AccueilLa UNELe Tunibor, un gros potentiel et des risques aussi!

Le Tunibor, un gros potentiel et des risques aussi!

« La contribution du Tunibor (Tunis Interbank Offered Rate) au développement du marché monétaire tunisien est certaine. D’abord, le Tunibor va s’imposer comme un nouveau benchmark pour la rémunération des dépôts et des crédits, remettant ainsi en cause la main mise du taux moyen mensuel du marché monétaire (TMM) sur l’ensemble des opérations de crédits. L’introduction d’un taux interbancaire sur plusieurs échéances de court terme permet de relooker les opérations de pricing du risque sur chaque maturité ». C’est ce qui ressort d’une étude élaborée par l’expert en économie Moez Labidi et publiée par l’intermédiaire en bourse Mac Sa.

L’expert a dans le même cadre indiqué que le lancement du Tunibor et l’introduction de nouvelles références de taux courts allant du jour le jour à 12 mois, qui en résulte, favorisent l’émergence d’une courbe de taux et renforcent l’attractivité de la place de Tunis. L’arrivée du Tunibor pourrait également dynamiser le marché des dérivés et forcer la BCT à accélérer le lancement des produits de gestion de risque de taux d’intérêt (swap de  taux, Forward rate agreement, …). « C’est à la fois, une pièce manquante dans le puzzle du risk management des banques de la place, et une opportunité de taille pour les entreprises et les particuliers dans leurs stratégies de gestion du risque de taux », a-t-il assuré.

Le Tunibor pourrait toutefois, selon lui, s’écarter en fonction du niveau de la liquidité sur le marché. L’assèchement de la liquidité pousse le Tunibor à la hausse. Et la sur-liquidité de la place serait ressentie à travers sa baisse. « Une forte hausse du Tunibor, par rapport aux taux directeurs de la BCT, serait très favorable pour les banques. Celles-ci profiteront d’une liquidité à taux faible auprès de l’autorité monétaire pour la prêter à un taux élevé (Tunibor) aux particuliers et aux entreprises », a affirmé Labidi, estimant toutefois qu’une forte hausse traduit un assèchement de la liquidité sur le marché, qui pourrait résulter d’un manque de confiance entre banques. Phénomène observé sur le marché interbancaire américain, lors de la crise des « subprimes », lorsque les indicateurs de stress financiers ont flambé (c’est le cas du TED spread) suite à la forte hausse du Libor dollar. « Une telle situation pourrait paralyser l’offre globale de crédits et précipiter un scénario de credit crunch », a-t-il expliqué.

Selon Labidi, il y a toujours un risque de manipulation du Tunibor par des banques de la place. « Quand la croissance est de retour, certaines banques, à la recherche d’une marge plus juteuse, peuvent être amenées à majorer les taux proposés afin de pousser le taux interbancaire de la place (Tunibor) à la hausse. Ou, au contraire, « lorsqu’une banque se retrouve dans une situation de fragilité financière, elle risque d’encaisser une prime de risque plus élevée (majoration du Tunibor) quand elle s’adresse aux autres banques pour demander de la liquidité. Pour éviter un tel risque, elle serait tentée de cacher sa fragilité en annonçant, lors de la procédure du calcul du taux interbancaire, un Tunibor faible pour pouvoir profiter de la liquidité à bon marché », a-t-il dit.

Il a fait remarquer par ailleurs que si de telles manipulations se limiteront à une seule banque, l’impact sur le taux de référence est quasi nul, car, dans la procédure de détermination du Tunibor de référence, les propositions de taux les plus extrêmes (à la baisse ou à la hausse) seront impérativement écartées.
Par contre, si plusieurs banques s’entendent sur la volonté de manipuler les cotations, le risque devient plus sérieux. Car une telle entente pèserait sur le niveau du Tunibor, et du coup, sur tous les contrats et les produits financiers associés (dérivés et autres).

Labidi a, dans le même contexte, indiqué que certes un pas a été franchi pour échapper aux dictats du TMM, « la place de Tunis gagnera en attractivité grâce à ce type de réforme, « néanmoins, tant que la mauvaise performance de l’économie tunisienne continue de peser sur le système financier, via le climat des affaires, la prudence doit être de mise. Car des réformes « à la va-vite» peuvent très vite devenir contre productives surtout, lorsque le régulateur brille par son excès de conservatisme et son manque de détermination pour sanctionner les dérapages », a-t-il ajouté.

Rappelons à ce propos que le Tunibor est le taux que les banques retiennent pour se prêter entre elles « en blanc ». Autrement dit, c’est un taux de référence pour les échanges de liquidités entre banques sans garantie. Les échéances du Tunibor vont d’un jour, une semaine, un mois, …., à 12 mois.

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