Microsoft a vendu des logiciels et dispensé une formation y afférente aux forces de sécurité de l’ancien régime répressif de Tunisie, il ya six ans, selon un télégramme révélé par Wikileaks . L’accord a même effarouché les plus chauvins en matière de commerce au sein du gouvernement américain, d’après le câble, rapporte « The Registre », le site britannique spécialisé en TIC.
Selon ce télégramme, envoyé par l’ambassade américaine à Tunis en 2006, Microsoft a vendu 12 000 licences pour ses logiciels, avec la formation requise, aux fonctionnaires des ministères de la Justice et e l’Intérieur qui voulaient apprendre à utiliser les ordinateurs et l’Internet comme moyen de «lutte contre le crime», ajoute le site.
A l’enseigne d’un programme sur la cybercriminalité, Microsoft devrait former les fonctionnaires gouvernementaux au sein des deux ministères en question sur la façon d’utiliser les ordinateurs et l’internet pour lutter contre la criminalité. Les deux ministères ont été les instruments de la répression sous le régime du président Zine el-Abidine Ben, qui a démissionné en janvier de cette année après 24 années au pouvoir, et ce à la suite d’une vague de protestations qui ont fait des morts. Le ministère de la Justice avait la charge des tribunaux et les prisons sous le régime de Ben Ali tandis que celui de l’Intérieur avait sous sa responsabilité la police.
Salwa Smaoui directeur général Microsoft Tunisie devait assister au Forum Afrique ayant réuni les chefs de gouvernements au Cap, en Afrique du Sud, où elle devait présenter à Bill Gates l’accord de 2006 sur la Tunisie. Elle était apparemment préoccupée par l’idée de rencontrer Bill Gates sans avoir en main un accord du gouvernement tunisien.
Le co-fondateur Microsoft qui devait s’adresser à ce Forum des dirigeants africains en présence de l’ancien président américain Bill Clinton, a longuement évoqué le rôle de l’informatique pour changer la vie des gens en Afrique.
L’accord entre la Tunisie et Microsoft a finalement été signé lors du forum d’Afrique du Sud en juillet 2006. L’accord négocié par Salwa Smaoui a été libellé « accord de coopération sur l’e-gouvernance, la cybersécurité, les droits de propriété intellectuelle, destiné à contribuer à promouvoir les secteur des TIC en Tunisie», avec la promesse faite par Microsoft de dispenser une formation au profit des handicapés tunisiens à l’effet de les aider à trouver du travail dans le secteur.
Smaoui a qualifié de «gagnant-gagnant» l’accord aussi bien pour Microsoft que pour le gouvernement tunisien.
Cependant, l’ambassade américaine en Tunisie n’a pas été aussi positive. Elle a souligné que l’épouse du président déchu, Leila Ben Ali gérait un organisme de bienfaisance pour les handicapés tunisiens. Les diplomates dépités avaient ajouté : «En théorie, l’augmentation des capacités du gouvernement tunisien en matière d’application de la loi par le biais de la formation en TIC est une chose positive, mais vu l’emprise du gouvernement et son ingérence dans l’internet, des questions se posent de savoir si cela n’est pas de nature à renforcer la capacité du gouvernement tunisien de contrôler ses propres citoyens. Finalement, pour Microsoft, les avantages l’emportent sur les coûts », conclut The Register.
Source : le site « The Register »
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