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Tunisie : L’un des rares secteurs qui marchent perd 35,5% au 1er trimestre !

La dernière fois que l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII) a pris le pouls de l’investissement déclaré dans le secteur industriel, elle nous parlait d’une montée phénoménale de 99,9% au mois de janvier 2018, un volume global de 407,8 Millions de dinars (MD), contre 204,0 MD à la même période de 2017. Cette embellie s’expliquait par les 467 projets déclarés alors qu’un an auparavant ils n’étaient que 299, ce qui faisait une progression de 56,2%. Et que dire des 6611 postes d’emplois créés, toujours selon l’APII, contre 4072 au mois de janvier de l’an dernier, soit une poussée de 62,4%. Bref, ça roulait parfaitement. Alors qu’est-ce qui s’est passé pour qu’en deux mois à peine l’investissement déclaré dans le secteur industriel plonge jusqu’à -35,5%, au premier trimestre 2018, pour se situer à 922 MD contre 1428,8 MD au terme des trois premiers mois de 2017, d’après le bulletin de conjoncture de l’APII ? L’explication est certainement à trouver dans ce climat des affaires qui tarde à faire la révolution promise véhément par le chef de gouvernement, et dont s’est plaint, avec la même véhémence, Bassem Loukil, patron du groupe éponyme et président de TABC. Il y a aussi toutes ces réformes qui calent, et que ne favorisent pas cette agitation sociale permanente, ces grèves et tensions récurrentes, le retour au travail et celui du rythme de la production d’antan qui rament, cette atmosphère délétère au port de Radès, etc.

Dans le détail, le paquet des projets déclarés dans le secteur industriel affiche 1202 unités, au cours du premier trimestre 2018, contre 1228 lors de la même période de 2017, soit une fonte de 2,1%. Les prévisions des emplois ont baissé de 20,2%, passant de 20628 postes d’emplois durant les trois premiers mois de l’année 2017 à 16467 emplois déclarés au premier trimestre de 2018. Les investissements déclarés dans le secteur des industries agroalimentaires ont reculé de 29,8%, passant de 419,6 MD en 2017 à 294,7 MD, au cours du premier trimestre de 2018.

Idem pour le secteur des industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre, dont les intentions d’investissements ont reflué de 14,9% durant les trois premiers mois de l’année 2018 avec 168,4 MD contre 198 MD, durant la même période de l’année 2017.

Même tonalité pour le secteur des industries du textile et de l’habillement, dont les intentions d’investissements ont chuté de 34,3% avec 30,8 MD durant les trois premiers mois de 2018 contre 46.9 MD à la même période de l’an dernier. Petit bémol, à l’avantage de la Tunisie : les investissements déclarés du secteur des industries du cuir et de la chaussure ont enregistré une hausse de 34,5%, passant de 5,5 MD à 7,4 MD durant le premier trimestre 2018.

Les optimistes invétérés (ils ne sont pas nombreux, heureusement pour le bien du pays qui a besoin d’entendre des vertes et des pas mûres pour se réveiller) diront que le voisin marocain, qui nous nargue avec ses indicateurs au vert et son imperméabilité aux secousses sociales – à part le Rif -, n’est pas non plus bien lotie en la matière en ce moment. Mais c’est une très maigre consolation. D’abord parce que cette posture ne règle aucun des problèmes de la Tunisie, avant-dernière du Top 10 du continent pour l’investissement ; ensuite parce que Rabat trouve des solutions et s’oxygène avec ses contrats à l’extérieur et ses exportations, notamment en Afrique subsaharienne, ses grosses recettes touristiques, etc. Tunis est très loin de pouvoir en dire autant. Certes un grand pas a été franchi avec l’intégration dans le COMESA (le Marché commun de l’Afrique orientale et australe), mais il faudra transformer l’essai, et ce qui ne sera pas une mince affaire avec une Egypte déjà solidement campée dans l’organisation et qui ne lâchera rien, sur tous les terrains où elle pourra supporter la concurrence. Dans tous les cas, cela n’exonérera pas le gouvernement de l’énorme travail qu’il a à faire pour assainir l’environnement des affaires et maintenir à flot l’investisseur industriel, l’un des rares secteurs qui apportent des satisfactions ces dernières années.

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