public se tairait encore. Les cas aussi d’avocats qui avaient essayé de siéger à la nouvelle Instance, pour y régler des cas de leurs proches qui trempaient dans des affaires de corruption. Peut-on toujours se fier à cette justice ?

– Le cas Jarraya et son lien avec la presse !

Samir Annabi a aussi évoqué le cas de Chafik Jarraya et de ses trois dossiers transmis à la justice tunisienne, sans que personne n’en connaisse les suites. Divers ministres et chefs de partis politiques ont, plus d’une fois, évoqué le nombre d’organes de presse qui seraient sous sa coupe ou sous son contrôle. L’usage illicite du pouvoir commence pourtant par là. Qui, parmi les juges d’une justice qui crie haut et fort son indépendance, a enquêté sur cette question ? Qui, parmi les avocats qui font feu de tout bois en matière de plaintes, a déposé une affaire pour essayer d’élucider le cas de cet homme d’affaires qui demeure innocent jusqu’à preuve du contraire ?

– Il reste enfin à dire que la non transparence équivaut aussi à une accusation, quoique non encore vérifiée, de corruption. Le chef du Gouvernement tunisien, Hammadi Jbali, avait, lui aussi, célébré, le 9 décembre dernier, la journée mondiale de lutte contre la corruption. Son ministre chargé de ce dossier, Abderrahmen Ladgham, avait, auparavant, annoncé la stratégie de lutte contre ce fléau populaire, du Gouvernement Jbali. En tête des axes, figurait le «renforcement de la prévention». L’un comme l’autre avaient pourtant oublié de dire qu’aucune déclaration de biens des membres d’un gouvernement qui en compte presque 80, n’a été publiée. Cela, alors que des bruits, administrativement non vérifiables, courent sur de nouveaux contrats d’achats d’immeubles de la part de plus d’un ministre et même du chef du Gouvernement et d’autres membres d’Ennahdha à l’ANC, comme celui qui se fait construire actuellement une grosse huilerie dans la région du Sahel. Tous ont peut-être les moyens qui leur permettraient cela. Comment pourtant faire la différence entre l’argent propre et le bien malacquis, s’ils ne publiaient pas la liste de leurs biens, avant la révolution. A moins que la lutte contre la corruption ne veuille dire que Ben Ali, Sakher El Materi et les RCDistes chez Me Abbou et le ministère de Salim Ben Hamidane, lutter contre la corruption, c’est d’abord commencer par soi-même et faire preuve, sur le papier et pas uniquement par la parole comme le faisait Ben Ali et sa bande, de transparence, de probité et de mains propres !

Khaled Boumiza.

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