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Moez Labidi : « Le Brexit complique l’équation de la croissance tunisienne »

L’expert en économie Moez Labidi a accordé une interview exclusive à Africanmanager où il a indiqué que le Brexit impacte l’Europe et le Royaume-Uni à travers deux effets. Un premier effet immédiat et un autre à moyen terme.

Pour l’effet immédiat, l’expert et analyste économique a signalé qu’il est facile de l’observer à travers l’ampleur de la volatilité sur les marchés des capitaux : une baisse historique de la livre sterling qui n’a jamais été atteinte depuis plus de 31 ans, la montée en flèche du prix de l’or, pour lequel les Britanniques ont augmenté de 32% leurs achats. Sur le marché mondial, le Brexit a également provoqué un mouvement de panique puisque les investisseurs en portefeuille avaient déserté les placements et les actifs en euros et en live sterling pour se positionner sur l’or et le dollar, considérés comme des valeurs refuge. Cet effet immédiat pourrait toutefois, selon Labidi, être tempéré par les interventions des banques centrales à travers l’achat des actifs en baisse (euros, livre sterling, obligations souveraines..).

L’autre effet du Brexit est à moyen terme. A ce stade, l’analyste en économie a expliqué que le Brexit pourrait provoquer la renégociation des accords signés depuis plus de 40 ans entre l’Europe et le Royaume Uni. Les Britanniques vont également se retrouver obligés de renégocier certains accords qui les lient aux pays européens ainsi que les partenaires de l’Union européenne, notamment la Tunisie. « L’entrée dans la ré-négociation impactera négativement la croissance économique non seulement européenne mais aussi britannique parce que ce processus de ré-négociation est générateur d’incertitudes et pourra freiner l’initiative d’investissement et repousse les stratégies de consommation des ménages, d’où un effet négatif sur la croissance en Europe et au Royaume Uni.

Il a toutefois indiqué que la baisse de la livre sterling pourrait atténuer le choc sur la croissance via l’amélioration de la compétitivité des exportations britanniques. Elle pourrait aussi avoir un effet positif sur la politique budgétaire dans la mesure où la sortie de l’UE offre plus de marges aux Britanniques puisqu’ils vont arrêter leurs contributions au budget de l’UE.
S’agissant de l’inflation, Moez Labidi a fait remarquer que le Brexit ne peut qu’avoir un effet négatif du fait de la baisse du livre sterling et de l’euro, soulignant toutefois qu’au niveau de la balance courante, la sortie du Royaume Uni va entraîner la chute des exportations des services financiers vers la zone euro. Et de rappeler à ce propos que les Britanniques enregistrent un excédent de 20 milliards d’euros sur les exportations de services financiers.

Évoquant l’impact du Brexit sur l’économie tunisienne, l’expert a assuré qu’un impact positif sur le dinar a été observé : « Le dinar tunisien a profité de la baisse de l’euro pour retrouver de la couleur », a affirmé Labidi, expliquant que cela n’a pas été le cas avec le dollar qui a profité de son statut de valeur refuge.

Toutefois Labidi n’a pas caché que la sortie de la Bretagne de l’Union européenne a un effet négatif sur l’économie tunisienne via le recul de la croissance de la zone euro. Le Brexit retarde la reprise dans la zone euro et du coup le solde courant ne peut pas espérer une amélioration dans la mesure où les exportations ne pourraient pas démarrer tant que l’économie européenne tarde à présenter des signes positifs :  » Avec le Brexit, l’avenir du projet européen est menacé, et ce suite au risque de déclenchement d’un effet domino au sein de l’Europe sous l’impulsion des partis populistes de l’extrême droite qui n’ont cessé de monter dans les élections ces dernières années », a-t-il dit.

Moez Labidi n’a pas aussi manqué de dire que cette nouvelle donne pèse aussi sur les comportements des travailleurs tunisiens à l’étranger, qui vont être amenés à réduire leurs transferts vers leur pays d’origine par crainte de chômage ou de baisse des allocations familiales.

Toujours dans le contexte de la Tunisie, Moez Labidi a en outre assuré que le Brexit a un effet immédiat dans la mesure où elle restreindra le cycle de normalisation de la politique monétaire américaine (hausse du taux d’intérêt de la banque fédérale américaine), et du coup le taux d’intérêt supporté par la Tunisie sur les marchés internationaux demeure dominé uniquement par la prime de risque déjà élevée. « Le Brexit complique l’équation de la croissance tunisienne », a-t-il conclu.

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