« La croissance économique devrait se maintenir sur une trajectoire ascendante quoiqu’à un rythme plus lent que celui estimé en juillet dernier. Les récentes projections tablent sur une progression du PIB, aux prix constants de 2010, de 1,4% en 2016, 2,2% en 2017 et 2,8% en 2018. Hors agriculture, la croissance s’établirait autour de 1,8% en 2016, 2,2% en 2017 et 2,6% en 2018 ». C’est ce qu’a été indiqué dans une note récente publiée par la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
La faible croissance économique attendue s’explique, selon la BCT, par les perspectives sectorielles disparates. La production agricole serait freinée par la baisse de la récolte des olives en 2017.
La production des industries exportatrices se maintiendrait sur une tendance haussière, sans pour autant revenir à son potentiel passé, en relation avec les perspectives modérées de l’activité dans la Zone Euro.
Le redressement de la production minière et chimique serait modéré et fortement tributaire de l’apaisement des troubles sociaux dans le bassin minier. Le redressement des activités dans le secteur des services marchands serait plus lent qu’attendu précédemment en raison, notamment, de la faiblesse de la demande de consommation. En revanche, le renforcement graduel de l’activité touristique devrait contribuer à un rétablissement progressif des activités de services d’hôtellerie et des activités connexes.
La contribution de l’administration publique à la croissance du PIB devrait baisser sur l’horizon de prévision, vu l’orientation du Gouvernement vers plus de
maîtrise de son équilibre budgétaire à travers, notamment, la compression des dépenses de fonctionnement. Après une contribution historique moyenne de l’ordre 0,8-1% à la croissance annuelle du PIB, on s’attend à une contribution avoisinant 0,2% entre 2017 et 2018.
La croissance potentielle a été revue légèrement à la baisse pour 2017 (de -0,1%), pour se situer au même niveau estimé pour 2016, soit 2,5%, avant de passer à 2,6% en 2018. Les perspectives d’une croissance du PIB hors agriculture au-dessous de la croissance potentielle, entre 2016 et 2017, impliquent un élargissement de l’écart de production négatif durant ladite période, avant de se stabiliser et se serrer très graduellement, en 2018, lorsque la croissance réelle dépasserait la croissance potentielle..Les risques adverses pouvant affecter négativement les prévisions semblent s’intensifier, tant au niveau international que national. Au rang des risques extérieurs, la dégradation du contexte géopolitique, demeurerait à la tête des facteurs de risques aussi bien pour la Tunisie que pour ses partenaires commerciaux. Également, le ralentissement de l’économie de la Zone Euro fait peser énormément d’incertitudes sur la croissance des exportations tunisiennes. Une détérioration de l’activité économique de nos principaux partenaires dans la Zone Euro pourrait avoir des effets de contagion sur notre production industrielle.
A l’échelle nationale, les facteurs de risques internes sont multiples (anciens et nouveaux), dont les plus importants, pour les dernières prévisions économiques, sont résumés dans les quelques axes suivants :
– La persistance du risque sécuritaire et terroriste, en relation avec la poursuite de la crise libyenne;
– Les retards accusés dans la mise en place des réformes administratives et fiscales;
-La récurrence des grèves et troubles sociaux dans les zones de production, et leur impact négatif sur l’activité à court terme (baisse de la production et perte de parts de marché) et à moyen et long terme (dégradation du climat des affaires et baisse de l’investissement)
-La baisse de la pluviométrie et le creusement du déficit hydrique pèsent sur les perspectives de la production agricole et les exportations ;
-Les pressions sur la balance des paiements et sur le taux de change du dinar demeurent importantes;
-L’affaiblissement du potentiel de la croissance économique dû au prolongement de la période de désinvestissement;
-La détérioration de la situation des finances publiques.