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Un budget qui fera grincer des dents le FMI, jeudi prochain. Menaces sur les salaires, dès janvier !

On n’en a pas encore tout le détail, mais on sait déjà que le volume mis à jour du budget de l’Etat pour 2020, que présentera le gouvernement tunisien à l’équipe du FMIjeudi prochain 8 octobre 2019, cinq jours avant un second tour, encore incertain, des présidentielles anticipées, sera pour le moins problématique.

On sait, pour l’instant et sauf nouvelle mise à jour, que le prochain budget, par ailleurs concocté par un gouvernement partant et un ministre des finances probablement en voie de retraite, sera de 46,943 Milliards DT, contre 40,861 Milliards DT en 2018. Un chiffre, qui tient compte des emprunts et avances nettes du trésor. Il sera en augmentation de 8,7 %, en comparaison avec les résultats attendus pour l’exercice 2019, et sera en équilibre fragile et précaire.

  • Tunis, l’élève indiscipliné du FMI

Le plus important dans ce budget, et qui pourrait poser problème aux équipes du FMI, sera la masse salariale. Elle devrait être de 19,030 Milliards DT, représentant un peu plus de 45,5 % du total du budget de l’Etat, contre 17,165 Milliards DT attendus pour 2019. Ceci, alors que le principal bailleur de fond, avait maintes fois appeléla Tunisie à la discipline. La Tunisie avaitmaintes fois ignoré ses conseils sur cette question du gros volume de la masse salariale, et même signé un nouvel accord, l’été dernier avec l’UGTT.

Le plus important dans ce budget, tel que cogité par le ministre des finances Ridha Chalghoum, suppose déjà des recettes fiscales de 31,493 Milliards DT. Le schéma de financement du budget 2020, est ainsi déjà bâti sur une hausse de la pression fiscale, à travers l’augmentation de 10,6 % des ressources fiscales du budget.

Quelques petits chiffres, pour expliquer la gadoue où semble vouloir trainer tout un pays, ce document, qui semble être, plus politique qu’économique, et pourrait être jugé non bancable par le FMI.

On rappelle que ce dernier avait déjà retardé la 6ème Revue financière avec la Tunisie qui devait porter approbation d’une nouvelle tranche de 450 MUSD dans le cadre du prêt de 2,9 milliards de dollars que le FMI a accordé à la Tunisie en 2016. Entretemps, l’institution financière internationale avait changé de présidente, et la Tunisie changera très bientôt de chef d’Etat, de gouvernement et de Parlement. Un changement, sur fonds de promesses électorales qui sont loin de tranquilliser les bailleurs de fonds. Le candidat que tout le monde donne pour l’instant gagnant, a pour projet de renverser toute la pyramide de gouvernance du pays, de revoir les conventions avec l’Europe, et ses partisans évoquent, sans qu’on les démentît, la nationalisation.

Ce ne sont certainement pas ces types de promesses électorales, qui encourageront les bailleurs de fonds à continuer de soutenir la Tunisie financièrement. Des sources, généralement assez bien informées, évoquent déjà une probable incapacité de l’Etat à servir les salaires, dès janvier 2020 !

  • La Gadoue, pour l’après Youssef Chahed

Sur les 46,9 Milliards DT que sera le budget de l’Etat tunisien en 2020, entre 10 et 12 Milliards DT devront aller aux remboursements de la dette, locale et étrangère. Presque 5 Milliards DT, iront immanquablement à la compensation de divers produits. Et presque 20 Milliards DT, devront aller aux salaires du secteur public. Faites le calcul et voyez ce qui restera du budget ; entre 10 et 9 Milliards DT. Suffiront-ils aux autres dépenses de l’Etat et à l’investissement qui devra produire plus d’emplois ?

Or, rien que pour les dépenses de gestions, le budget 2020prévoit 9,125 Milliards DT pour l’investissement, et 6,9 Milliards DT pour l’investissement. Le tout, sans oublier les 11,678 Milliards DT à rembourser au titre du service de la dette, en intérêts et principal.

Calculette à la main, le projet de budget 2020, est intenable et presque non bancable, sans s’endetter encore plus (11,230 Milliards DT l’an prochain, selon les informations dont nous disposons à propos du budget 2020), et sans mettre la main dans la poche d’un citoyen qui ne voit toujours le bout du tunnel des difficultés.

Le budget 2020, prévoit en effet une hausse de 10,6 % de ses ressources issues de la fiscalité, pour l’exercice 2020. Une hausse, qui sera comme une presse supplémentairesur les entreprises privées qui ne tarderont pas à mettre clé sous porte, et sur le budget du citoyen qui ne pourrait pour cela redescendre dans la rue.

Force est de constater, que l’Etat n’a pas d’autres ressources. Autre que les fiscales (Revenus pétrolier, Royalties gazoduc et autres), pour toute l’année 2019 l’Etat tunisien n’avait prévu que 3,639 Milliards DT, dont il n’a récupéré que 1,9 Milliards DT jusqu’à juillet dernier. Même pas de quoi payer la moitié des salaires d’un secteur public déjà surbooké et qui reste encore le seul moyen de résorber un chômage qui ne baisse pas (15,3 %)!

Entretemps, aucun candidat, tant aux présidentielles qu’aux législative, n’a présenté une quelconque petite proposition, pour relancer la production du phosphate, pour arrêter les difficultés sociales faites aux champs de pétrole, pour négocier avec l’UGTT une paix sociale d’au moins une année, ni pour faire revenir les Tunisien au travail et s’atteler à augmenter production et productivité.

Quant aux entreprises publiques, elles continueront à être déficitaires (notamment dans le transport), à produire toujours moins (notamment le phosphate) et à pomper l’argent de l’Etat en soutiens et autres subventions budgétaires. C’est cela la gadoue dont semblent être, complètement inconscients, tous les candidats, autant pour les présidentielles que pour les législatives !

  • Qui a pensé à un «Plan B» ?

Vu ainsi donc, le budget 2020, n’est pas plus qu’un budget courtermiste et de courte vue. Un budget qui ne tient pas compte de la nouvelle conjoncture à laquelle se prépare, irréparablementle pays. Au mieux, la Tunisie se retrouvera dans la même situation de 2014. Un Exécutif divisé en deux parties, avec un Parlement émietté et incapable de soutenir un chef de gouvernement à naître de profondes divergences, politiques, idéologiques et sociétales. Encore faut-il, comme le projetterait le candidat Kais Saïed, qu’il puisse voir le jour être voté par le Parlement.

Un budget donc, juste de survie et qui ne dessine aucune perspective d’une autre couleur que le gris.Un budget qu’on aurait pourtant aimé être accompagné d’un «Plan B». Une sorte de budget parallèle, qui tienne compte, par exemple, de possibles «difficultés» avec le FMI qui mettraient à mal les capacités financières de l’Etat à tenir ses engagements, internes et externes. Mais pourrait même mettre à mal le projet de sortie sur les marchés financiers de 800 M€. Des experts avisés, disent du FMI qu’il est la véritable agence de notation des pays et disent de la BM et de l’UE, ses followers !

Un budget-Plan B, qui esquisserait quelques mesures d’austérité et les effets de quelques douloureuses réformes à faire, et que la Tunisie aura à faire indépendamment du FMI ou de tout autre bailleur de fond. Un budget, comme une planche de salut à laquelle pourrait s’accrocher le prochain gouvernement, en attendant de mettre au point ses propres choix, politiques et économiques. Qui pourrait faire ça ?

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