En Tunisie, les actes d’agression et de violence connaissent une recrudescence inquiétante dans les établissements éducatifs et leurs environs.
Cette violence en milieu scolaire est d’autant plus préoccupante qu’elle se commet non seulement entre pairs, mais à l’encontre des enseignants également, qui sont de plus en plus exposés aux agressions physiques et verbales commises par les élèves et, fait plus grave, leurs parents.
De ce fait, la lutte contre la violence scolaire doit impliquer tous les intervenants dans le secteur de l’enfance qui, au lieu, d’éparpiller leurs efforts, doivent les orienter dans la même direction afin de conférer plus d’efficience aux mesures à mettre en place pour promouvoir l’intérêt de l’enfant et répondre à ses besoins.
Au lieu d’aménager des maisons de la jeunesse qui sont vides parce que leurs activités n’attirent pas les enfants, tous les efforts devraient être concentrés sur les moyens de développer des activités essentiellement au sein des établissements éducatifs qui répondent aux attentes des élèves en matière de loisirs, de sport, de culture(…).
Mohamed Essafi : 23 800 cas de violence enregistrés !
Le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Mohamed Essafi, a qualifié la situation dans les écoles tunisiennes de « catastrophique » en raison de l’augmentation de la violence scolaire.
Dans une déclaration fait sur les ondes de Mosaïque fm, ce lundi 9 décembre 2024, il a souligné que la violence est devenue une réalité quotidienne dans de nombreuses écoles à travers le pays, particulièrement dans les zones urbaines et les grandes villes, par rapport aux régions rurales et intérieures.
Il a insisté sur la nécessité de « tirer la sonnette d’alarme dans les établissements scolaires », estimant que la Tunisie a atteint un niveau de violence scolaire qu’il est désormais impossible d’ignorer.
Essafi a également évoqué un manque de volonté réelle pour lutter contre ce phénomène.
« Les chiffres confirment la gravité de la situation, avec 23 800 cas de violence enregistrés durant l’année scolaire 2022-2023.
Parmi ces cas, 312 ont été classés comme graves, ciblant principalement les enseignants. La violence a augmenté de 19 % entre 2023 et 2024, un indicateur qu’il ne faut pas ignorer.
La Tunisie se classe désormais au deuxième rang dans la région méditerranéenne en termes de violence scolaire, une situation qu’Essafi déplore amèrement » selon ses dires.
Il a cité des exemples de comportements violents récents dans les écoles, notamment un incident dans un établissement à Tozeur où des élèves ont apporté un serpent dans la salle de classe et l’ont posé sur le bureau de l’enseignante, créant ainsi une situation de terreur.
Quels sont les causes de cette violence ?
Essafi a expliqué que plusieurs facteurs expliquent cette violence, notamment des problèmes familiaux liés à l’augmentation des divorces, des problèmes psychologiques, ainsi que des facteurs économiques et sociaux comme la pauvreté. Il a également mentionné la criminalité autour des établissements scolaires, en particulier le trafic de drogue.
Il a également évoqué l’influence néfaste des interventions extérieures dans le domaine éducatif, notamment les plaintes faciles des parents contre les enseignants, qui sont souvent portées devant les autorités de protection de l’enfance et les forces de lutte contre la violence, ce qui contribue à fragiliser davantage l’autorité des enseignants.
Il a conclu en soulignant que le tissu social, autrefois un modèle, a beaucoup changé ces dernières années, et que la situation actuelle n’a jamais été aussi grave.