AccueilLa UNEUE-Tunisie: La migration, une question prégnante

UE-Tunisie: La migration, une question prégnante

Par les temps qui courent,  le partenariat entre l’Union européenne  et la Tunisie semble tirer son essence  de l’enrayement des  flux migratoires à partir de la rive sud de la Méditerranée. Et alors  que les départs de migrants irréguliers de Tunisie vers l’Europe ont diminué au cours des derniers mois – en grande partie en raison de l’intervention européenne – la Tunisie reste l’un des principaux points de départ des Africains (y compris les Tunisiens) cherchant à se rendre en Europe. Et avec la vague de succès récents des partis et candidats d’extrême droite à travers l’Europe et au sein du Parlement européen, la pression européenne sur la Tunisie pour endiguer le flux de migrants, quelles que soient les conséquences humanitaires et sur les droits de l’homme, devrait augmenter, estime l’Institut italien pour les études politiques internationales (Italian Institute for International Political Studies) ISPI  .

Aujourd’hui, les relations UE-Tunisie reflètent largement celles de la période pré-2021. Le Protocole d’accord du 16 juillet 2023 aux termes duquel  l’UE a promis 1,1 milliard d’euros pour la Tunisie, couvre cinq domaines de coopération stabilité macroéconomique, économie et commerce, transition vers l’énergie verte, contacts interpersonnels, et migration et mobilité. En mars 2024, l’UE a fourni au gouvernement tunisien un soutien budgétaire de 150 millions d’euros pour aider à faire face à la crise économique croissante. Le président  de la République Kais Saied a décidé de restituer 60 millions d’euros d’aide à la Commission européenne en octobre 2023 « La Tunisie, qui accepte la coopération, n’accepte rien qui ressemble à de la charité ou à une faveur, car notre pays et notre peuple ne veulent pas de sympathie et ne l’acceptent pas quand c’est sans respect”, a tenu à faire savoir le président tunisien.

Priorités dans la relation aujourd’hui

Parmi les questions les plus urgentes dans les relations UE-Tunisie aujourd’hui figurent les migrations, le changement climatique et la sécurité. La question migratoire est devenue un enjeu majeur, Fair remarquer le think tank italien. Grâce à un financement européen, les garde-côtes tunisiens ont réussi à empêcher 53 000 migrants d’atteindre les côtes italiennes entre janvier et mai 2024, selon le ministère tunisien de l’Intérieur.
Le débat sur la migration est souvent axé sur la migration irrégulière des Africains subsahariens, mais les Tunisiens représentent un pourcentage de plus en plus important de ceux qui quittent le pays. De plus, la Tunisie connaît une fuite des cerveaux, où des Tunisiens plus instruits cherchent des opportunités de migrer vers l’Europe, soit à la recherche de meilleures conditions socio-économiques, soit pour échapper à la persécution politique croissante dans leur pays.

Le changement climatique est un domaine de coopération croissante entre l’UE et la Tunisie, note l’ISPI. La région méditerranéenne est l’une des régions les plus vulnérables au climat dans le monde et la Tunisie a subi des conséquences importantes du changement climatique au cours des dernières années, notamment une sécheresse pluriannuelle et un rationnement de l’eau. Le changement climatique exacerbe tous les défis actuels de la Tunisie – des crises économiques à la mauvaise gouvernance en passant par la migration. Alors que le gouvernement tunisien s’est, sur le papier, engagé à relever ses défis climatiques croissants, la nature hautement centralisée de la république de Saied a empêché toute action réelle et sérieuse.

Enfin, en matière de sécurité, la posture de la Tunisie s’est considérablement améliorée depuis la révolution de 2011, en grande partie grâce au soutien financier et à la formation de l’Europe et des États-Unis. L’UE a aidé la Tunisie dans sa lutte contre les menaces internes et externes. La Tunisie a également participé à la Facilité mondiale de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme de l’UE dans le but de prévenir la radicalisation. Alors que les forces de sécurité tunisiennes sont bien plus capables aujourd’hui de faire face à ces menaces qu’elles ne l’étaient au milieu des attentats de Sousse et du Bardo, ciblant les touristes européens, l’Europe reste très préoccupée par le potentiel d’une légère recrudescence de la violence, qui pourrait avoir un impact direct sur l’Europe.

 Alors que les candidats d’extrême droite ont remporté des victoires significatives aux élections législatives européennes, l’échec de l’extrême droite à s’emparer du Parlement français indique que l’Europe continuera d’être divisée sur des questions importantes pour la relation-en particulier la migration et la démocratie/gouvernance. Bien que la crainte de gains radicaux de l’extrême droite dans les compétitions politiques européennes puisse être quelque peu exagérée, la relation Tunisie-UE est susceptible d’être façonnée par la question migratoire dans un avenir prévisible. La migration est liée aux défis  que la Tunisie est tenue de relever  alors que de plus en plus d’Africains cherchent à quitter un territoire inhabitable. Cependant, les dirigeants européens donnant la priorité à la migration au détriment de préoccupations plus urgentes pour les Tunisiens, la relation pourrait finir par sacrifier le travail de longue date de l’Europe sur les préoccupations importantes du changement climatique du développement et de la croissance économique, qui sont tous, eux-mêmes, des contributeurs à la migration.

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