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Tunisie : Une activité bancaire en berne et des encours de crédit moroses!

« A l’image d’une économie en berne, l’activité bancaire peine à décoller. Sur les trois premiers mois de l’année, le secteur a enregistré une légère collecte de 0,9% à 47 384MDt. Toutes les maturités ont affiché un ralentissement de la collecte, mais ce sont les ressources longues (placements à terme et certificats de dépôts) qui connaissent l’essoufflement le plus marqué ». C’est ce qui ressort d’une étude récemment réalisée par Tunisie Valeurs sur le secteur bancaire tunisien. « Face à une trésorerie de plus en plus serrée et une rémunération intéressante sur le court terme, les entreprises semblent privilégier les maturités courtes au détriment des placements stables », constate l’étude.

Malgré une légère décollecte de 0,1%, la BIAT maintient sa position de leader en termes de dépôts avec une part de marché de 17%. La banque a enregistré une baisse de 2% de ses placements à terme. Toutefois, avec une structure majoritairement constituée de dépôts à vue (49%), la collecte de la banque reste peu sensible à ce type de ressources.

Belle avancée pour la BT qui enregistre une collecte de 8,8%, la deuxième plus forte progression du secteur après l’UBCI (+11,5%). La BT semble démarrer une politique commerciale plus dynamique en 2016. « Nous ne pouvons, certes, pas juger des résultats sur un seul trimestre et attendons de voir l’impact de cette stratégie sur une année pleine. A ce stade, la banque demeure en bas de tableau avec une part de marché de 6,5% », soulignent les auteurs de la note.

Récemment convertie en banque islamique, la société El Wifack Leasing rebaptisée Wifack International Bank – WIB – vient enrichir le panel du secteur bancaire coté. Sur le premier trimestre de l’année, la banque islamique n’a pas encore démarré son activité de collecte. La banque prévoit un total des dépôts de 143MDt sur l’année pleine 2016.

S’agissant des crédits, l’étude a montré qu’Attijari Bank affiche une bonne dynamique de crédits et enregistre la deuxième meilleure croissance de la filière (+4,6%) dépassant le cap des 4 milliards de dinars. La politique de risque prudente mise en place par la banque n’a pas altéré sa réactivité commerciale. Grâce à la bonne qualité de son portefeuille (taux des créances classées de 8,7% couvertes à hauteur de 85%), Attijari a les bases nécessaires pour poursuivre sa percée commerciale.

Deuxième banque privée de la place, Amen Bank réduit la voilure, alignant un quatrième trimestre de baisse consécutive de l’encours de crédits (-4% sur une année glissante). La banque semble vouloir « digérer » la forte croissance des années phare 2007-2014 (une progression moyenne de 19% sur la période), privilégiant la qualité du portefeuille à la course aux parts de marché. Dans le cadre de son plan de transformation en banque islamique, la WIB prévoit de mettre fin aux mises en force selon le modèle conventionnel et démarrer une offre complète de Banque Islamique Universelle. Cela explique donc la baisse des encours de 4,3%.

L’évolution des encours de crédits est tout aussi morose avec une croissance 1,2% à 48 461MDt. Malgré une baisse de 4,9% des engagements, BNA maintient sa première position en termes de crédits, avec une part de marché de 13,9% à 6 732MDt. Un leadership de plus en plus contesté face à une concurrence privée plus agressive. A un rythme moins soutenu que la collecte, l’UBCI continue de gagner du terrain (+6,9%), consolidant sa part de marché à 5,3%. Avec une croissance de 4.8%, la BH signe la deuxième meilleure progression des crédits à 5 486MDt, des niveaux en ligne avec les projections affichées dans son business plan.

Concernant le PNB, boosté par la progression des commissions et des revenus de placement, le PNB de la place a enregistré sur le premier trimestre une croissance 8,3% à 709MDt. Ainsi, la part de la marge d’intérêt s’est nettement réduite, perdant 8 points de pourcentage par rapport au premier trimestre 2015 à 50,3%. Dans un contexte d’essoufflement de l’activité bancaire « classique », les banques misent sur d’autres sources de revenus pour améliorer leur PNB. Sur l’année 2016, accentuée par l’effet conjoint de la baisse du TMM et de la stabilité du TRE (Taux de Rémunération de l’Epargne) à 3,5%, on s’attend  à une poursuite de la baisse de la marge d’intérêt à l’échelle de tout le secteur bancaire.

Les fortes progressions du PNB émanent, essentiellement, des activités de placement. C’est le cas de la STB et de la BH qui voient leurs revenus de portefeuille grimper, respectivement, de 115% à 23MDt et de 51% à 18MDt. D’autres banques comme l’UIB ou la BT profitent plus d’une augmentation des commissions pour booster leurs PNB (+43% pour l’UIB à 18MDt et +19% à 12MDt pour la BT). Dans une conjoncture difficile où les bonnes signatures se font rares, l’UIB et la BT semblent jouer la carte de la prudence, focalisant leurs efforts sur les commissions, une source de revenus récurrente qui ne manquerait pas de soutenir la croissance des deux banques dans les prochaines années.

Seules Amen Bank et BNA enregistrent un recul de leur PNB (- 0,8% pour Amen Bank et -1,9% pour la BNA). L’amélioration des produits de placement et des commissions a été totalement absorbée par l’érosion de la marge d’intérêt (-16% pour les deux banques). Alors qu’Amen Bank jouit de la structure du PNB la plus équilibrée de la Place, la BNA se distingue par une plus forte exposition à l’activité de crédit (62% du PNB). La banque étatique dispose d’une importante marge de manœuvre pour diversifier ses sources de revenus et accroître sa rentabilité. A contre-courant de la tendance, l’ATB voit la contribution de sa marge d’intérêt se stabiliser à 38%, dans la continuité de sa stratégie, entamée depuis quelques années, orientée vers une activité bancaire plus classique. Une orientation qui permettrait à la banque de modérer son exposition aux activités de placement, particulièrement dans un environnement de hausse des taux. Rappelons qu’en 2015 la banque a réalisé la croissance du PNB la plus élevée du secteur (+17% à 203MDt) grâce à une progression prononcée de sa marge d’intérêt (+47% à 79MDt).

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