Les états financiers arrêtés au 31 décembre 2022 de la Société Hôtelière Touristique et Balnéaire « Marhaba », laissaient voir des revenus de plus de 18 MDT, des charges d’exploitation de plus de 15,7 MDT, et un résultat d’exploitation de 2,28 MDT.
Or, après « modification comptable », dont l’effet a pourtant été nul selon le bilan certifié, le résultat net résorbait d’abord les 3,296 MDT de pertes de l’exercice 2021, et passait au vert avec un bénéfice net de … 7,5 MDT. C’est-à-dire, au même niveau que le résultat avant impôts, et grâce manifestement aux 8,070 MDT d’ « autres gains ordinaires » qui seraient des encaissements sur cession d’immeubles, et aux 1,170 MDT en revenus de placements.
On ne manquera pas de signaler, comme le font en rouge les commissaires aux comptes dans le bilan 2022, ces 21,169 MDT de total des résultats négatifs reportés, dont -14,354 MDT en amortissements différés, en hausse par rapport aux -17,872 MDT de 2021.
Notons au passage aussi que la rémunération de l’actuel Pdg de l’entreprise, tel que décidée par le conseil d’administration du 21 mai 2022, est composée d’un salaire annuel brut de 163.875 dinars payable sur 12 mensualités. Elle est ? donc, nettement plus importante que celle de l’ancien Pdg.
- Une restructuration financière qui lui a coûté ses parts à la Biat et Attijari
Selon le bilan, les années 2020 et 2021 ont été deux années très difficiles pour l’hôtel Marhaba à cause de la pandémie de Covid-19, « qui a eu pour conséquences la diminution de son chiffre d’affaires et l’augmentation de ses endettements ». Pour faire face à cette crise et assurer sa pérennité, la SHTB Marhaba a procédé en 2022 à une restructuration financière, « qui lui a permis d’apurer l’ensemble de ses dépassements et d’honorer ses divers engagements ».
Nous remarquions, à cet effet, que l’entreprise de la famille Driss de Sousse affichait des charges financières nettes de plus de 3,851 MDT pour un capital social de moins d’un million DT, de 6,411 MDT en capitaux propres.
Le plan d’action de cette restructuration s’est articulé autour des 4 axes. D’abord, la création d’une société holding détenue à 99,55% par SHTB Marhaba. Pour ce faire, outre l’apport en nature des titres ICF, la SHTB a cédé ses participations aux capitaux des banques BIAT et Attijari à ladite Holding. Cette dernière a contracté des crédits bancaires pour la valeur des dits titres et a payé SHTB suite au dénouement de la séance boursière de l’opération. La valeur totale des transactions réalisées en 2022 s’élève à 8.283.002 DT, soit une plus-value de 7.972.500 DT. La cession de la dernière tranche des titres BIAT a été réalisée au début de 2023. Ensuite, la consolidation de l’encours CMT de la SHTB auprès de la STB pour 4,8 MDT. Et encore, la consolidation de l’encours CMT de la SHTB auprès de la BIAT pour 11,5 MDT.
- Le Fisc ne lâche rien ; tu demandes, tu es contrôlé !
Le dernier axe du plan de restructuration financière a été la demande de restitution du crédit de TVA pour 3,1 MDT dont 1,4 MDT provenant de l’exploitation et 1,7 MDT émanant des investissements.
La SHTB Marhaba a reçu le 14 février 2023 l’accord de restitution du crédit de TVA provenant des investissements et d’une avance de 50% sur le crédit de TVA provenant de l’exploitation pour un montant total de 2,3 MDT. Cela lui a cependant valu l’arrivée du Fisc.
Mais trois jours plus tard, le 17 février 2023, la société recevait un avis de vérification fiscale approfondie au titre des différents impôts et taxes et couvrant la période allant du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2021. Et on découvrira, en parcourant le bilan consolidé de Marhaba, qu’elle n’est pas la seule à être dans le viseur du Fisc.
Les sociétés faisant l’objet de contrôles fiscaux sont le Marhaba qui a reçu en février dernier un avis de vérification fiscale approfondie au titre des différents impôts et taxes et couvrant la période allant du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2021, le Marhaba Beach qui a reçu dès janvier dernier un avis de vérification fiscale approfondie de la situation fiscale de la société pour la période du 01/01/2021 jusqu’au 31/12/2021, et enfin le Kuriat Palace dont le contrôle fiscal couvrait la période du 1er août 2019 au 31 décembre 2020, et pour lequel l’administration fiscale réclame 313.584 DT.
- Le Groupe de 26 entreprises à plus de 484 MDT de CA
Marhaba des Driss n’est pas qu’une entreprise. Le groupe Marhaba dont elle est la société mère est composé de 26 entreprises opérant dans le tourisme, l’industrie, l’enseignement, la santé et l’hygiène, l’immobilier, l’enseignement et même le pétrole (Tunisie Petrolium), qui dégageaient l’année dernière un chiffre de plus de 484 MDT, en hausse même de 81 %, à l’exception peut-être de l’immobilière « Sables d’or », dont les revenus baissaient de 68 % en 2022, sauf peut-être l’activité immobilière (Sables d’Or), dont les revenus baissaient de 68 %, vite compensée par l’enseignement dont les revenus passaient en 2022 à 6,8 MDT. Et c’est aussi un groupe dont les seules charges salariales dépassaient les 82,789 MDT en 2022, les charges sociales dépassaient les 11 MDT, l’impôt sur les sociétés avoisinait les 8,5 MDT, sans compter les 1,409 MDT en contribution de solidarité. « A l’exception de l’activité immobilière, la reprise des autres différents secteurs en 2022 a eu un impact important sur les revenus du groupe de 217.032.878 DT », précisaient les commissaires aux comptes.
A fin décembre 2022, les états financiers consolidés du groupe font ressortir des capitaux propres positifs de 307.680.795 DT, y compris le résultat bénéficiaire de l’exercice s’élevant à 61, 074.347 DT.
Les commissaires aux comptes du groupe n’en remarquent pas moins que « les fonds propres au 31 décembre 2022 des filiales SDT Diar Andalous, Kantaoui Bay, STYM Kuriat Palace, Buanderie Centrale et Sahara Douz, sont inférieurs à la moitié du capital social.
