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L’Afrique bouge enfin ! Après le passeport continental, place à la zone de libre-échange

L’Afrique fait l’actualité en ce moment, et de la plus belle des façons. Cela nous change des idées fixes qui ont la vie dure, alimentées naguère par les incessants coups d’Etat sur le continent, le tripatouillage des Constituons pour se maintenir ad vitam æternam au pouvoir, les violations répétées des droits de l’homme, les conflits sanglants, etc. On parle de plus en plus de cette Afrique qui s’est réunie à Kigali, au Rwanda pour le 27e sommet de l’Union africaine (UA), une organisation que va réintégrer le Maroc 32 ans après l’avoir quittée ; on évoque aussi de plus en plus la zone de libre-échange continentale (ZLEC) en Afrique, une autre bonne nouvelle pour un continent au gros potentiel mais très en retard à tous les niveaux.

Ce projet, en gestation depuis juin 2015 lors du Sommet de l’UA à Johannesburg, en Afrique du Sud, a connu une avancée fulgurante en à peine un an, au point que cette ZLEC, qui était considérée il y a peu comme une chimère, un rêve fou, pourrait prendre forme dès 2017. Cette initiative, qui va s’appuyer juridiquement sur le Traité d’Abuja, ratifié en 1991, a eu une longue période de maturation, plombé par les atermoiements des chefs d’Etat africains, mais on y est ! Enfin, si toutes les parties prenantes tiennent leurs engagements.

Une voie qui s’impose d’elle-même

L’intensité de la crise économique mondiale et sa durée ont obligé les États africains à hâter le processus d’intégration africaine. Par ailleurs partout dans le monde on se structure en grands marchés (l’espace Shengen, l’ALENA, l’ASEAN…). Donc pour exister, peser dans les négociations et défendre convenablement ses intérêts, il faut prendre de l’embonpoint, élargir au maximum. Et puis il y a des succès sur le continent africain qui donnent de l’appétit. C’est le cas de l’entrée en vigueur du plus important accord de libre-échange, regroupant 26 nations issues de trois communautés économiques régionales – Comesa, CEA et SADC -, avec 530 millions d’habitants au total pour un produit intérieur brut total de 630 milliards de dollars, soit plus de la moitié de la production économique de tout le continent. Cela a démontré aux dirigeants africains, toujours très lents quand il s’agit de faire un pas important, que le potentiel est là, sous-exploité et qu’il y a beaucoup à gagner à élargir davantage la zone de libre-échange.

Le commerce intra-africain, une mine d’or

Le volume du commerce intra-africain est très symbolique, à peine 10 % des échanges sur le continent. A titre de comparaison, les échanges intra-régionaux dans la zone UE pèsent 70% dans le commerce global, 52% en Asie et 52% en Amérique du Nord. Le moins qu’on puisse dire est que l’Afrique fait pâle à côté des autres grands ensembles. C’est encore plus parlant, et effarant, quand on regarde la part du continent africain dans le commerce mondial, à peu près 2%! Tout cela rend la ZLE à l’échelle africaine encore plus impérieuse. Les experts pensent qu’un tel dispositif permettrait de booster le commerce intra-africain à hauteur de 35 milliards de dollars EU par an d’ici à 2022.

La ZLEC telle que l’ont imaginée ses initiateurs

La ZLEC fait partie des priorités de l’Agenda 2063 de l’UA. Le but à terme est de mettre en place un seul marché continental de biens et de services, de rendre effective la libre circulation des hommes d’affaires et des opérateurs économiques, inscrite dans le Traité d’Abuja, un premier jalon vers la mise en place de l’union douanière en 2022, et une communauté économique africaine d’ici 2028. Le programme est donc chargé, mais la perspective est alléchante. Bien entendu, il ne s’agit pas d’aller plus vite que la musique, il a été envisagé d’avancer progressivement en consolidant dans un premier temps l’intégration régionale par le biais du renforcement des communautés économiques régionales (CER), des organisations qui seraient à terme dissolues dans la Communauté économique africaine. De quoi changer profondément le destin des 54 nations membres de l’UA et les 8 CER que compte actuellement le continent.

Un haut fonctionnaire de la Banque mondiale avait récemment frappé l’opinion publique en révélant dans une interview au journal Quartz qu’un camion qui approvisionne des supermarchés en Afrique australe doit disposer de 1 600 documents, dont des permis et des licences, pour passer les frontières. Pourtant, la libre circulation des personnes, le droit de séjour et le droit d’établissement ont été actés par le chapitre VI du Traité d’Abuja. Telle qu’elle est conçue, la ZLEC devrait aboutir à l’élimination d’obstacles tels que l’obligation du visa qui freine la circulation des personnes et handicape l’investissement et le commerce intra-africains. La mobilité des travailleurs entre les pays africains est l’une problématiques majeures, pas seulement du fait de la mauvaise volonté et même du travail de sape des dirigeants du continent, mais également en raison, il ne faut jamais perdre cela de vue, de l’instabilité sécuritaire ou politique qui mine le continent depuis des décennies.

Ce qu’on attend concrètement de la ZLEC

La mise en place de la ZLEC permettrait au commerce et à l’industrie de jouer enfin leur rôle d’accélérateur du développement de l’Afrique. Les experts tablent sur un net accroissement de la compétitivité des produits industriels grâce à l’exploitation optimale du gros potentiel des économies dans un immense marché continental. On en attend la diversification et la transformation structurelle de l’économie africaine, une meilleure répartition des ressources, la réduction des prix dans les marchés locaux et un renforcement des protections de l’Afrique contre les chocs commerciaux exogènes. Une intégration régionale du continent devrait également tirer vers le haut les marchés régionaux, en hissant le niveau des infrastructures pour aiguiser les appétits des investisseurs et instaurer une culture de produits et services de qualité.

20 millions de dollars ont déjà été mis sur la table pour subventionner les projets initiaux de la ZLEC dans les secteurs de l’échange de biens et de services, de l’investissement et de la propriété intellectuelle. Les États membres de l’UA ont mis la main à la poche, à hauteur de 3 millions de dollars pour 2016 et 4,9 millions de dollars pour 2017.

A signaler également que le passeport électronique africain a été dévoilé le 18 juillet 2016 à l’occasion du 27ème Sommet de l’UA à Kigali, au Rwanda. Il a été mis à la disposition des chefs d’État, de gouvernement et les ministres des Affaires étrangères. Sa généralisation à tous les citoyens du continent est attendue à l’horizon 2025. Les Africains auront ainsi ce précieux sésame pour circuler librement sur le continent, en plus de leurs passeports nationaux.

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