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Un sommet à 4 qui n’a rien changé. L’UE propose et Saïed disposera

Sur fond d’une journée ensoleillée sans nuage et de mer bleue sur la terrasse du palais de Carthage, deux hommes et deux femmes. Kais Saïed détendu, cigarette entre les doigts dans une autre photo lorsqu’il expliquait l’origine de l’appellation «  Cap Bon ». Sa cheffe de gouvernement, toute de noir vêtue, et qui n’aurait assisté à aucune réunion et s’est contentée de raccompagner les invités à l’aéroport. La présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen, sérieuse comme une banquière lorsqu’elle annonçait ce qui ressemblerait à un « Plan Marshall » pour la Tunisie. La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, toute en rose et blanc en signe d’optimisme pour ne pas passer au plan B du blocus maritime qu’elle avait un temps brandi en menace, et le 1er ministre néerlandais Mark Rutte, toujours souriant.

–        Un All-Inclusive comme dans le tourisme bas de gamme ?

Un Quintet de chefs d’Etat et de gouvernement, dont seulement le trio européen annonçait, au bout d’une réunion dont on ne connaît pas la durée (entre une visite inopinée à Sfax et une audience avec Najla Bouden, tous dans une même matinée), un « Comprehensive Package », un paquet global, une sorte de « all-inclusive » pour le tourisme de bas prix, de 1,5 Milliard €, un peu moins que l’offre du FMI.

En fait, juste un paquet de promesses (et elles n’engagent généralement que ceux qui les croient) financières qui devait aider la Tunisie à mieux gérer le problème de l’immigration irrégulière qui n’est le souci que de l’Italie, et encourager la Tunisie de Saïed à accepter les conditions du crédit du FMI, juste pour maintenir le pays en situation bancable pour rembourser les crédits, comme perfusé pour ne pas mourir.

« Rutte est de bonne humeur dimanche après-midi après son retour du pays d’Afrique du Nord (…). Vendredi, le Premier ministre n’était que « prudemment optimiste » quant aux pourparlers avec le président Kais Saied. « Le package provisoire qui est maintenant disponible, et plus que ce que je pensais être possible à l’époque « , rapportait le journal néerlandais « De Telegraaf » qui citait Rutte.

–        C’est dit à demi-mots, mais c’est toujours du « FMI d’abord »

Dimanche à Carthage, tout le monde semblait heureux à la manière de Fernand Raynaud dans son sketch du même nom. Heureux et joyeux d’être arrivés à proposer quelque chose à ce partenaire de longue date, 1er partenaire commercial qu’on voudrait démocrate à la manière occidentale, qui n’a presque pas de sous et qui parle pourtant de « souveraineté ». Un mot pour lequel des agences, brocardées  par Saïed « امك صنافة », attribuent des  notes, et celle de sa Tunisie venait, juste la veille de la rencontre au sommet, d’être dégradée.

Il est important à ce stade, juste pour modérer l’optimisme des réseaux sociaux supporteurs du chef de tout l’Etat tunisien, de faire observer  que ce que propose la Commission européenne n’est qu’un prêt. Et t on ne sait toujours pas ses conditions, politiques et financières. C’est un prêt, un crédit en grande partie relié à des projets bien spécifiés. Ce n’est donc pas de l’argent que la Tunisie pourrait directement injecter dans le budget de l’Etat pour en corriger les ratios défaillants. Et donc aussi, un crédit LMT et non un prêt qui pourrait être déboursé dans les semaines ou les mois à venir.

–        Pas de 900 M€, sans le FMI, dixit l’UE

Le communiqué de la Commission européenne disait, en effet, textuellement « The European Commission is considering macro-financial assistance as soon as the necessary agreement is found ». Traduisez, et le choix des mots est important : « La Commission européenne envisage une assistance macrofinancière dès que l’accord nécessaire aura été trouvé ». 

Sur le site de la CE, il est clairement dit que « L’assistance macrofinancière (AMF) prend principalement la forme de prêts accordés à des conditions très favorables et avec des taux d’intérêt bas. Les prêts sont libérés par tranches. Pour obtenir les fonds, les pays doivent avoir signé un programme de financement avec le Fonds monétaire international (FMI), remplir des conditions en matière de respect des droits humains et de lutte contre la corruption, mais aussi mener des réformes démocratiques, économiques et en matière de gouvernance ».

Dans tous les cas, la réunion du Quartet de Carthage n’aura pas servi à faire avancer même d’un iota la position de Kais Saïed sur les conditions du FMI. « Le FMI doit revoir ses propositions pour parvenir à une solution », a-t-il soutenu à ce sujet.

–        Une assistance macrofinancière, toujours conditionnée par les réformes

Et c’est aussi une offre européenne, étroitement liée aux réformes, que refuse aussi Saïed. La même Reuters précisait aussi que « l’UE pourrait également fournir 150 millions d’euros d’aide budgétaire cette année « dans le cadre d’un programme de réformes », en citant le communiqué de la commission européenne.

Les réformes, le chef de tout l’Etat tunisien les a toujours récusées, refusées, balayées d’un revers de discours en brandissant le fantoche de la « Révolte, ou émeute, du pain » par les victimes du mal-développement, dans une conjoncture où « la rupture entre les transformations sociales permanentes et le gel politique qui est à l’origine des problèmes de la crise du régime » comme le disait alors Feu Mohamed Charfi.

–        Tout serait tombé dans l’eau de la mer de Carthage ?

Retour donc à la case départ, tant dans le dossier FMI, que dans le dossier de l’immigration irrégulière, les Européens ayant clairement affiché leur soutien au FMI, et fait directement le lien entre assistance financière et dossier de l’immigration, chère à l’Italie uniquement.

A Carthage, Saïed aura finalement uniquement réussi à tourner le regard du monde vers son pays, mais pas l’avoir assez apitoyé pour délier sa bourse pour faire sortir l’économie tunisienne du goulot d’étranglement sans contrepartie.

« Nous allons maintenant parler plus en détail de ces accords », aurait déclaré Rutte. Il voudrait s’attaquer davantage au « modèle commercial des passeurs de bateaux ». Des plans sont également en cours d’élaboration pour freiner l’arrivée de migrants en Tunisie, en provenance d’Afrique australe, selon des sources de presse étrangère. Mais tout cela semble pour l’instant être tombé dans l’eau de la mer de Carthage. Circulez, il n’y a rien à empocher !

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