AccueilLa UNEUn pas franchi et voilà les pénuries du pain !

Un pas franchi et voilà les pénuries du pain !

A quelque chose, malheur est bon. Les perturbations dans l’approvisionnement en pain, tournant, parfois, comme ces derniers jours, en véritables pénuries, ont incité les uns et les autres dans les diverses sphères, à chercher les causes réelles de ce mal tunisien, et ils ont en inventorié beaucoup.

Quoique les officiels ne l’admettent qu’à moitié et tacitement, des récents faits, cette fois, sont venus confirmer que l’une des causes réside dans  le défaut de paiement des fournisseurs de céréales étrangères importées, avant le déchargement des navires qui les transportaient.

Le site officiel de l’UGTT, relayé par quelques médias électroniques locaux, a indiqué, samedi 12 août, que  quatre bateaux transportant des céréales importés de Russie et d’autres pays, ont été déchargés jeudi dernier 10 août sur les quais du port de Sfax, ajoutant que certains de ces navires étaient restés en rade du port,  plus de trois semaines, en attendant le paiement de la cargaison.

Selon la même source, d’autres navires transportant du blé importé attendent d’être payés pour le décharger.

S’agit-il de lourdeur administrative ou de défaut de paiement liés aux difficultés rencontrées actuellement par les finances publiques et les réserves rabougries de la Tunisie en devises fortes ?

De récents rapports de presse tunisiens et internationaux ont mentionné que l’Office national des céréales a lancé des appels d’offres internationaux pour l’achat de 100 mille tonnes de blé tendre et 100 mille tonnes de blé dur, avec comme date limite de soumission des offres le 5 juillet.

Un tout dernier appel a été lancé pour l’acquisition de 25 mille tonnes de céréales.

Cependant, au-delà de ces problèmes d’importations dont l’existence autant que le règlement sont liés aux avoirs  et aux réserves en devises, des défaillances structurelles au niveau de la céréaliculture tunisienne restent, pour quelques experts, les causes principales du mal.

Comment expliquer, en effet, que la production céréalière tunisienne qui  avait frôlé 3millions de tonnes, soit l’équivalent ou presque des besoins annuels de la Tunisie, en 2002 et 2019, soit si capricieuse ?

1,6% des prêts de la BNA

Dans ce contexte, Houssam Sâad,  responsable à l’Association Alert, active en matière de transparence, entre autres, a tenu, à rappeler, tout récemment, mercredi 9 août 2023, sur les ondes de Radio Express FM « que l’Etat monopolise l’importation et la distribution des produits de consommation de base qui connaissent des pénuries ».

Concernant la question du pain et des céréales, il a souligné que la filière des céréalicultures en Tunisie fait face à des problèmes d’ordre structurel, déplorant l’absence d’une stratégie claire pour la préservation et l’utilisation massive des semences locales, au moment où l’agriculteur tunisien ne bénéficie pas de la propriété des terres agricoles, ni des services de  l’inclusion financière.

Houssam Sâad a signalé que 6% seulement de l’effort de la Banque nationale agricole, une banque publique, sont consentis à l’agriculture, principalement au profit de la production des fruits, tandis que 1,6% des prêts accordés par la BNA vont au secteur de la céréaliculture.

Au même moment, l’Office des céréales qui est déficitaire, propose à l’agriculteur tunisien des prix inférieurs aux coûts de production et aux prix des céréales importées.

Le système des quotas régissant la distribution du blé entre les minoteries n’est pas non plus équitable et favorise  le système rentier, a-t-il encore dit notant qu’une minorité épuise l’effort financier de l’Office des céréales.

Sur un autre plan, il a fustigé le clientélisme dans la fabrication du pain, signalant que le quota du boulanger en farine est d’autant plus importante qu’il est proche de l’UTICA et des structures professionnelles représentatives.

Par ailleurs, 1400 boulangeries ont cessé de fabriquer la baguette suite aux dernières mesures administratives, ce qui a affecté l’offre de pain, a déclaré Houssam Sâad, notant que l’enveloppe réservée à la subvention des produits de consommation de base durant le premier trimestre de 2023 a été inférieure à hauteur de 90% à celle allouée durant la même période de 2022, ce qui montre un recul dans les engagements sociaux de l’Etat.

Il a estimé que la Tunisie risque de recourir, cette année, à l’importation de 100% de ses besoins en blé tendre, blé dur, orge, outre une grande partie de ses besoins en semences.

Aussi, les autorités concernées au ministère du commerce et du développement des exportations devraient s’activer à conclure des accords pour l’importation de ces denrées, notamment des pays d’Amérique du Sud, en particulier le Pérou, l’Argentine et le Brésil.

La Tunisie devrait aussi prendre part aux négociations et discussions continentales et internationales pour obtenir son quota mondial en céréales et l’importer avec la diligence requise.

Production déroutée

Houssama Sâad a estimé que la spéculation dans les produits de consommation de base comme la farine et l’huile végétale subventionnée a toujours existé mais elle a tendance à régresser, ces derniers temps.

Il  a insisté sur la nécessité d’accorder une place plus importante aux semences locales et de faire bénéficier l’agriculteur de la propriété de la terre, parallèlement à l’amélioration des prix d’achat de la production céréalière auprès des céréaliculteurs.

La solution, a-t-il estimé, est de briser le système de l’économie de rente et de rompre avec la politique actuelle où l’agriculteur a été réduit à une caisse de compensation.

Justement, qu’il s’agisse de bonne ou de mauvaise année, en Tunisie, les quantités de céréales collectées ont toujours été bien en deçà des estimations des récoltes attendues. En moyenne, seule la moitié de la récolte est collectée et passe par les centres de collecte de l’Office des céréales et des privés.

Sur son site Internet, l’Office des céréales(OC) donne diverses statistiques concernant l’évolution de la collecte des céréales en Tunisie. Durant les 20 dernières années, une grande variabilité inter annuelle existe (en fonction surtout de la pluviométrie). La quantité de céréales collectées varie de 2,519 millions de quintaux en 2002 à 12,866 millions en 2019. La moyenne se situe autour de 8,5 millions de quintaux.).

On peut ainsi dire que presque le tiers de la récolte de blé dur ainsi que les 2/3 de la récolte de blé tendre échappent aux circuits officiels de collecte. Presque toute la production de l’orge ne passe pas par les circuits classiques de collecte.

S.B.H

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